Alors que Donald Trump s’émerveille
publiquement devant la mignonnerie des micro-voitures, Fiat dégaine
sa Topolino pour le marché américain.

Dans une Amérique qui ne jure que par les pick-up XXL, l »annonce
de Stellantis a de quoi surprendre. La minuscule Fiat Topolino va
débarquer aux États-Unis. Ce lancement intervient, comme par
hasard, quelques jours seulement après que Donald Trump ait chanté
les louanges des Kei cars japonaises, ces micro-voitures qu’il
trouve « mignonnes ». Si Fiat assure que le projet était
déjà dans les tuyaux, le défi reste immense pour ce quadricycle
électrique limité à 45 km/h, sur un marché où la taille compte plus
que tout.

Trump craque pour les pots de yaourt

Nous sommes à la Maison Blanche, au milieu d’une réunion au
sommet entre des législateurs, des grands patrons de l’automobile
(dont Antonio Filosa, le patron de Stellantis) et le Président Donald Trump. L’homme
qui incarne l’Amérique d’abord et les gros V8 se met à parler avec
tendresse des Kei cars, ces minuscules voitures japonaises
cubiques. Et comme par magie, moins d’une semaine après cette
déclaration d’amour, Stellantis lève le doigt pour dire : “Présent !”.
Le groupe annonce l’arrivée prochaine aux USA de la Fiat
Topolino
. Officiellement, une porte-parole jure que cela
n’a rien à voir avec la déclaration d’amour de Trump et que Fiat
testait déjà l’intérêt des clients dans les salons auto, rapporte
la CNBC. On veut bien
les croire, mais le timing est d’une opportunité diabolique.

Olivier François, le PDG de Fiat et maître du marketing, a
confirmé que la « Petite Souris » (la traduction littérale de
Topolino) traversera l’Atlantique, avec plus de détails promis pour
l’an prochain. Mais attention, ne nous y trompons pas. La Topolino
n’est pas une voiture au sens classique du terme, c’est un
quadricycle électrique.
Fabriquée au Maroc, elle est
bridée à environ 45 km/h et offre une autonomie modeste de 75
kilomètres. Ce n’est pas un véhicule pour tailler la route, mais un
accessoire de mode, un objet de mobilité pour les quartiers
branchés de Miami ou les ruelles étroites de certains
centres-villes.

Un pari fou ?

Essayer de vendre des petites voitures aux Américains, c’est un
peu comme essayer de vendre des glaçons à un Eskimo. C’est
possible, mais c’est compliqué
. Le marché US est
structurellement bâti pour le gigantisme. Les infrastructures, les
places de parking, et surtout la psychologie des conducteurs sont
tournés vers le « Bigger is Better ». Se retrouver coincé
entre deux camions au volant d’une Topolino demande une certaine
dose de courage, ou d’inconscience… Pourtant, ce n’est pas la
première fois que l’on essaie. Souvenez-vous de la période
post-récession de 2009. L’administration Obama avait encouragé le
rachat de Chrysler par Fiat, précisément avec l’espoir d’importer
le savoir-faire européen en matière de petits véhicules économes.
La Fiat 500 avait alors débarqué en
2011 avec de grands espoirs. Les débuts furent encourageants, avec
plus de 43 000 ventes en 2012. On pensait alors que l’Amérique
changeait.

Mais la réalité a la peau dure. Dès que le prix de l’essence a
baissé et que l’économie est repartie, les Américains sont
retournés vers leurs premiers amours.
Les ventes de Fiat
se sont effondrées, tombant à peine à 1500 unités l’an dernier.
C’est une dégringolade qui illustre bien que la petite voiture, aux
USA, est souvent un achat de crise ou un caprice, rarement un choix
durable. Alors, la Topolino peut-elle réussir là où la 500 a fini
par échouer ? Peut-être, mais ce ne sera jamais le véhicule
principal d’un foyer texan, c’est une certitude.