La Métropole de Lyon transforme les eaux usées… en chauffage. Située à Oullins-Pierre-Bénite, la collectivité met en place un dispositif qui consiste à faire circuler les eaux provenant d’une station d’épuration pour chauffer, à terme, quelques milliers de logements.

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Des eaux usées qui permettent de se chauffer l’hiver et de se rafraîchir l’été ? Cela semble loufoque, mais c’est pourtant bien le procédé développé actuellement par la Métropole de Lyon. Avec Engie Solutions, la collectivité installe depuis juin dernier un dispositif bien particulier. Il s’agit de la plus grande boucle d’eau tempérée de France, construit dans le quartier de la Saulaie, à Oullins-Pierre-Bénite. L’objectif de cette centrale souterraine est de limiter les émissions de carbone et de faire baisser la facture.

On appelle cela la cloacothermie. En clair, il s’agit de la récupération de la chaleur des eaux usées. Dans les égouts, celles-ci ont généralement une température comprise entre 15 et 23 degrés.

Mieux que la climatisation classique : le réseau de froid urbain, décarboné, de la métropole lyonnaise

Sur le site de la Saulaie, les eaux usées sont récupérées quelques kilomètres plus loin, au sein de la station d’épuration. Toutes les eaux usées du sud-est de la Métropole y transitent. Captées par la centrale, elles sont filtrées avant d’être envoyées vers l’un des six échangeurs de chaleur du réseau, qui peut ensuite modifier la chaleur des fluides. 

« L’idée est de récupérer de la chaleur avec les eaux usées, car celles-ci sont à température ambiante toute l’année. La centrale est enterrée sous la place Kellermann; c’est ici qu’arrivent les eaux usées. Au sein d’un échangeur de chaleur, elles vont transmettre leur chaleur à une autre eau, via deux tuyaux distincts mis en contact. Puis l’eau chauffée est envoyée vers les logements où elle va alimenter les pompes à chaleur, et c’est une troisième eau, qui tourne dans le bâtiment en circuit fermé, qui va ensuite servir pour les chauffages et l’eau chaude sanitaire », détaille Didier Fangeat, ingénieur responsable service réseaux de chaleur et froid urbain à la Métropole de Lyon.

Le principe de la cloacothermie à Oullins-Pierre-Bénite

Le principe de la cloacothermie à Oullins-Pierre-Bénite

© Capture d’écran , site officiel de La Saulaie

La boucle d’eau couvrira 2,5 kilomètres sous de nouvelles constructions, qui seront alimentées en chauffage, eau chaude sanitaire, et en froid grâce à des pompes à chaleur et des groupes frigorifiques vers lesquels arriveront les fluides.

« C’est une solution qui a un faible impact environnemental et qui permettra aussi de faire baisser la facture progressivement. Cette solution a pu être déployée car l’on se situe à proximité d’un gros collecteur d’eaux usées, et qu’il s’agit d’un quartier neuf. Mais ce dispositif pourrait être déployé dans d’autres quartiers similaires », explique Didier Fangeat.

Les nouveaux immeubles alimentés par la cloacothermie devraient accueillir environ 2 000 habitants d’ici fin 2026, ainsi que les bureaux de 3 500 salariés.

Au sein de ces logements, 80% de l’énergie proviendra des eaux usées

Didier Fangeat, ingénieur responsable service réseaux de chaleur et froid urbain

Le projet, d’un budget de 20 millions d’euros, a été financé à hauteur de 7,7 millions d’euros par l’ADEME, qui espère également lutter contre les îlots de chaleur avec cette innovation. Le réseau devrait produire annuellement 8,5 GWh de chaleur et 2,5 GWh de froid selon l’ADEME.

Plus de 2 millions de m3 d’eaux usées pourront être réutilisés par an, l’équivalent d’une ville de taille moyenne, selon les chiffres de la Métropole. Sa mise en fonctionnement est prévue pour la fin 2026.