Par
Adrien Filoche
Publié le
10 déc. 2025 à 7h11
; mis à jour le 10 déc. 2025 à 7h10
« Près de 1000 euros en deux mois. » Voilà la somme qu’estime avoir dépensé Julien en stationnement. Entre le 18 novembre 2023 et le 19 janvier 2024, cet habitant d’Elbeuf a rendu visite à son père, hospitalisé en soins intensifs au CHU de Rouen. « Je me suis rendu chaque jour à l’hôpital. J’ai également été rappelé plusieurs fois en pleine nuit pour prendre des décisions médicales », raconte-t-il auprès de 76actu. À chaque visite, parfois deux ou trois fois dans la même journée, il se gare pendant plusieurs heures au parking P3 du CHU afin de se rendre au chevet de son père. « On est dans des moments déjà difficiles, alors on veut faire au plus simple », souligne-t-il. Et puis, lorsque l’on fait les comptes, on constate que la facture est salée. Julien est loin d’être le seul à avoir vécu cette situation.
Pour se garer au CHU de Rouen, la facture est salée
Sandrine, habitante de l’Eure, partage la même expérience. « Mon père a été hospitalisé en soins intensifs, puis en pneumologie entre mars et avril 2025 pendant un mois et demi. Je ne vous raconte pas la facture à la fin », témoigne-t-elle.
Auprès de son travail, elle parvient à s’arranger afin de pouvoir lui rendre visite chaque après-midi. « Généralement, j’y étais entre 14 et 18 heures. C’est très difficile de trouver une place, alors j’étais obligé de prendre le parking la plupart du temps », poursuit l’Euroise. Comme Julien, elle n’a pas pris le temps de faire le détail de la somme totale déboursée. Il faut dire que ce n’est pas la première chose à laquelle on pense lorsque l’un de nos proches est malade.
Mais pour autant, la facture reste conséquente et difficile à avaler. Dans le cas de Sandrine, si on prend une moyenne de quatre jours de parking par semaine à raison de quatre heures (8,60 euros) par jour sur une durée de six semaines, on tombe sur un total 206,40 euros.
Autre témoignage, celui de Marie. Elle indique que sa fille est née en juillet et qu’elle a été hospitalisée les deux premières semaines d’août, puis quelques jours en septembre où « nous avons appris un diagnostic de maladie génétique qui engendre un suivi assez régulier au CHU ».
Depuis le mois de septembre, j’ai des trajets réguliers pour le CHU. Lors des hospitalisations, mon conjoint a également utilisé le parking. Cela représente un coût assez important. Encore hier, j’ai dû passer la matinée sur place (entre 9 et 12 heures) et la facture affiche 7,40 euros.
Marie
Elle l’assure, « le cumul depuis le mois d’août est vraiment conséquent. Il est dommage que le tarif soit si élevé, surtout quand on vient régulièrement pour du suivi ».
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Pour se garer au CHU, le parking Effia P3 propose une tarification unique, que l’on soit patient, visiteurs ou autre. Les tarifs vont de 0,60 centime pour 30 minutes à 17,10 euros les 24 heures. 15 minutes de stationnement sont gratuites, quand il faut débourser 6,30 euros pour 3 heures et 13,10 euros pour 6 heures. Des forfaits (illimités par jour et par mois) sont également à disposition mais sont soumis à conditions, selon les places disponibles.
Julien, Sandrine et Marie (et ils sont loin d’être les seuls) déplorent les tarifs du parking, pour des visites qui sont obligatoires et qu’ils auraient préféré ne pas avoir eu à faire.
« Le parking du CHU devrait être gratuit »
Sandrine, Julien et Marie ont tous les trois répondu à notre appel à témoignages lancé le 3 décembre 2025 sur Facebook. Preuve que le sujet résonne particulièrement au sein de la population, nous avons reçu plusieurs centaines de témoignages.
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Parmi les commentaires, on retrouve celui de Chloé : « Étant en parcours PMA sur le CHU de Rouen, j’ai des coûts de parking importants suite à mes rendez-vous réguliers. C’est exorbitant le prix du parking ». Régine, elle, explique avoir été hospitalisée entre avril et juillet 2022, « il m’est arrivé bien des fois de passer des jours entiers sans visite, ne voulant pas faire subir à mes proches et amis le paiement de ce foutu stationnement », raconte-t-elle.
Des élus veulent rendre les parkings des hôpitaux gratuits
Depuis le 15 janvier 2025, les parkings de l’hôpital de Cavale Blanche et de l’hôpital Morvan à Brest sont devenus payants. Plus de 25 000 signatures ont été récoltées pour réclamer le retour à la gratuité. Pierre-Yves Cadalen, député La France insoumise du Finistère, a dénoncé cette décision. L’élu a déposé en novembre 2025 une proposition de loi visant à garantir la gratuité totale des parkings des établissements publics de santé.
En mars 2024, le groupe Rassemblement national, avait déjà déposé une proposition de loi visant à interdire la mise en place de parkings privés pour les hôpitaux. Le Parti socialiste s’est aussi emparé de la question. Stéphane Hablot, député socialiste de Meurthe-et-Moselle, porte lui aussi une proposition de loi visant à instaurer la gratuité des parkings des hôpitaux publics pour les patients, les visiteurs et les employés sur leur temps de travail.
De son côté, Isabelle martèle que « le parking du CHU devrait être gratuit. Les patients ne choisissent pas d’y aller. Cela peut être dissuasif de s’y rendre ». Elle est soutenue par Léonor qui justifie que « le CHU de Rouen est un établissement public, non ? Le stationnement devrait l’être aussi ».
Jenifer, elle, confie s’être fait opérer au mois de mai d’une tumeur cérébrale : « Mon mari est venu toute la journée. Je suis rentrée en soin intensif et il est resté avec moi jusqu’au soir. Juste pour cette journée, il en a eu pour 28 euros, plus les jours d’hospitalisation ».
Le CHU défend « des tarifs corrects »
Interrogé, le CHU rappelle que la problématique du stationnement à l’hôpital ne date pas d’aujourd’hui. Pour pallier le problème, l’établissement de santé indique avoir œuvré sur l’extension du parking déjà existant. Depuis le début d’année 2025, le parking P3 dispose ainsi d’une extension comprenant plus de 600 places supplémentaires.
Pour l’offre de stationnement au CHU de Rouen, le délégataire choisi pour 20 ans est Effia. Enfin, en ce qui concerne les places de parking à l’intérieur du site (cela ne concerne pas le P3), les tarifs sont volontairement élevés afin d’éviter les stationnements de longue durée. « Ce sont des places plutôt destinées au dépose-minute », justifie le CHU.
La seule solution pour permettre aux gens de se garer, c’était de créer davantage de places de parking. La problématique au CHU, c’est qu’on ne pouvait pas se garer. Depuis janvier, nous avons des nouvelles places. Il y a une offre supérieure à ce qui avait été fait auparavant. Le parking est moderne et offre de meilleurs services.
Le CHU de Rouen
Concernant les tarifs, l’établissement défend : « Le parking propose des places de parking à des prix corrects, identiques à ceux que l’on retrouve en ville. Depuis l’extension du P3, il n’y a plus cette problématique de stationnement ».
À noter par ailleurs que le CHU récupère un « petit pourcentage » sur l’argent du stationnement. « Cet argent est réinjecté dans les soins et le fonctionnement de l’hôpital », précise l’établissement, indiquant que cette somme demeure minime dans l’enveloppe totale de l’établissement.
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