Par
Margot Nicodème
Publié le
28 avr. 2025 à 11h00
Très vite, la jeune femme s’est rendu compte que quelque chose clochait chez l’homme qu’elle venait de rencontrer via Tinder, à Lille (Nord). Fin 2023, en coupant court à la relation, vieille d’un mois à peine, elle ne se doute pas de l’enfer que va lui faire vivre cet architecte de métier. Ne digérant pas la rupture, le quadragénaire va commencer à la harceler, et surtout à diffuser sur ses réseaux sociaux une photo intime d’elle, prise à son insu. Un an et demi plus tard, c’est au tribunal de Lille que les deux anciens amants se sont revus pour la première fois, le 23 avril 2025. Il y a été donné le détail des problèmes psychiatriques du prévenu.
« Je suis encore en train de me demander ce qui m’arrive »
La plaignante, Vanessa*, et le prévenu, Romain*, sont deux parents séparés, en octobre 2023, quand ils commencent à nouer une conversation sur l’application de rencontres Tinder. L’alchimie est au rendez-vous, ils se rencontrent et entament une relation. Toutefois, la jeune femme se rend vite compte que son nouvel amant a « un problème avec le consentement », comme elle le dit au tribunal. Il publie, sans lui demander son avis, une photo d’elle et de sa fille sur ses réseaux sociaux. Il refuse, surtout, de l’enlever quand elle le lui demande.
Elle met alors fin à la relation. Romain ne comprend pas, et l’inonde alors de messages, si bien que Vanessa est contrainte de bloquer son contact. Ce n’est que peu de temps après qu’elle tombe, sur Facebook, sur une photo sur laquelle elle se reconnaît. Son ex « flirt » a ainsi posté une photo de ses fesses, qu’il a prise alors que Vanessa dormait. Sur la photo publiée en ligne, la mention « Crève salope ».
La plaignante a encore du mal à réaliser ce par quoi elle est passée, près de 2 ans plus tard : « Je suis encore en train de me demander ce qui m’arrive« , lance-t-elle à la barre du tribunal. Romain, aussi présent ce 24 avril, ne change pas sa ligne de défense : ce n’est pas Vanessa qui est nue sur cette photo, mais sa femme de ménage, avec qui il avait entamé une relation en parallèle.
« Mais vous avez harcelé Madame ? », l’interroge le président. « Je lui ai envoyé des SMS pour avoir une explication sur la fin de notre relation, mais je n’ai jamais publié de photo d’elle », répond le prévenu, imperturbable. Ces fesses postées sur Internet, ce sont celles de sa femme de ménage, aussi amante, il n’en démord pas. Elle a consenti à être photographiée nue à plusieurs reprises, elle l’a confirmé aux enquêteurs.
Et, qu’importe, finalement, qui se trouve dessus, pourquoi ne pas simplement la retirer ? « Je suis dans une démarche artistique », a répondu Romain.
Des troubles psychiatriques diagnostiqués chez le prévenu
La photo en question ne serait plus sur Facebook, mais seulement sur Instagram. Pire encore, dénonce l’avocate de la plaignante, il l’aurait imprimée « dans un format assez étendu » dans le but de la vendre dans le cadre d’une exposition. « Ce n’est pas une photo d’elle », insiste Romain. Pourtant, encore à l’audience, Vanessa dit se reconnaître formellement.
Et pour le harcèlement par messages, les insultes, le « crève salope », il avance qu’il a été diagnostiqué maniaco-dépressif, en plus de souffrir d’un trouble bipolaire. Le quadragénaire est en effet suivi par un psychiatre, qui lui attribue des « périodes maniques » lors desquelles son discernement est altéré. Il a d’ailleurs été hospitalisé en psychiatrie au terme de sa garde à vue, fin 2023. Il n’exerce plus son métier d’architecte.
Si le président dit, à un moment, penser avoir affaire à « une personne intelligente, qui sait quand elle peut sortir l’argument de la maladie psychiatrique », c’est bien les pathologies dont est atteint Romain qui prévaudront dans le rendu de décision. En effet, l’homme est « reconnu irresponsable pénalement » en raison d’une « abolition du discernement ». Il devra tout de même indemniser la victime à hauteur de 3 270 €.
*Les prénoms ont été changés
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