Par
Rédaction Paris
Publié le
10 déc. 2025 à 10h35
Après la révélation de faits de maltraitance dans le foyer Jenner à Paris où des salariés ont rasé la tête d’Eliott, 8 ans et filmé la scène, le parquet a annoncé avoir ouvert une enquête pour « violences volontaires ». La Défenseure des droits Claire Hédon a de son côté annoncé « s’autosaisir ».
Des « fins évidentes d’humiliations »
Grâce aux informations diffusées par franceinfo, la section « parquet des mineurs » a ouvert une enquête « du chef de violences volontaires sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité », a précisé le parquet, sollicité par l’AFP.
Selon la Ville de Paris, ces faits « gravissimes » se sont déroulés en février 2025 au foyer éducatif Jenner, géré par l’association Jean-Coxtet et qui accueille des mineurs et jeunes majeurs placés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) dans le 13e arrondissement de Paris. C’est dans cet établissement que les faits sont « susceptibles d’avoir été commis », selon le ministère public.
« Nous allons nous autosaisir de cette situation », a déclaré sur RMC Claire Hédon, la Défenseure des droits et cheffe de l’autorité indépendante chargée de veiller au respect des droits. « Il y a l’acte lui même qui est effectivement monstrueux, il y a le groupe Whatsapp (sur lequel la vidéo a été diffusée, ndlr) avec quasiment personne qui réagit sauf une éducatrice, on ment à la maman, c’est toute cette chaîne qui a dysfonctionné ».
L’incident implique des employés ayant pris la décision de raser le crâne d’un enfant placé sous leur responsabilité, tout en le filmant à des « fins évidentes d’humiliations », d’après la Ville. Sur ces images, l’enfant apparaît torse nu, assis sur une chaise les bras croisés, tandis qu’une personne lui rase la tête à l’aide d’une tondeuse.
« Du sauve qui peut »
L’avocat de la famille, Axel Delaunay-Belleville, s’étonne que la collectivité n’ait communiqué que mardi 9 décembre 2025 qu’elle était informée « depuis septembre », affirme-t-il. « Quand la mairie de Paris pond un communiqué mardi matin en expliquant qu’ils mènent des investigations, enfin, on est en décembre ! C’est du sauve qui peut », a-t-il déploré auprès de l’AFP, en ajoutant que la mère du garçon allait déposer plainte « dans les prochains jours ».
« L’association est profondément choquée par les agissements inappropriés commis à l’égard de cet enfant et qui sont complètement contraires aux valeurs qui sont les siennes », a réagi la structure gestionnaire. « S’agissant de la direction générale de l’association, elle n’a été informée des faits que fin mars 2025 et a ignoré jusqu’en septembre 2025 l’existence d’une vidéo et les conditions de sa diffusion dans le groupe WhatsApp », a-t-elle précisé.
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« Abasourdie » et « écœurée »
« L’ASE n’est pas là pour abîmer. Elle est là pour protéger. Un enfant confié doit être traité avec une dignité absolue », a pour sa part réagi la haute-commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry.
De son côté, Isabelle Debré, la présidente de l’association l’Enfant bleu, qui lutte contre la maltraitance des enfants, s’est dite « abasourdie » et « écœurée ». « C’est hallucinant de cruauté et c’est une humiliation terrible pour cet enfant. Ce qui est très choquant, c’est le fait que ça a été partagé sur les boucles WhatsApp, partagé entre professionnels », a-t-elle réagi auprès de l’AFP.
Des risques de violences déjà signalés
Dans un rapport rendu le 1er avril 2025, la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance avait alerté sur un système « qui craque de toutes parts », pointant l’existence d’une « violence institutionnelle » exercée parfois directement par des professionnels au contact des enfants.
Le rapport déplorait notamment l’absence de « règle minimale d’encadrement » dans les foyers ainsi que des contrôles encore « beaucoup trop lacunaires » pour protéger les près de 400 000 mineurs concernés par une mesure d’aide sociale à l’enfance en France.
Avec AFP.
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