Par
Cédric Nithard
Publié le
9 déc. 2025 à 6h08
Après Place Publique et le Parti Radical de Gauche lundi dernier, le Parti Animaliste et Génération Écologie jeudi, ces derniers partageant samedi l’affiche avec les Écologistes pour Montpellier, au tour du Parti Communiste Français d’exprimer sa satisfaction quant aux politiques menées durant le mandat et sa volonté de poursuivre si jamais Michaël Delafosse venait à se représenter. En attendant la décision du maire en janvier après avoir consulté ses proches, toutes les composantes de la majorité, à l’exception du Parti Socialiste, sont désormais entrées dans la campagne municipale.
« on a fait ce que l’on a dit »
À Montpellier, les communistes sont entrés ce lundi 8 décembre dans la campagne. Et pour se faire, ils ont choisi la place Albert 1er portant comme triple symbolique d’être le point de départ des manifestations, un endroit où les gens se croisent et où passe la ligne 5 de tramway actuellement en test. Un des symboles de cette mandature que vante Hervé Martin. « Tout ce qui était dans le programme en 2020 a été réalisé. On peut être pour ou contre mais on doit au moins nous reconnaitre qu’on a fait ce que l’on a dit dans cette majorité. Ce n’est pas toujours le cas ».
Un constat largement positif pour l’élu qui balayent les critiques quant à la gestion financière de la commune. « On ne gère pas une ville comme on gère un ménage. Ceux qui racontent ça, racontent n’importe quoi. Il y a des équipements absolument fondamentaux comme le tramway, le plan école, les pistes cyclables… Oui cela coûte extrêmement cher mais est-ce que c’est pour ça qu’il ne faut pas les faire ? » tonne-t-il. Et, ne manquant pas de pointer le désengagement de l’État vis à vis des collectivités et des services publics au profit selon lui des entreprises et des ultra-riches, ce dernier interroge : « Pourquoi les collectivités locales ne peuvent pas emprunter à taux zéro auprès de la Banque Centrale ? C’est un vrai problème. 70% de l’investissement dans le pays est porté par les collectivités locales et on voudrait que l’on s’arrête ».
Hervé Martin et les appels d’offre
Ayant par ailleurs régulièrement poussé un coup de gueule lors des conseils municipaux sur le sujet des appels d’offre, Hervé Martin observe : « En interne, l’interpellation n’a pas été vaine car on se rend compte qu’il y a un vrai souci. Je ne désespère pas que l’on arrive à faire travailler sérieusement et intelligemment nos juristes sur le sujet car on voit bien que ce qui coûte cher ce sont les entreprises qui viennent se gaver ».
L’occasion pour le communiste de pousser un nouveau coup de gueule : « Je veux bien que la Chambre Régionale des Comptes viennent nous faire la leçon sur les coûts de la gratuité des transports en commun, qui est un 13e mois pour les Montpelliérains, mais je les trouve scandaleusement muets sur le pognon que viennent pomper les entreprises diverses et variées sur les marchés publics. Là, on ne les entend plus. Les marchés publics et les appels d’offre tels qu’ils fonctionnent, ce sont visiblement des ententes déguisées que personne ne veut voir et ce sont des dizaines de millions d’euros qui partent. J’aimerai que la CRC aillent bosser là où c’est nécessaire ». Un rapport sur la gratuité, contrairement à celui sur la restauration collective, qui reste en travers de la gorge de la majorité…
Au tour des communistes
De nombreux candidats étant déjà, officiellement ou non, en campagne et pointant logiquement leurs piques vers la majorité, ces différentes composantes ont donc décidé de sortir du bois et de passer à l’offensive ces derniers jours. Au tour des communistes donc. « Nous avons un défaut, c’est que nous sommes un parti organisé et structuré. Pour nous, les discussions commencent de parti à parti sur des contenus. Nous arrivons avec un contenu que nous allons mettre en débat avec les autres » soutient Hervé Martin qui, pour autant, ne fait pas de mystère : « Si l’équipe a bien fonctionné pendant six ans, c’est que l’équipe avait un capitaine qui savait faire fonctionner l’équipe. Nous souhaitons continuer à travailler dans cette équipe, élargie, avec le même capitaine. À lui de faire ce qu’il veut quand il voudra ».
