La Bobine, ancien lieu culturel de Grenoble, a été évacuée, ce mercredi 10 décembre au matin, par les forces de l’ordre. Une trentaine de militants et de sans-abris ont été obligés de quitter les lieux qu’ils occupaient illégalement depuis près de trois mois.

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La trentaine d’occupants de la Bobine, ancien lieu culturel fermé en juin dernier, ont été évacués de force ce mercredi 10 décembre au matin. Peu avant 10 heures, un important dispositif de police, avec près d’une cinquantaine de CRS et une douzaine de fourgons, a été déployé aux abords du bâtiment situé à proximité du centre-ville de Grenoble, et occupé depuis le 18 septembre dernier par le mouvement Bloquons Tout.

Après une dernière sommation, les forces de l’ordre ont séparé de force et expulsé une quinzaine de militants, qui se tenaient devant l’entrée de la Bobine. Elles ont ensuite libéré les différentes entrées du lieu et évacué les derniers occupants. À l’issue de cette opération, un cordon de CRS a été disposé tout autour du bâtiment afin d’empêcher un potentiel retour des militants.

« On s’est posé devant le bâtiment pour retarder l’ouverture, explique Stef*, un des occupants, le nez en sang. Avec ceux qui se sont interposés, on s’est pris des mandales, des coups dans les tibias, des coups de matraque. La routine pour eux, comme pour nous. D’un côté, il y a des personnes qui défendent des situations les plus humaines possibles. De l’autre côté, il y a ceux qui ne se posent pas la question des conséquences de leurs actes. »

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Evacuation de la Bobine, ce mercredi 10 décembre.

Selon les militants de la « Bobine occupée », jusqu’à une trentaine de personnes sans logement pouvaient dormir tous les jours dans les locaux. Si les services du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Grenoble étaient présents ce mercredi matin pour les prendre en charge, les militants redoutent de lourdes conséquences pour ces sans-abris en plein mois de décembre : « C’est une catastrophe, réagit Stef, ému aux larmes. De savoir que ces gens, que l’on a vu passer un par un dans le lieu, vont dormir dehors, ça brise le cœur. »

« Il y a une crise du logement. Cela fait plusieurs mois que des sans-papiers et des sans-abris, qui ne demandent qu’à se loger, disposaient d’un endroit où ils pouvaient avoir des repas gratuits et dormir au chaud. Visiblement, ça ne plaît pas à la mairie qui a commandé une expulsion », poursuit-il.

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Les forces de l’ordre évacuent la Bobine.

Depuis le début de l’occupation, les militants de la « Bobine occupée » proposaient d’héberger des personnes à l’intérieur de l’ancien bar culturel mais organisaient aussi des projections, des conférences, ou encore des concerts dans le but d’en faire « un lieu d’organisation politique, de vie et de fête ».

Mais ce lundi 8 décembre, la Ville de Grenoble, propriétaire des locaux, avait pris un arrêté municipal autorisant l’expulsion. Une décision après « plusieurs semaines de tentatives de dialogue », selon la mairie, mais qui n’ont abouti sur aucune solution. « J’espère que la mairie et la Métropole vont prendre leurs responsabilités. Il faut que tout l’effort qu’ils mettent pour virer des gens, ils le mettent aussi pour trouver de nouveaux lieux. Il y a des gens qui vivent dehors sur leur territoire, ils ne peuvent pas toujours renvoyer la balle au gouvernement en disant que c’est de la faute de l’État », continue Stef.

Un groupe d'occupants de la Bobine a été séparé de force, ce mercredi 10 décembre.

Un groupe d’occupants de la Bobine a été séparé de force, ce mercredi 10 décembre.

© FTV

Après la fermeture de La Bobine, la Ville de Grenoble était à la recherche de repreneurs. Début novembre, le projet de reprise porté par le collectif citoyen « l’Autre Asso », désigné par le mandataire judiciaire, avait été abandonné sur fond de difficultés financières et de tensions avec les occupants illégaux du site.

Face à cette situation, la municipalité avait notamment proposé d’autres lieux pour la poursuite du mouvement. Mais, selon les militants, les solutions avancées par la Ville de Grenoble n’étaient pas « viables » : « La mairie n’a pas du tout pris en considération le fait qu’il y ait des personnes précaires, à la rue, et en difficulté sociale. Ils ont juste proposé des alternatives avec une salle deux ou trois jours par semaine, seulement à la journée et sans possibilité d’hébergement », détaille Charlotte*, une des occupantes.

« La mairie voulait éteindre le feu, récupérer rapidement la Bobine. On a essayé de négocier avec eux, mais les solutions proposées étaient une politique de façade, un écran de fumée », poursuit-elle. Contactée, la mairie a indiqué qu’elle ne réagirait qu’après la fin de l’opération de police engagée ce mercredi matin. De leurs côtés, les militants ont prévu de se rassembler, dans l’après-midi de ce mercredi, pour décider de la suite du mouvement.

* les prénoms des personnes interrogées ont été modifiés pour préserver leur anonymat