Un des 16 bébés atteints de bronchiolite qui ont subi un transfert hors de Paris, en Île-de-France.La bronchiolite gagne la France au pas de course cette année. © Adobe Stock

Chaque hiver, la bronchiolite revient hanter les maternités et services pédiatriques. En France, elle touche près de 30 % des nourrissons de moins de deux ans, soit près de 480 000 cas par an. Généralement bénigne, la maladie nécessite tout de même une hospitalisation dans 2 % à 3 % des cas chez les moins d’un an.

En temps « normal », le système de santé, les maternités et hôpitaux pédiatriques parviennent à absorber cette vague hivernale. Mais cette année, la vague est plus forte, plus précoce et le système, plus fébrile. L’épidémie avait déjà débuté son offensive fin octobre en Île-de-France.

Selon un récent bilan, depuis la mi-octobre 2025, l’activité liée aux infections respiratoires, dont la bronchiolite, connaît une hausse marquée, en particulier chez les tout-petits, provoquant un afflux considérable aux urgences pédiatriques. Les services sont engorgés, le nombre de lits est insuffisant, et, in fine, des nourrissons qu’on ne peut plus garder localement.

Épidémie de bronchiolite : un système de santé sur les rotules Un virus toujours aussi virulent au mauvais moment

La bronchiolite, provoquée dans la grande majorité des cas par le Virus respiratoire syncytial (VRS), est un classique des mois froids. Pourtant, l’habitude n’immunise pas le système hospitalier contre la surprise. Cette saison 2025-2026, l’épidémie est rapide, précoce et plus dense que prévu.

En quelques jours à peine, les salles d’attente se sont remplies de bébés enrhumés, gênés pour respirer, parfois alimentés difficilement. Les passages aux urgences ont suivi une trajectoire presque verticale, entraînant avec eux les hospitalisations de nourrissons, notamment les moins de six mois, les plus vulnérables.

Ce pic a très vite submergé les capacités habituelles des services pédiatriques. Rien que pour stabiliser un nouveau-né en détresse respiratoire, il faut du personnel, des équipements, un lit disponible… Et quand trop d’enfants arrivent en même temps, la mécanique hospitalière se grippe.

Un système pédiatrique en tension chronique

Si l’hôpital craque aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il était déjà fragile avant même l’arrivée du virus. Depuis des années, la pédiatrie fonctionne sous pression. Les services manquent de lits, les équipes médicales se réduisent, les départs non remplacés tirent le personnel restant vers l’épuisement. Le système fonctionne à flux tendu

Lors d’une saison « classique », les équipes tiennent la barre vaille que vaille. Elles optimisent, réorganisent, repoussent les limites. Mais cet hiver, l’afflux massif de nourrissons a mis lumière crue sur cette vulnérabilité structurelle. Et résultat, 16 bébés hospitalisés en Île-de-France ont dû être transférés vers d’autres régions, faute de lits disponibles localement.

Une décision jamais prise avec légèreté. Pour un nourrisson, le transfert est une opération délicate : ambulance pédiatrique, surveillance permanente, risque de désaturation. Pour les parents, c’est parfois des centaines de kilomètres, l’hébergement à improviser, la peur de l’éloignement.

Des poussées massives d’hospitalisations

Plusieurs milliers de bébés ont été accueillis aux urgences en quelques semaines seulement. Or, chaque hospitalisation pour bronchiolite n’est jamais anodine : prise en charge respiratoire, oxygène, surveillance continue, parfois réanimation. Quelques dizaines d’enfants supplémentaires, et tout tient encore. Quelques centaines, et le système se tend. Plusieurs milliers, et l’engorgement devient mécanique.

Les équipes médicales doivent alors prioriser, trier, accélérer les sorties lorsque c’est possible, transférer ailleurs quand plus aucun lit pédiatrique ne se libère. Les services saturent, les urgences débordent, les délais s’allongent, et chaque nouveau cas complique le précédent. L’hiver n’a pourtant pas atteint son pic maximal que les capacités franciliennes, déjà limitées, montrent leurs limites.

Bronchiolie : un arsenal de prévention sous-utilisé Beyfortus® et Abrysvo®, une protection efficace

Contrairement à un vaccin classique, le Beyfortus® agit comme une immunisation passive. On injecte directement l’anticorps protecteur, ce qui permet au nourrisson d’être protégé immédiatement et pour environ cinq mois, soit toute la durée d’une saison du Virus respiratoire syncytial (VRS).

Deux études menées par l’Institut Pasteur et Santé publique France lors de la saison 2023-2024 ont confirmé son efficacité en conditions réelles :

  • 76 à 81 % de réduction des hospitalisations en réanimation pour bronchiolite sévère à VRS.
  • Environ 5 800 hospitalisations évitées, dont près de 4 200 chez les nourrissons de 0 à 2 mois

Un impact considérable lorsqu’on sait qu’une seule hospitalisation peut monopoliser plusieurs soignants sur plusieurs jours.

Aussi, depuis 2024, une deuxième option préventive existe : Abrysvo®. Un vaccin administré aux femmes enceintes entre 24 et 36 semaines d’aménorrhée, afin de transmettre des anticorps protecteurs au fœtus et de réduire le risque de bronchiolite sévère chez le nouveau-né dans ses premiers mois de vie.

Ce vaccin maternel agit comme une barrière en amont, en complément de Beyfortus® qui protège directement l’enfant après la naissance.

Une prévention qui progresse, mais pas assez vite

La diffusion avance. 352 000 doses ont été prises en charge par l’Assurance maladie au 24 février 2025, en maternité et en ville. Un signal positif, qui montre que le système se saisit de l’outil.

Mais la couverture reste encore incomplète et trop hétérogène sur le territoire. L’information auprès des jeunes parents pourrait être renforcée, et l’accès facilité pour élargir la protection.

À SAVOIR

Lors de la saison hivernale 2022-2023, Santé publique France a recensé 73 262 passages aux urgences pour bronchiolite chez les enfants de moins de deux ans, dont 26 104 ont nécessité une hospitalisation après leur prise en charge.

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