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Chaque chose en son temps, donc, et le temps est aux propositions. Se positionnant en « défense des travailleurs » et brandissant le social comme fil conducteur, les communistes soumettent trois « points identitaires » que sont la paix, le logement et « le droit aux loisirs ». « C’est parce que nos villes sont à la fois les premières touchées mais aussi les premières réponses aux changements des rapports de force internationaux, nous voulons que Montpellier soit fière de défendre la paix et le dialogue, condition indispensable au progrès social » appuie Hervé Martin qui souhaite créer un monument pour la paix, intensifier la pédagogie autour de l’histoire et sur un autre plan relancer l’ensemble des jumelages, y compris celui avec Obninsk en Russie, en créer un avec une ville cubaine tout en apportant des aides pour faire face au blocus américain et amplifier les coopérations territoriales avec la ville de Bethléem en Palestine. À ce sujet, prônant une solution politique à deux états, les communistes proposent de faire citoyen d’honneur de la Ville de Montpellier et de pousser à la libération de Marwan Barghouti, figure du Fatah, emprisonné en Israël et présenté par beaucoup comme le Nelson Mandela palestinien et possible dirigeant d’un état palestinien.
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« on n’a pas à rougir »
Sur le logement, « on n’a pas à rougir » souligne Clara Gimenez. La vice-présidente de la Métropole de Montpellier déléguée à la Politique de la Ville et à la Cohésion sociale entend voir se poursuivre et accentuer les politiques en la matière. Construction de logements sociaux, encadrement des loyers, permis de louer, régulation d’Airbnb, bail réel solidaire… « Les questions de logement sont majeurs. Le logement doit être un droit et une réalité pour tous. Nous devons passer un nouveau cap » ambitionne la benjamine des conseils qui propose la création d’une agence municipale du logement réunissant l’ensemble des dispositifs pour orienter correctement locataires et propriétaires. « Cet outil doit nous permettre de capter plus de parc privé à vocation sociale et de rendre lisible toute la politique de la collectivité en matière de logement » explique Clara Gimenez qui fait de l’éradication du mal-logement une priorité en proposant notamment la réquisition de bâtiments vacants pour la création de places d’hébergement d’urgence financées par l’État, de multiplier les opérations d’habitat intercalaire ou encore de poursuivre la résorption des bidonvilles avec la même stratégie que celle initiée durant le mandat.
Troisième point sur lequel insiste ce jour les communistes avec « le droit aux loisirs », comme l’avait fait Fabien Roussel durant la campagne présidentielle rappelle Hervé Martin qui explique : « Tout travail mérite salaire et tout travail mérite aussi un loisir. Et un loisir émancipateur ». Loin d’être un détail dans un programme municipal, les Communistes y voient une manière d’ »honorer un longue histoire des luttes sociales qui ont façonné notre société ». C’est dans ce sens qu’ils propose que la Ville de Montpellier achète un bien à la montagne, la mer ou la campagne pour créer un centre de vacances et ainsi « accueillir tous les enfants de Montpellier qui ne peuvent pas partir avec leur famille et leur proposer une semaine avant leur entrée en 6e ». En imaginant également des colonies organisées par les Maisons Pour Tous et d’embaucher des moniteurs pour lesquels la collectivité aurait financé le passage du BAFA. Un centre de vacances qui selon les périodes seraient par ailleurs ouverts aux retraites, aux travailleurs précaires…
Parmi les propositions dans le domaine, ils entendent également favoriser les initiatives visant à organiser des fêtes de quartier sur le modèle du Festival des Fanfares. Étant délégué à la Ville sportive, Hervé Martin souhaitent voir se développer plus d’aménagements dans les parcs pour la pratique autonome de sport, la création de plateaux sportifs abrités, que chaque quartier soit doté d’au moins un véritable équipement sportif en imaginant un nouveau stade à la ZAC des Côteaux et également amplifier la dynamique autour de la féminisation du sport montpelliérain, du sport inclusif et adapté et de renforcer les actions des éducateurs sportifs de la ville sur des publics-cibles éloignés du sport.
