D’une manière générale, les plantes n’apprécient guère les zones où la chaleur et l’aridité sont trop fortes. Pourtant, il existe quelques espèces s’accommodant très bien de ce type d’environnement, notamment le « miel sucré de l’Arizona ». Dans le cadre d’une récente étude, des biochimistes ont découvert comment cette plante parvient à survivre dans l’un des lieux les plus chauds et secs du monde. Selon les auteurs, ces travaux pourraient peut-être déboucher sur une meilleure résilience des cultures, dans l’actuel contexte climatique. 

Un végétal dont la résilience est incroyable

Rappelons tout d’abord qu’habituellement, les lieux arides et chauds manquent de végétation en raison d’une quasi absence d’eau, de conditions extrêmes, de la présence de sols pauvres et de températures élevées. Ce mix plutôt hostile est sans surprise une source de stress pour les plantes, obligeant notamment les plus téméraires à développer des stratégies uniques pour assurer leur survie. Or, le « miel sucré de l’Arizona » (Tidestromia oblongifolia) fait justement partie de ces espèces.

Il est ici question d’un petit arbuste (ou sous-arbrisseau) aux tiges rougeâtres, contrastant avec ses feuilles blanches argentées. Or, il s’avère que ce dernier pousse dans le sud-ouest des États-Unis, notamment dans la célèbre Vallée de la Mort en Californie, où la température estivale frôle assez souvent les 50°C, avec un record à 54,5°C en 2020. Également, la zone est concernée par une pluviométrie très faible, de l’ordre d’environ cinq centimètres par an seulement. Et pourtant, le sous-arbrisseau prolifère et donne même régulièrement des fleurs.

arbuste miel ArizonaCrédit : Liam O’Brien / PictureThis

Depuis un certain temps, cet incroyable végétal suscite l’intérêt de nombreux chercheurs – principalement en agriculture et en botanique – et a récemment fait parler de lui. Des biochimistes et autres experts de la Michigan State University et de la Carnegie Institution for Science (Etats-Unis) ont mené une étude sur le sujet, dont les résultats ont fait l’objet d’une parution dans la revue Current Biology le 17 novembre 2025.

De surprenants réaménagements cellulaires

L’objectif de ces recherches est clair : comprendre si Tidestromia oblongifolia détient réellement ou non le secret d’une future adaptation à des températures moyennes plus élevées à l’échelle globale. Par ailleurs, si la plante est aujourd’hui un modèle d’étude en termes d’adaptation du réchauffement climatique, il s’agit également d’explorer la question de la future résilience des cultures, notamment vivrières.

Selon les chercheurs, l’espèce est capable d’ajuster sa photosynthèse grâce à l’apparition de plus petites feuilles mais surtout, au moyen de changements cellulaires internes. Plus précisément, les mitochondries et les chloroplastes se rapprochent à l’échelle microscopique. Ces deux structures ont un rôle important au sein de chaque cellule, respectivement à l’origine de la production d’énergie et de la photosynthèse. Or, dans la mesure où la photosynthèse permet à la plante de produire sa nourriture en utilisant la lumière du soleil, les meneurs de l’étude pensent que ces réaménagements cellulaires ont pour objectif de maintenir cette production, dans un type de lieu où la plupart des autres végétaux ont dépassé leur seuil de tolérance face à la chaleur.

arbuste miel Arizona 2Crédit : ck2az / PictureThis

Dans le cadre de leur travaux, les chercheurs ont recréé une situation de chaleur extrême en laboratoire et le miel sucré de l’Arizona a réussi à élargir sa zone de confort photosynthétique. Si les chercheurs ne comprennent toujours pas pleinement les méandres de ce processus unique dans le monde végétal, l’espèce Tidestromia oblongifolia pourrait à terme ouvrir la voie vers des exploitations agricoles plus résilientes face à l’actuel changement climatique.