Par
Julie Bossart
Publié le
10 déc. 2025 à 21h06
Un mois tout juste après sa sortie de prison, Nicolas Sarkozy s’est rendu à la librairie Lamartine, dans le 16e arrondissement de Paris, ce mercredi 10 décembre 2025, jour de la sortie de son Journal d’un prisonnier (Fayard).
Un ouvrage en partie rédigé durant ses vingt jours d’incarcération à la prison de la Santé, où il a été envoyé après sa condamnation en première instance pour association de malfaiteurs dans le cadre du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Deux cent seize pages dans lesquelles il revient sur un séjour derrière les barreaux, inédit pour un président de la Ve République, fait de gris, de prière, de régime alimentaire frugal, de piques à l’adresse d’adversaires politiques et d’une grande interrogation : « Comment en suis-je arrivé là ? »
« Il est où Khadafi ? », « Casse-toi pauvre con »
Sa tournée promotionnelle, inaugurée par cette séance de dédicaces dans sa librairie d’habitude, Nicolas Sarkozy s’en frottait les mains. « Si heureux de reprendre le chemin des routes de France pour aller à la rencontre de mes lecteurs, avait-il ainsi tweeté. Mercredi prochain, je vous attends chez Lamartine à Paris à partir de 15 h 30. Cela me réjouit tant ! » Ses admirateurs lui ont rendu la pareille.
Une foule nombreuse et recueillie s’est déplacée rue de la Pompe afin de rencontrer l’ex-président de la République lors de la dédicace de son livre, « Journal d’un prisonnier » (Fayard). (©JB/actu Paris)
Bien avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy, une file ininterrompue d’admirateurs s’est formée depuis l’entrée de la libraire, au 118, rue de la Pompe, jusque dans la rue Gustave-Courbet. Des hommes et des femmes de tous les âges au sourire poli, puis un poil frileux lorsque les journalistes s’approchent vers eux. Concentrés, beaucoup tiennent en évidence dans leurs mains un ouvrage du Journal du prisonnier. Certains en ont plusieurs exemplaires dans un sac.
🔴 Un mois après sa sortie de prison, Nicolas Sarkozy a effectué sa première sortie publique, à Paris, ce mercredi 10 décembre 2025, jour de la sortie de son livre, « Journal d’un prisonnier » (Fayard), écrit durant ses trois semaines d’incarcération à la prison de la Santé. L’ex-chef de l’État a été condamné à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle. Il a fait appel et devra être rejugé en 2026. En attendant, il fait sa promo. #sarkozy #livre #prison #librairie #pourtoi
L’ambiance quasi recueillie finit par s’altérer. Inhabituel, ce trop grand nombre de personnes sur les trottoirs et d’agents de police sur la chaussée commence à gêner sérieusement la circulation. Livreurs bloqués au feu rouge et bus 52 eux aussi empêchés dans leur course déclenchent une vague de Klaxon. Les forces de sécurité font leur grosse voix et sortent les barrières pour sécuriser un tant soit peu les lieux. Des jeunes smartphone en main papillonnent, demandant ce qu’il se passe. Des « Sarko, il est où Khadafi ? » fusent. Une référence, sans doute, à l’accueil qui avait été réservé au président par des détenus lors de sa première nuit à la Santé.
15 h 28, l’agitation monte d’un cran : « Sarkozy, il est là ». » L’ancien président de la République est arrivé rue de la Pompe. Il serre des mains, sous des acclamations. Puis quelques cris percent. Sur des images qu’a pu capter le journaliste indépendant Clément Lanot, et que l’on visionne après coup, on aperçoit au moins deux Femen crier « Casse-toi pauvre con » » ou encore « Nicolas, ta place est en prison ». » Elles disparaissent rapidement des radars, embarquées par les forces de l’ordre.
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Le public hue en chœur, « quelle honte », distingue-t-on également. Des applaudissements prennent le relais, tandis que la foule scande « Nicolas, Nicolas ! » L’incident ne perturbe pas le moins du monde ce dernier.
« Pourquoi il attire autant de haine ? »
Tout sourire, Nicolas Sarkozy continue à serrer des mains et se dirige vers l’entrée de la librairie, où il est accueilli notamment par le maire d’arrondissement, Jérémy Redler (LR). Un agent de sécurité soupire de soulagement lorsque l’ex-président entre dans la librairie. La séance de dédicaces peut commencer. Elle semble avoir remué les personnes que nous avons pu interroger à la sortie de la librairie, les journalistes n’étant pas autorisés à l’intérieur.
Une femme, émue aux larmes, affirme : « C’est un mentor et un vrai chef d’État, pas un simple politique. » La femme à ses côtés déclare avoir été « très heureuse de le voir » et demande aussi : « Pourquoi il attire autant de haine ? » Et lorsqu’on lui rappelle qu’il a été condamné pour des faits graves, elle glisse : « Je ne veux pas remettre en cause la justice. Mais il est impossible, droit comme il est, qu’il ait fait des magouilles. »
S ans avoir spécialement d’arguments contestant la décision des juges, les partisans de Nicolas Sarkozy présents ce mercredi cherchent surtout à le soutenir. C’est le cas de Frédéric, venu exprès de Seine-et-Marne pour dire à Nicolas Sarkozy « Tenez bon monsieur le président. » Plus loin dans la queue se trouve Gabrielle. Accompagnée de son petit-fils qui avance à chaque fois un tabouret pour qu’elle puisse se reposer, l’élégante femme compte dire à Nicolas Sarkozy, lorsqu’elle lui présentera un des deux livres qu’elle a déjà en sa possession, qu’elle le remercie. Elle prie déjà pour qu’on le « laisse enfin tranquille ».
Nicolas Sarkozy n’en a pourtant pas terminé avec la justice. Outre son procès en appel sur le financement libyen au printemps prochain, l’ex-président est visé par d’autres enquêtes, de ses lucratives activités de conseil en Russie, à l’attribution controversée du Mondial-2022 au Qatar. La justice française mène aussi des investigations sur la rétractation, contre une possible rémunération, des accusations du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine (décédé depuis) dans le dossier libyen.
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