Par

Marie Lamarque

Publié le

10 déc. 2025 à 20h50

Téléphone à la main, Jérôme Bayle rejoint Édouard Bergeon dans un café de Toulouse, non loin de L’American Cosmograph. L’agriculteur, devenu figure de la colère paysanne en Haute-Garonne d’abord, puis très vite à l’échelle nationale, est à l’affiche du nouveau film du réalisateur.

Édouard Bergeon a ce stress de l’avant-première. Quel est le profil des habitués de ce cinéma d’art et d’essai situé au centre de la Ville rose ? Comment Rural sera-t-il accueilli par les urbains, ici, au cœur de la future 3ᵉ ville de France ? Des questions qui réveillent le souvenir d’un accueil mitigé à Paris lors de la sortie d’Au nom de la terre, avec Guillaume Canet, il y a six ans. Le film avait, au total, presque enregistré 2 millions d’entrées, mais à peine 200 000 dans la capitale. « À croire qu’à Paris, ils ne mangent pas comme nous », lançait encore Édouard Bergeon ce mardi 9 décembre 2025.

Rires dans la salle comble de L’American Cosmograph. De quoi finalement rassurer le réalisateur. Jérôme Bayle, lui, se montre inquiet. Il vient d’apprendre l’apparition d’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) – cette maladie qui touche les bovins – en Ariège. La profession est en alerte. « Ce que je peux vous dire, c’est que la région Occitanie va faire parler d’elle dans les jours à venir », lance l’agriculteur.

295 communes de Haute-Garonne sous surveillance

Ce mardi soir, Jérôme peine à quitter son téléphone des yeux. Les messages de détresse se multiplient. Car les agriculteurs situés dans un rayon de 50 km autour du foyer – détecté dans la commune de Les-Bordes-sur-Arize – sont eux aussi impactés. 

295 communes de Haute-Garonne sont concernées par des mesures de protection imposées par la préfecture dans l’objectif d’éviter la propagation de la maladie. Le préfet interdit, notamment, tout mouvement d’animaux, et les bovins doivent être systématiquement vaccinés.

Vidéos : en ce moment sur Actu« Je ne sais pas comment je vais rembourser mon crédit »

Installé à Montesquieu-Volvestre, Jérôme fait partie des impactés. « Le foyer, il est à 10 bornes de chez moi », explique-t-il à Édouard Bergeon.

Déjà, il mesure les pertes économiques que ces mesures vont engendrer. « J’ai 35 veaux que je devais vendre, mais je ne pourrai pas. Pour moi, c’est 90 jours minimum sans rentrée d’argent. Je ne sais pas comment je vais pouvoir rembourser mon crédit au début de l’année. »

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« Il faut changer de stratégie », selon Jérôme Bayle

Pour l’exploitation ariégeoise touchée par la DNC, ce sont 208 Blondes d’Aquitaine qui vont être abattues ce mercredi 10 décembre. « C’est leur histoire qui va partir. […] Cette histoire génétique, on y tient », déplore Jérôme Bayle.

Face au public toulousain, il l’admet, il a d’abord soutenu la politique d’abattage systématique des bovins malades. « Mais la stratégie ne marche plus. Il faut la changer. Comme au rugby, quand on teste une stratégie, que l’on se prend 30 points dans les premières minutes de jeu, on change », prend-il en exemple. 

Jérôme Bayle (à gauche) explique aux spectateurs toulousains la détresse de sa profession.
Jérôme Bayle (à gauche) explique aux spectateurs toulousains la détresse de sa profession. (©Marie Lamarque / Actu Toulouse)Les agriculteurs attendent la ministre

À la tête des « Ultras de l’A64 », l’association aux commandes de la chambre d’agriculture en Haute-Garonne, il n’exclut pas une nouvelle mobilisation de la profession. Plusieurs blocages ont été organisés sur les routes de l’Ariège ce mercredi matin.

Les agriculteurs attendaient la venue de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, sur place. « Il faut arrêter de ramener du poids et du stress sur les exploitations », concluait Jérôme Bayle, ce mardi soir, sous les applaudissements des spectateurs toulousains.

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