Il n’est pas sorti hier, mais en vaccinologie, un vaccin qui souffle tout juste ses deux bougies est encore considéré comme neuf. En effet, il s’agit de la version actualisée du Comirnaty (Pfizer-BioNTech) ciblant le variant Omicron XBB.1.5, formule utilisée lors de la campagne de vaccination 2023–2024, France incluse. Comme à peu près tous les autres vaccins contre le COVID-19, il a subi le tsunami de fantasmes complotistes sur Facebook et TikTok ou autres fumeux échanges de comptoir. Mais comme d’habitude, de nouvelles données scientifiques viennent de montrer que ces discours fantasmatiques sont de plus en plus difficiles à avaler.
Le 3 septembre, l’Université Emory (Atlanta, Géorgie) vient justement de publier un article le concernant dans la revue Science and Translational Medicine. On y apprend que la réponse immunitaire qu’il provoque dans l’organisme est bien plus durable que celle des anciens vaccins utilisés lors des première campagnes au début de la pandémie.
Une durée d’action exceptionnelle
Contrairement aux versions bivalentes utilisées les années précédentes, cette mise à jour du vaccin est dite monovalente. Pour faire la différence entre ces deux termes, il faut d’abord comprendre ce qu’est la protéine Spike, qui est la « clé » dont le SARS-CoV-2 se sert pour ouvrir nos cellules et y entrer. Placée à la surface du virus comme de petits picots, nos anticorps s’y accrochent pour la neutraliser. Lorsque c’est le cas, la protéine ne peut plus assurer l’entrée du virus dans la cellule, l’empêchant de se multiplier et d’infecter d’autres personnes.
Les vaccins bivalents, que nous avons connus notamment en 2022 et 2023, contenaient deux versions différentes de cette protéine Spike : celle de la souche originaire de Wuhan et celle d’un variant Omicron (par exemple, le BA.4/BA.5). Étant donné que les variants étaient très nombreux et se multipliaient rapidement, cela permettait d’assurer une plus large protection de la population vaccinée.
La version actualisée ne contient qu’une seule protéine Spike, celle du sous-variant Omicron XBB.1.5, ce qui en fait donc un vaccin monovalent. L’idée n’étant pas de réduire la protection, mais au contraire de concentrer la réponse immunitaire pour qu’elle puisse atteindre sa cible plus précisément, en entraînant le système immunitaire sur un variant qui était, à l’époque, dominant dans les souches qui circulaient. Cette adaptation antigénique a visiblement permis une maturation plus efficace des anticorps, un phénomène confirmé par les résultats publiés par Emory.
Les chercheurs de l’université américaine ont démontré que les anticorps produits après une dose de ce vaccin présentent une demi-vie estimée supérieure à 500 jours. Soit plus de seize mois au cours desquels au moins 50 % des anticorps demeurent détectables. « Ces demi-vies sont environ trois fois plus longues que celles mesurées après les deux premières doses des vaccins à ARN messager », explique le professeur Mehul Suthar. Jamais un vaccin ne s’était montré aussi durable depuis le début de la pandémie.
Son autre force : sa réactivité croisée
Il est aussi capable de s’adapter à différents variants ; une reconnaissance croisée qui aurait entraîné une augmentation d’environ 2,8 fois du nombre d’anticorps dirigés contre ces deux familles virales (Omicron et la souche de Wuhan). « Avec un vaccin monovalent ciblant les souches dominantes, nous obtenons une protection plus large, contre les anciennes comme les nouvelles variantes », résume Suthar.
Malgré cette efficacité, les experts (vaccinologues, immunologues, biologistes, etc.) ne chômeront pas pour autant. Les coronavirus sont en effet connus pour leur capacité à muter avec une rapidité déconcertante, rendant indispensable la recherche de nouvelles formulations. Depuis 2020, le SARS-CoV-2 a évolué au point de compter plus de 12 700 mutations, cinq grandes souches et près de 4 000 variants, selon l’étude d’Emory.
Prolonger la durée de vie des anticorps, améliorer la reconnaissance croisée, renforcer la réponse immunitaire à long terme et maintenir une protection qui résiste aux fluctuations virales : voilà à quoi on juge la réelle utilité d’un vaccin. Cette nouvelle version du Comirnaty remplit toutes ces caractéristiques, que certains continuent de s’y opposer au nom de leurs « opinions personnelles » ne changera absolument rien aux faits. En biologie (comme dans tous les domaines scientifiques), ils l’emporteront toujours sur les convictions, et heureusement que la médecine n’a jamais attendu l’approbation du grand public pour progresser. Si tel avait été le cas, nous nous débattrions encore à lutter contre des maladies moyen-âgeuses ; ce qui serait un rappel un peu piquant que la sélection naturelle n’a jamais été bien tendre avec l’espèce humaine.
- Une étude indépendante montre que la mise à jour du vaccin Comirnaty ciblant XBB.1.5 déclenche une protection nettement plus durable que les premières versions administrées au début de la pandémie.
- Cette formulation recentrée sur une seule protéine virale induit une immunité robuste et capable de reconnaître plusieurs lignées du SARS-CoV-2.
- Malgré l’efficacité observée, le virus poursuit son évolution rapide, ce qui oblige les chercheurs à maintenir une adaptation régulière des vaccins.
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