Recherché après avoir été condamné en Italie en 2006, cet ex-membre de la mafia calabraise avait été arrêté en 2023 à Saint-Étienne (Rhône) où il avait refait sa vie comme pizzaïolo. Son avocat a annoncé son décès en détention à la prison de Lyon-Corbas, dimanche 7 décembre.

Son arrestation rocambolesque a fait couler de l’encre en 2023. Edgardo Greco, le « pizzaïolo mafieux », s’est éteint dimanche 7 décembre à l’âge de 66 ans dans sa cellule au sein de la prison de Lyon-Corbas, victime d’un arrêt cardiaque, a annoncé son avocat Me David Metaxas.

Cet ex-membre de la mafia calabraise avait refait sa vie en France après avoir fui l’Italie, où il avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2006. Il avait finalement été démasqué en 2023 puis placé en détention à Lyon en attendant son transfert vers l’Italie.

Dimanche, vers 8 heures, un de ses codétenus a donné l’alerte en constatant qu’Edgardo Greco faisait un malaise. Malgré l’intervention des secours, le sexagénaire, qui avait une santé « fragile » selon son avocat, n’a pas survécu. « Le massage cardiaque effectué par des gardiens, puis par les secours n’a pas permis de le ramener à la vie », a expliqué Me David Metaxas.

De mafieux à pizzaïolo

Né en 1959, Edgardo Greco a été décrit comme « l’un des pires criminels italiens » par le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Piantedosi. Fortement soupçonné d’avoir appartenu à la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, l’homme était dans le viseur des autorités après un double meurtre en 1991.

Cette année-là, en janvier, Stefano et Giuseppe Bartolomeo, des frères qui souhaitaient une plus grande autonomie et davantage de considération parmi les clans de la ville calabraise de Cosenza, sont tués à coups de barre de fer dans un entrepôt de poissons. Selon les autorités italiennes, les corps des victimes n’ont jamais été retrouvés.

Ce pizzaïolo de Saint-Etienne était un mafieux en cavaleCe pizzaïolo de Saint-Etienne était un mafieux en cavale

Lors des investigations, les enquêteurs finissent par identifier Edgardo Greco comme étant mêlé à ce double meurtre. Des années plus tard, en 2006, l’homme est condamné pour ces faits ainsi que pour une tentative de meurtre, toujours dans le cadre de cette guerre des clans.

En octobre 2006, le suspect prend la fuite à l’annonce de sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité. Après s’être installé en Allemagne, il s’établit finalement en France, à Saint-Étienne. Reconverti en pizzaïolo sous le nom de Paolo Dimitrio, Edgardo Greco travaille dans plusieurs restaurants stéphanois avant d’ouvrir son propre établissement, le Caffé Rossini Ristorante, qui fait l’objet d’un article dans Le Progrès, en 2021.

« Il était super gentil »

Alors qu’il vivait incognito depuis près de 16 ans, cette même publication le conduit à sa perte: grâce à un logiciel de reconnaissance faciale brassant de nombreuses images, notamment publiées dans la presse, les enquêteurs d’Interpol sont parvenus à identifier le mafieux sur l’une des photos illustrant l’article, puis à le localiser.

Une nuit de février 2023, vers 1h40, des policiers français passent à l’acte et interpellent le pizzaïolo en pleine rue. « L’arrestation d’Edgardo Greco permet de traduire en justice l’un des pires criminels italiens et démontre, une fois de plus, les compétences et l’engagement de nos forces de police », se félicite alors le ministre de l’Intérieur italien.

La stupeur est d’autant plus grande que ceux qui le côtoient depuis des années décrivent un homme bien sous tous rapports. « Quand j’ai compris qui c’était et que je le connaissais, j’ai été scotchée », commente à l’époque l’une de ses voisines auprès de BFMTV. « Il était super gentil, les clients le connaissaient. Jamais on n’aurait pu penser à un truc comme ça », affirme de son côté le gérant d’un restaurant qui a employé Edgardo Greco pendant un temps.

Répondant aux questions d’Actu Saint-Étienne quelques mois après son arrestation, par le biais de son avocat, Edgardo Greco confie avoir pensé qu’on l’oublierait. « Ce passé m’a rattrapé », commente-t-il. Il affirme qu’il n’a pas tué Stefano et Giuseppe Bartolomeo, reconnaissant toutefois sa proximité avec la ‘Ndrangheta.

Santé fragile

Alors qu’il était incarcéré au sein de la prison de Lyon-Corbas, la justice française a donné son feu vert pour le remettre aux autorités italiennes en 2024. Une extradition contre laquelle le mafieux se battait, redoutant des représailles dans son pays natal et demandant à purger sa peine en France. « S’il va en Italie, c’est un homme mort », abondait son avocat l’an dernier auprès de BFMTV.

« Il est mort sur le plan judiciaire, puisqu’il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, et il est mort physiquement car des gens là-bas aimeraient bien le retrouver. »

Une autopsie doit désormais être réalisée afin de confirmer la cause du décès. « Mon client était affaibli par la maladie à la suite d’un cancer et avait fait plusieurs malaises récemment. La seule satisfaction que m’inspire son décès est qu’il ne voulait à aucun prix retourner en Italie où sa vie était menacée », conclut son avocat auprès de l’AFP.