Les analyses réalisées post-mortem ont démontré que le conducteur, âgé de 19 ans, avait un «taux relativement important» de ce gaz euphorisant.
Plusieurs bonbonnes de protoxyde d’azote avaient été retrouvées à l’intérieur de leur véhicule. Ce mardi 9 décembre, les résultats des analyses confirment la consommation de ce gaz euphorisant par les adolescents morts à bord d’une voiture qui s’est échouée dans une piscine à Alès le 3 décembre dernier. «Deux des jeunes retrouvés morts étaient positifs au protoxyde d’azote ; le conducteur de 19 ans avec un taux relativement important, le passager avant âgé de 14 ans à un taux moins élevé», indique au Figaro le procureur d’Alès Abdelkrim Grini confirmant une information de BFMTV. Le troisième n’a pas été soumis aux analyses, car il était assis à l’arrière du véhicule.
Les premiers résultats de l’autopsie réalisée sur le conducteur avaient démontré qu’il avait également consommé du cannabis et de l’alcool. Il était connu pour des faits de stupéfiants lorsqu’il était mineur. Il est apparu que le soir du drame, les trois adolescents avaient passé la soirée à faire des «rodéos» urbains. «Ils n’ont pas arrêté de faire des allers-retours une bonne partie de la nuit. Ils sont vus en train de faire des démarrages en trombe», avait expliqué le procureur au lendemain des faits.
Le protoxyde d’azote au volant, un fléau qui profite d’un «vide juridique»
Vers minuit, leur véhicule qui circulait à vive allure est tombé «nez-à-nez» avec une voiture de police. «Ils ont été pris en chasse sur quelques centaines de mètres. Puis ils se sont engouffrés dans les quartiers et la BAC les a perdus de vue. Ça se passait sous une pluie battante, les policiers n’ont pas voulu prendre de risques inconsidérés», a ajouté Abdelkrim Grini. L’accident s’est produit une heure plus tard, aux alentours de 01h30 : la voiture a raté un virage dans une rue rendue glissante par la pluie, a enfoncé un muret et a atterri dans la piscine d’un pavillon, les roues vers le haut. Coincés, les trois jeunes gens n’ont pas réussi à s’extraire et sont morts noyés.
1 jeune sur 10 consomme du protoxyde d’azote
Les gestionnaires d’autoroutes constatent une augmentation alarmante des cartouches et bonbonnes de protoxyde d’azote abandonnées sur la voie ou sur les aires de repos, révèle la Fondation Vinci Autoroutes dans une enquête menée avec Ipsos. «Près de 1,5 tonne ont été ramassées en 2024, et l’augmentation sera d’au moins 10% en 2025», expose Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes, qui vise à sensibiliser le grand public aux risques routiers, interrogée par l’AFP jeudi.
Ces déchets, difficilement recyclables et susceptibles d’exploser, témoignent de l’usage grandissant de ce gaz normalement utilisé dans les blocs opératoires ou en cuisine. Sa vente est interdite aux mineurs et dans certains lieux depuis 2021, mais sauf arrêtés locaux, il reste légal.
Selon l’étude (portant sur 2256 personnes de 16 à 75 ans interrogées selon la méthode des quotas du 6 au 13 juin 2025), un jeune de moins de 35 ans sur dix consomme du protoxyde d’azote «occasionnellement lors de soirées» (contre 2% des 35 ans et plus) et parmi eux, la moitié l’a déjà fait en conduisant. Malgré la hausse des accidents imputés à ce gaz, la perception du risque reste insuffisante : 10% des 16-24 ans estiment qu’en consommer au volant n’est pas dangereux, selon l’étude. Pourtant, «après l’inhalation, le pic euphorisant d’une minute peut s’accompagner de vertiges, pertes de contrôle, distorsions visuelles, et même de trous noirs durant les 30 à 45 minutes suivantes», alerte Bernadette Moreau.