La polémique a pris une ampleur nationale, jusqu’à faire réagir le ministre de l’Éducation. Mais il avait fait le choix de ne pas s’exprimer jusqu’ici. L’avocat Thierry Fillion, ténor du barreau, prend la parole pour défendre des parents d’élèves de l’école maternelle des Clôteaux, à Rennes. Lesquels se sont retrouvés au cœur d’une tempête médiatique après une altercation avec l’instituteur de leur fille, également directeur de l’établissement.
Le 14 octobre, l’enseignant a déposé plainte pour menace de mort et outrage sexiste. Quelques jours avant, il aurait été visé par des propos violents de la part du père. De sources syndicales, confirmées par le rectorat, ce dernier aurait réclamé que l’enfant change de classe afin qu’elle ne soit plus encadrée par un homme. Depuis, le professeur est en arrêt maladie et a reçu le soutien de ses collègues, qui demandent un transfert de la petite dans une autre école. Après une première journée de grève le 21 novembre, un nouveau préavis a été déposé pour ce jeudi 11 décembre.
« Des propos désagréables » mais pas « de menace de mort », selon l’avocat
Une présentation des faits contestée par Me Thierry Fillon, qui a accompagné les parents lors de leur audition par la police. Ils ont été entendus séparément, les 27 novembre et 1er décembre. « Monsieur reconnaît avoir élevé le ton et tenu des propos désagréables à entendre. Les parents expliquent que le ton est monté de l’autre côté aussi. Des propos ont peut-être dépassé leur pensée mais ils réfutent toute menace de mort. À la fin, la conversation s’est calmée et ils se sont serré la main ».
L’avocat bat aussi en brèche les raisons prêtées au père. Plusieurs prises de parole syndicales ont en effet placé les faits sous le signe de l’atteinte à la laïcité. Mais l’hypothèse d’un motif religieux a été écartée, d’après les déclarations du ministre de l’Éducation. Ce que tient à confirmer Thierry Fillion. « Les parents n’entrent pas dans les présupposés que certains peuvent avoir sur les familles musulmanes. Ils ne sont pas pratiquants et sont nés en France tous les deux. Aucun élément ne laisse penser qu’ils ne respectent pas la laïcité. »
Plainte contre X pour incitation à la haine raciale
Thierry Fillion n’entre pas dans le détail des causes de l’altercation, aujourd’hui au cœur de la procédure judiciaire. « En aucun cas, les parents ne refusent qu’un homme enseigne à leur fille, souligne-t-il. C’est le cas avec l’enseignant qui remplace le directeur, c’était le cas l’année dernière. Et cela n’a pas posé de problème. » D’après les sources interrogées par le Télégramme, les parents ont contesté le fait que l’enseignant accompagne la petite fille aux toilettes. « Une crainte injustifiée » de l’agression, avait indiqué le rectorat.
Reste que ceux-ci « ont le sentiment d’avoir été pris pour cibles », notamment sur les réseaux sociaux où « des gens ont réclamé leur nom », souligne Thierry Fillion. Ce lundi 8 décembre, la famille, via son avocat, a donc déposé plainte contre X pour « incitation à la haine raciale ». Le couple a par ailleurs reçu une lettre recommandée lui indiquant qu’il n’était plus autorisé à se rendre dans l’établissement. Trois enfants de la famille, au total, y sont scolarisés. Une médiation est en cours avec les services de l’académie pour trouver une sortie de crise. « C’est très violent, conclut l’avocat. Ils sont aujourd’hui désemparés ».