REVUE DE PRESSE – Le champion du monde slovène a parachevé son printemps avec un succès éclatant sur Liège-Bastogne-Liège.

Tous derrière et lui (loin devant). Une image saisissante. Un cliché qui s’est accroché tout au long d’un printemps fabuleux. Le diabolique Tadej Pogacar, seul (ou presque) sur la planète cyclisme, a survolé Liège-Bastogne-Liège et conclu sa période « classiques » avant de se mettre en retrait pour préparer la suite de son programme sur les courses par étapes (Critérium du Dauphiné, puis Tour de France) avec la même voracité.

D’une régularité stupéfiante, le Slovène qui, au cœur d’un concert de louanges, suscite des questions par la répétition de ses performances a fini par banaliser l’exploit. « Son troisième succès sur Liège-Bastogne-Liège (son neuvième Monument!) est quelque chose de plus et de différent. C’est comme s’il était là et ensuite le reste du monde. Pour cette raison, la deuxième place de Giulio Ciccone doit être saluée par de grands applaudissements. Sur le podium, avec l’Irlandais Ben Healy, ils sont allés représenter les humains, une fois de plus battus par le Martien vêtu aux couleurs de l’arc-en-ciel (…) Quand Pogacar est parti, accélérant assis, il était déjà clair pour tout le monde qu’il n’y aurait pas d’histoire. Pas un tir, mais une progression avec un rapport impossible et game over (…) Tadej a atteint des géants tels que Kelly, Coppi et Girardengo et n’est devancé que par De Vlaeminck (11 succès) et bien sûr Merckx. Lors des 8 derniers Monuments, il a toujours été sur le podium et cette année dans les grandes courses d’un jour n’est jamais sorti des trois premiers. Ce ne sont que des références statistiques, mais elles nous font comprendre que nous parlons d’un phénomène dans un moment de cycle spatial. D’ailleurs, Pogacar a battu le record de moyenne de « Liège » aplatissant également les Ardennes à 41,983 km de moyenne à l’heure, comme il avait battu le record des Flandriens (44,981)… », écrit Pier Bergonzi dans La Gazzetta dello Sport.

En Espagne, Carlos Arribas raconte dans El Pais : « Les monuments, comme l’Église, écrivent leur liturgie sur la pierre et l’asphalte des vieilles routes au fil des décennies et choisissent leurs grands prêtres, qui l’exécutent magnifiquement, Van der Poel dans le Poggio de San Remo et à Mons-en-Pévèle sur Paris-Roubaix, et Pogacar, dans le Vieux Quaremont des Flandres, et ce dimanche tous ses fidèles veulent être lui, libre, attaquant, insouciant sur la Redoute, la pente des Ardennes. Comme les grands artistes, Pogacar, 26 ans, transforme le grand en routine, le coup de pédale en coup de pinceau, et étourdit le spectateur sous le soleil paresseux d’avril, son short blanc brille, les motos accélèrent pour le dépasser comme si elles voulaient ouvrir leur parade nuptiale, l’arc-en-ciel s’arrête, et ses cheveux blonds fuient le casque, et derrière sonnent des trompettes de soumission. Il est poursuivi par une escouade de 40 hommes, une alliance impossible de blessés rêvant d’être deuxièmes et dont les infatigables rebelles Tom Pidcock et Ben Healy, Alaphilippe presque ressuscité, le tenace Ciccone peinent à fuir. Dans lequel Evenepoel n’est pas, épuisé (…) » Marca souligne : « Après avoir remporté le neuvième monument de sa carrière, dominé en tant que vainqueur du Giro et du Tour, Tadej Pogacar est appelé à présider le tableau des meilleurs cyclistes de l’histoire. Nous avons donc assisté à une exposition après l’autre d’un coureur déterminé à marquer une époque du cyclisme. »

