Plus de six ans après les faits, le député LFI Bastien Lachaud a comparu, mardi 9 décembre 2025, devant le tribunal de Saint-Brieuc. Aux côtés de quatre militants liés à l’association antispéciste DxE et d’un photojournaliste, il était jugé pour s’être introduit dans une exploitation porcine située à Allineuc (22), dans la nuit du 17 au 18 mai 2019. Tous étaient poursuivis pour violation de domicile. Les militants et les journalistes comparaissaient également pour divulgation d’un enregistrement obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui pour cinq d’entre eux.

« Les cochons errants vivent mieux »

Seul prévenu présent, Bastien Lachaud a été interrogé par la présidente sur son intention de pénétrer dans une propriété privée sans autorisation du propriétaire. « Je n’ai jamais eu l’impression de rentrer chez quelqu’un. Pour moi, c’était un hangar au milieu des champs avec des cochons dedans. Personne peut vivre là-dedans à part des cochons », a-t-il répondu. « C’est une propriété privée néanmoins. Ce ne sont pas des cochons errants », a relancé la magistrate. Réponse du député : « Oui, les cochons errants vivent mieux ».

Droit à l’information ou droit de propriété

Le débat a ensuite porté sur la balance entre le droit à l’information et le droit de propriété. Pour le ministère public, « le recours à un procédé pour s’introduire en pleine nuit » caractérise une violation de domicile. « Informer est un droit fondamental, mais pas avec des moyens disproportionnés comme en l’espèce », a également souligné la procureure. Notamment à cause de l’absence de précautions sanitaires des prévenus alors que le secteur était en alerte à cause de la peste porcine africaine. Elle a requis entre 1 500 et 2 000 euros, dont une partie avec sursis.

L’élevage n’est pas un domicile pour la défense

Pour Anne-Sophie Laguens, avocate de Bastien Lachaud, « il aurait été plus sage à la suite de cette enquête d’abandonner les poursuites », notamment au motif que l’élevage porcin ne pourrait pas être qualifié de « domicile ». « C’est peut-être illégal mais ce n’est pas délictuel », a-t-elle résumé.

Marie Leclerc, avocate du photojournaliste Anthony Cortes, a soutenu qu’il « était là pour faire un reportage sur un élevage parce qu’on ne sait pas ce qu’il s’y passe ». L’avocate d’un autre militant a dénoncé « les efforts du parquet pour poursuivre coûte que coûte alors que l’agriculteur aurait pu être poursuivi aussi », faisant référence à la vidéo tournée par l’association lors de l’intrusion et dans laquelle le député de Seine-Saint-Denis dénonçait les conditions d’élevage. On y voyait des porcelets gisant au sol, dont un les entrailles à l’air.

Le jugement a été mis en délibéré au 3 février 2026.