L’émancipation de Victoire, une épouse modèle qui, en 1908, est sous le joug de son mari, interprété par Swann Arlaud, et de son environnement bourgeois vous a particulièrement parlé ?

Victoire est, comme l’indique le titre, dans sa condition, c’est-à-dire qu’elle a été élevée dans la bourgeoisie, ses codes et qu’elle n’a presque pas accès à son inconscient. Elle n’a pas cerné son désir, ni ses rêves, et n’a même pas pu se connecter à son intuition. Cette femme est donc assez opaque au départ et petit à petit, par le bouleversement des événements, de l’altérité, va rencontrer l’autre, mais d’abord se rencontrer elle-même. Ce cheminement était difficile, je me suis demandé par quel biais il fallait que j’entre dans le personnage. Parfois il fallait que je n’en donne pas assez, puis que j’en donne beaucoup… Soit un maillage très précis sur la propre conscience qu’on a de soi. Donc oui, je vois dans ce rôle un parcours d’émancipation, mais intime, très ténu, très discret, c’est vraiment de la dentelle.

Le fait qu’il s’agisse d’un film d’époque a-t-il aussi influé dans votre jeu et poussé à voir cette émancipation comme différente de celle vue dans À mon seul désir, où Aurore se déco