Consacrer sa vie aux autres, sans les juger. Essayer de comprendre l’origine de leurs problèmes. Apporter des solutions sans brusquer. Philippe Danaé en connaît un rayon. À 67 ans, il vient de prendre sa retraite après un demi de siècle à prendre soin des autres.
Ces 25 dernières années, c’est à l’Association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte (ADSEA 06) qu’il les a passées. Son rôle: éducateur dans le secteur de la prévention spécialisée.
« J’ai commencé en 2000 et j’ai passé 4 ans à l’Ariane, puis 15 ans aux Moulins, détaille-t-il. Cela me convenait parfaitement puisqu’il s’agissait d’entrer en contact avec les gens dans leur milieu naturel. »
Avant cela, Philippe passait 6 mois de l’année à Asie, principalement en Inde, pour des actions humanitaires et l’autre partie de l’année en France où il exerçait comme travailleur social. C’est donc naturellement qu’il a rejoint l’ADSEA.
« Une intervention douce, souple et collaborative »
« La prévention spécialisée demande du temps, explique-t-il. Il ne faut pas être dans le jugement et proposer de comprendre l’origine du comportement afin d’adopter une stratégie pour le modifier. » Le secret de Philippe, c’est « une intervention douce, souple et collaborative ». À la fois autoritaire mais toute en pédagogie. « C’est ce qui rend parfois cette action invisible, constate-t-il. Mais on applique la logique de la graine. Il faut arroser de reconnaissance et d’attention. » Il poursuit sa métaphore botanique: « Un éducateur est dans le même état d’esprit qu’un jardinier. Si on brusque la floraison, on obtient rapidement un résultat, mais pas sur le long terme. »
Pour ce « métier noble » qu’il a accompli toutes ces années, Philippe n’a pas la bouche assez grande. Pour en parler et pour exprimer sa « gratitude ». « On donne autant que l’on reçoit, assure-t-il. On a un sentiment d’utilité et j’ai eu beaucoup de chance de tous les rencontrer. »
Il n’a d’ailleurs pas prévu de tout arrêter et retourne en Asie dans quelques jours: « Je vais alterner entre mes voyages et mes activités sociales avec les associations du quartier. »
De ses années aux Moulins, Philippe garde un souvenir très ému. « J’ai un attachement certain pour ce quartier, confie-t-il. J’ai eu la chance de pratiquer une activité qui procure du sens. »