AS énumère : « Quatorze jours de compétition, sept victoires dont deux Monuments pour un total de 95 victoires à son palmarès. C’est avec ce bilan que Tadej Pogacar (26 ans) termine son premier bloc de la saison 2025, qui s’est achevé par une troisième victoire à Liège-Bastogne-Liège. Un parcours exceptionnel qui comprend des conquêtes au Tour des Emirats Arabes Unis, aux Strade Bianche, au Tour des Flandres, à la Flèche Wallonne, ce qui a provoqué la réaction amusée de Ben Healy sur le podium de la classique belge : « Quand est-ce que tu prends ta retraite ? Le Slovène a répondu en riant : « J’ai un contrat jusqu’en 2030, c’est peut-être cette année-là ». Pogi n’est pas descendu du podium lors de ce voyage printanier, puisqu’il a ajouté à ses conquêtes sa 3e place à Milan-San Remo, sa 2e place à Paris-Roubaix et sa 2e place à l’Amstel Gold Race, ce qui lui permet d’ajouter un nouveau jalon à sa carrière de plus en plus légendaire : il est le premier coureur de l’histoire du cyclisme à enchaîner six podiums consécutifs dans les Monuments. »

De quoi donner le tournis. En Belgique, Stéphane Thirion assure dans Le Soir : « Le printemps des classiques s’est achevé dans une météo presque estivale. À l’exception de la Flèche wallonne disputée dans des conditions détestables, dignes de Paris-Nice ou de Tirreno-Adriatico, passages obligés indispensables à la préparation de ces courses d’un jour, la campagne fut épargnée par les cieux, sublime surtout dans ses épilogues, ses duels, ses combats. Les meilleurs étaient là et ont occulté les autres, pourtant tout aussi vaillants. Dès les Strade Bianche, Tadej Pogacar avait annoncé la couleur et ce malgré sa seule chute de l’année (en cours). Son choix de poser toutes les classiques à son agenda était ambitieux, prometteur et donc payant puisqu’il a ajouté deux victoires en « Monument » à son palmarès, le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège. »

Quentin Finné signe dans La Dernière Heure : « Le champion du monde s’est imposé pour la troisième fois sur Liège-Bastogne-Liège dimanche, concluant une campagne des classiques au cours de laquelle il n’est jamais descendu du podium. L’image a les allures d’un parfait copier-coller. Les fesses vissées sur cette selle dont il ne se lève pratiquement jamais, Tadej Pogacar s’envole à 850 mètres du sommet de la Redoute avec la même apparente aisance que celle avec laquelle il avait décollé tous ses adversaires de sa roue quatre jours plus tôt sur les pentes du Mur du Huy. ‘’Ce n’était pourtant pas vraiment prévu de partir comme ça, à 34 kilomètres de l’arrivée, assurait le champion du monde. Je voulais surtout tester mes jambes et évaluer la situation ainsi que les forces en présence. Dans le pire des cas, si cela n’avait pas permis d’opérer une décision, j’aurais alors pu me glisser à nouveau dans la roue de mes équipiers Sivakov et McNulty, qui étaient très forts eux aussi…’’ Une analyse aux contours aussi évidents que le statut de meilleur coureur du monde actuel du Slovène. » Le quotidien ajoute : « Selon les calculs de nos confrères de Sporza, cela lui a permis d’empocher la somme de 107 250€. Sans surprise, Mathieu Van der Poel (71 000€) suit, bien aidé par ses victoires sur Milan-Sanremo, Paris-Roubaix, l’E3 et sa troisième place sur le Ronde. Mads Pedersen (52 100€) complète le podium grâce à sa victoire à Gand-Wevelgem et à ses nombreuses places d’honneur. »

En France, Alexandre Roos parle dans L’Equipe d’« un règne absolu : Pogacar, l’une des plus grandes campagnes de classiques de l’histoire. Tadej Pogacar a remporté dimanche en solitaire son troisième Liège-Bastogne-Liège, son neuvième Monument. Le Slovène est aujourd’hui le seul coureur à pouvoir étendre son emprise sur toute la saison des classiques. »