Le bâtiment de la chambre de commerce et d’industrie de Meurthe-et-Moselle, inoccupé depuis le transfert des formations à Laxou, a changé de mains. L’immeuble de 2 600 mètres carrés, situé dans le quartier Rives de Meurthe à Nancy, a été vendu au début du mois de novembre. L’acquéreur, pour l’heure tenu confidentiel, a été accompagné dans cette opération par l’agence nancéienne Barbas Immobilier. « C’est un beau dossier, l’un des derniers grands bâtiments publics à passer dans le privé », confie Anthony Barbas, fondateur de l’agence. « Les propriétaires communiqueront bientôt, mais on restera sur une reconversion tertiaire. »

« On a des bâtiments magnifiques, avec un vrai potentiel. »

Anthony Barbas, fondateur de l’agence Barbas Immobilier.

Cette transaction singulière s’inscrit dans un parcours entrepreneurial qui l’est tout autant. Pourtant, lorsque Anthony Barbas crée son agence en septembre 2021, le contexte n’a rien de favorable. Le marché sort difficilement de la pandémie, les contacts restent compliqués et la concurrence est forte. À 24 ans, accompagné alors de deux collaborateurs, il mise sur une approche simple alliant discipline, prospection et présence sur le terrain. « Tous les matins, on faisait de la prospection téléphonique, et l’après-midi on allait frapper aux portes. On est repassés six fois chez les mêmes habitants en quelques mois qui, parfois, nous invitaient à boire le café », se souvient-il. Une stratégie d’endurance qui permet à l’agence de se faire une place sur un marché concurrentiel.

Les débuts restent fragiles. Ses deux associés quittent l’aventure au bout de deux ans, et le jeune entrepreneur se retrouve seul à la barre. Un tournant. « Je me suis demandé comment est-ce que je pouvais me démarquer. » À partir de 2023, Anthony Barbas opère un virage en se spécialisant dans les biens atypiques, de prestige et dans l’immobilier tertiaire. Châteaux, manoirs, vignobles, hôtels, grandes propriétés… Les mandats montent rapidement en gamme. « Ce marché fonctionne à la mise en relation, à la confiance. Quand un propriétaire voit que vous travaillez déjà sur des biens de plusieurs millions, il vous ouvre la porte. J’ai réellement commencé à solliciter mon entourage lorsque j’ai souhaité m’implanter sur ce segment. » Sa première transaction ? Le manoir de la famille Puhl-Demange à Pouilly, près de Metz. « Sur recommandations. » Une propriété vendue 1,8 million d’euros.

Potentiel territorial

L’agence, composée aujourd’hui de trois personnes, gère désormais un portefeuille de mandats dépassant les 100 millions d’euros. Un volume porté par des propriétés de prestige en Lorraine mais aussi en Alsace, à Paris ou dans le Sud Est. Certains dossiers impliquent des accords de confidentialité stricts. « Dans le luxe, tout est confidentiel. Parfois il n’y a même pas d’annonce, des accords de non-divulgation sont signés. Beaucoup de propriétaires veulent vendre sans attirer l’attention. » En parallèle, le jeune homme a ouvert un pôle de gestion locative à Nancy et a créé une deuxième entreprise, Haussmann Conciergerie, dédiée à la location courte durée. Une diversification stratégique, selon lui. « Une agence doit offrir plusieurs services. La gestion apporte de la récurrence et répond à une demande croissante. »

Le développement de l’activité tertiaire est l’autre axe fort de l’agence. L’entrepreneur accompagne régulièrement des acheteurs sur de grands ensembles de bureaux de plusieurs milliers de mètres carrés. Certains projets pourraient accueillir, à terme, une école parisienne cherchant à s’implanter à Nancy ou encore un hôtel haut de gamme. « On a des bâtiments magnifiques, avec un vrai potentiel. Il faut leur trouver des projets cohérents et durables pour le territoire. »

Malgré son jeune âge, Anthony Barbas revendique une vision ancrée localement. Il observe un marché en pleine mutation, marqué par les restructurations d’entreprises et la mise en vente de grands actifs. « C’est une période charnière. L’enjeu, c’est d’attirer de nouveaux acteurs pour éviter que ces bâtiments restent vides. » L’entrepreneur dit vouloir contribuer à ce mouvement, en continuant de développer son agence tout en valorisant les opportunités du Grand Est. « Ce territoire a du potentiel. À nous de montrer ce qu’on peut en faire. »