Par
Lisa Rodrigues
Publié le
9 déc. 2025 à 11h22
Nouveau rebondissement dans le dossier de la Bobine, salle de spectacle associative de Grenoble fermée en juin suite à de gros problèmes financiers. Le 18 septembre, en marge des manifestations du mouvement « Bloquons tout », un collectif de militants et d’associations prend possession du site pour en faire « un lieu d’organisation politique, de vie et de fête ».
Lundi 8 décembre, ce même collectif annonce par voie de communiqué avoir « reçu un arrêté municipal signé par Éric Piolle, nous annonçant une expulsion sous 48 heures« . Décision que les occupants des lieux contestent.
Une trentaine de personnes vivent sur place
Car en parallèle des événements organisés sur place, la Bobine sert aussi de refuge à une trentaine de personnes dans « un contexte de précarité et d’isolement social grandissants, où la mairie rechigne à utiliser sa prérogative de réquisition et de mise à disposition de bâtiments vides », souligne le collectif.
Mais pour la mairie, « tous les éléments sont réunis pour qu’un drame se produise sur site du fait de l’occupation actuelle. » Outre des règles de sécurité et d’accueil du public qui ne seraient pas respectées, les personnes hébergées sur place vivraient dans « un lieu inadapté » et « dans des conditions d’hygiène très dégradées ».
Des risques d’incendie, de « rixes et de violences récurrentes sur ce lieu » sont également évoqués.
Le projet de reprise de la Bobine tombé à l’eau
En parallèle de l’occupation de la Bobine, la procédure de reprise des lieux s’est poursuivie. La justice a désigné en octobre L’Autre Asso. Mais elle a dû jeter l’éponge quelques semaines plus tard, à la suite d’une polémique née d’un sondage « maladroit » sur les réseaux sociaux, où une proposition évoquait l’idée de déloger les squatteurs avec l’aide des forces de l’ordre.
Une solution qui pourrait donc finalement bien se réaliser avec l’arrêté municipal d’expulsion.
« Une expulsion sans fondement »
Des arguments que la Bobine occupée rejette en bloc. « L’arrêté d’expulsion met en avant de nombreux arguments malhonnêtes pour faire croire à un risque imaginaire pour les occupants » pour « justifier une expulsion sans fondement d’un lieu autogéré ».
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Le collectif met en avant les « nombreux équipements sanitaires » et douches qui garantissent « des conditions d’hygiène correctes » aux personnes hébergées. Et déplore que la mairie veuille « les renvoyer dans la rue en plein hiver, alors que le 115 est constamment saturé et que les services de l’État sont incapables de proposer des hébergements dignes« .
Sur les troubles du voisinage, « on ne peut qu’être obligés de rappeler que le lieu est au milieu d’un parc et accueillait, il y a 8 mois, chaque semaine plusieurs soirées et concerts. Depuis deux mois, nous constatons au contraire que le voisinage est ravi de voir ce lieu revivre. »
« Différentes propositions concrètes leur ont été faites »
De son côté, la mairie met en avant sa volonté pendant plusieurs mois « d’entretenir le dialogue » avec les occupants qui « ont investi cette propriété municipale sans autorisation et hors de tout cadre légal« .
Une proposition de déménagement des activités du collectif a été faite, il y a quelques semaines, dans un équipement partagé avec d’autres associations. « Différentes propositions concrètes leur ont été faites, tenant compte des besoins exprimés, sans que celles-ci ne soient jamais acceptées par les occupants », déplore la Ville de Grenoble.
Rassemblement mercredi matin contre l’expulsion
Dans un communiqué, la Ville assure « qu’un diagnostic social a été réalisé avec les personnes volontaires présentes sur place » pour trouver des solutions d’hébergement pour les occupants de la Bobine, « en très grande majorité des hommes seuls. Aucune famille ni aucun enfant ne sont présents sur site. »
Elle appelle également « les occupants à quitter les lieux dans le calme et dans les meilleurs délais ».
Le collectif de la Bobine occupée répond en appelant « à venir dormir massivement dans les locaux toutes les nuits, pour être nombreuses et nombreux en cas d’expulsion ». Un rassemblement est aussi prévu mercredi 10 décembre à partir de 5h30 à la Bobine.
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