Rassemblement de la gauche
Outre ces trois points, les communistes présentent un document avec des propositions sur la culture, la tranquillité publique, la mobilité durable et inclusive, la santé, l’éducation et la jeunesse, le développement économique, le développement durable ou encore l’organisation territoriale. Des contributions, qui comme celles des autres composantes de la majorité, s’inscrivent dans « la poursuite du rassemblement de la gauche le plus élargi possible et on espère que d’autres nous rejoindront encore » invite Hervé Martin en songeant principalement à Gauche Républicaine et Socialiste ou encore Humain et Dignes de l’ancienne députée échappée de La France Insoumise Muriel Ressiguier. Et même s’il ne cache pas son « incompréhension totale » concernant les Écologistes, il ne ferme pas totalement la porte à Jean-Louis Roumégas : « Ils étaient avec nous durant le mandat. Quand on voit ce qui a été fait sur un grand nombre de questions écologiques, d’essayer de faire croire maintenant que l’on ne peut pas travailler avec nous… Je pense qu’il est encore temps pour les Verts de dire qu’ils continuent avec nous mais il y a des décisions que je ne comprend pas ». Le Printemps Montpelliérain mené par le député écologiste ayant clairement fait connaître sa position et rejeté ses mains tendues.
Quant à La France Insoumise, soupçonnée de se servir des municipales comme d’un strapontin pour la Présidentielle, la porte est clairement fermée. « Ils ont décidé de taper frontalement contre des mairies de gauche, et tout type de mairie de gauche, qui changent concrètement la vie des gens » regrette Clara Gimenez tandis que Hervé Martin interroge : « Pourquoi dans certaines villes, ils proposent la gratuité des transports en commun et à Montpellier ils nous expliquent que ce n’est pas bien ? » en appelant ironiquement : « Venez avec nous camarade ! On l’a fait et on peut poursuivre beaucoup de choses ». D’autant que le communiste n’est pas peu fier et ne manque pas d’ambition collective : « Montpellier n’est pas une petite ville, c’est la 7e ville de France. La voix de Montpellier doit porter dans le débat national et, pour porter au mieux cette voix, le rassemblement de la gauche la plus unitaire est important. Plus on aura une gauche forte au pouvoir à Montpellier, plus on pourra peser sur des débats nationaux et des sujets comme le logement, la sécurité… ».
S’ils sont décidé à poursuivre avec la majorité, Clara Gimenez et Hervé Martin, à la tête chacun d’une délégations, ne se projette pas au-delà de la campagne à mener. « Comme la dernière fois : d’abord on gagne, après on voit. C’est le choix exclusif du maire, donc on verra qui est le capitaine. On a dit qui on souhaitait et le capitaine choisira ses joueurs » remettent-ils à plus tard. Quant au nombre de joueurs communistes, quatre actuellement, qu’ils pourraient légitimement revendiquer à la hausse en tant que partenaire fidèle du Parti Socialiste à Montpellier et moins problématiques que les écologistes, présents dans cette équipe en cas de victoire, « les discussions auront évidemment lieu » précise Hervé Martin qui tempère : « Nous, on part d’abord sur le fond et il a été travaillé. On n’a pas l’impression d’avoir été maltraités, nous faisons confiance aux partenaires avec lesquels nous sommes pour continuer d’être représentés à la hauteur des apports que l’on peut faire ». Des « apports » dans des domaines différents présentés ces derniers jours par ces « partenaires » qui dessinent un futur programme. À moins qu’il n’est été égrainé ces derniers jours…
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