Malgré «l’incertitude politique», l’économie française fait preuve de résilience, constate le gouverneur de l’institution, François Villeroy de Galhau.
La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l’année prochaine, a indiqué ce mercredi 10 décembre le gouverneur François Villeroy de Galhau, sur Europe 1 et CNews. Lors de la publication prévue le 19 décembre, «nous allons remonter un peu notre prévision de croissance pour cette année et pour l’année prochaine. Nous étions à 0,7% pour cette année, à 0,9% pour l’année prochaine», a-t-il indiqué en ajoutant qu’il ne pouvait pas encore donner de chiffres.
L’Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025. Un rare optimiste justifié par les remontées positives du terrain. Les chefs d’entreprises interrogés par la Banque de France «confirment que l’économie française résiste plutôt mieux qu’on ne pourrait le croire à l’incertitude politique» et aux va-et-vient sur le budget, relaie François Villeroy de Galhau.
Attention à ne pas se réjouir trop vite, prévient-il : «On a évité la récession, mais même si on allait à 1% de croissance, ça ne suffit pas. C’est de la résilience.» «L’économie, l’activité, résistent malgré cette incertitude» politique estime le gouverneur qui rappelle qu’il y a un an «beaucoup craignaient une récession», qui a été évitée.
«Il y a une estimation assez convergente qui dit qu’au total, l’incertitude nationale plus internationale nous coûte à peu près 0,5 point de croissance (…) et que la part nationale là-dedans, c’est au moins 0,2. Donc, si on arrivait à sortir avec une stratégie budgétaire et une stabilisation politique, on peut espérer gagner 0,2%», selon le gouverneur.
Le vote du budget de la sécurité sociale mardi «je relève simplement que c’est une étape franchie», «c’est pas du tout la fin de ce chemin», a insisté François Villeroy de Galhau. Les députés ont adopté de peu mardi le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026. Les discussions sur le budget de l’État se poursuivront en janvier si le Sénat et l’Assemblée ne parviennent pas à un accord, a annoncé mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, excluant de facto le recours au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote.
«Baisser suffisamment le déficit total»
Le gouverneur de la Banque de France a aussi rappelé mercredi qu’«on ne sait pas aujourd’hui si on va arriver à baisser suffisamment le déficit total». «On part de 5,4% du PIB, du poids de notre économie, pour ce déficit total. Il faut être à 3% dans quatre ans (…) Donc, si on doit faire ce chemin en quatre ans, il faut faire le quart du chemin la première année. C’est pour ça que moi, j’ai plaidé un déficit à 4,8% l’an prochain». Le gouverneur «croit qu’il reste très important d’être aussi proche que possible de ce chiffre de 4,8%», à la fois «pour sortir de l’étouffement progressif par la dette, parce que les intérêts de la dette prennent de plus en plus notre marge de manœuvre», et puis «pour ramener la confiance».
Le ministre de l’Économie et des Finances Roland Lescure a pour sa part dit mercredi sur RTL souhaiter toujours que le déficit public (État, sécurité sociale et collectivités locales réunis) soit à «5% (du PIB) et pas au-dessus» en 2026. Cela implique que l’État renfloue les caisses de la Sécurité sociale de 4,5 milliards d’euros après le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, celui-ci aggravant le déficit de la Sécu par rapport au projet initial du gouvernement. Roland Lescure considère que le vote la veille du budget de la Sécurité sociale, avec un déficit alourdi, faisait «remonter d’un cran» la difficulté d’obtenir un vote du budget de l’État, qui va devoir compenser.