Capture d’écran AN
En présence de Delphine Ernotte, le député aparenté insoumis a multiplié les questions en lien avec plusieurs polémiques et choix éditoriaux qui ont secoué l’audiovisuel public ces derniers mois.
Delphine Ernotte sur le gril. Le député Aymeric Caron a profité de la commission d’enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public pour régler quelques comptes avec son ancien employeur, au cœur de plusieurs polémiques et choix éditoriaux contestés depuis plusieurs mois.
Invité à poser des questions à la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte durant son audition, le député apparenté aux insoumis Aymeric Caron a d’ailleurs commencé par rappeler ses liens avec l’audiovisuel public. Et son attachement à ce qu’il ne soit pas privatisé. Sans oublier de préciser qu’il connaissait plutôt bien France Télévisions et qu’il était « peut-être même le seul ici » à avoir été salarié du service public.
Après ces quelques politesses d’usage, l’ancien chroniqueur de l’émission On n’est pas couché entre 2012 et 2015 sur France 2 avait six questions à poser à Delphine Ernotte. Et faute de temps suffisant pour détailler son propos, il a enchaîné les questions, plus piquantes les unes que les autres. Toutes liées à des sujets brûlants pour France Télévision.
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« Est-ce que vous trouvez normal que l’Arcom (ex-CSA) s’en soit pris récemment et deux fois de suite à l’émission Complément d’Enquête sur France 2. D’abord en venant à la rescousse de CNews, alors qu’aujourd’hui Libération donne raison à Complément d’Enquête. Puis en adressant une mise en garde suite à un sujet sur le Sénat qui n’avait pas plu à son président Gérard Larcher. D’ailleurs, est-ce que vous trouvez normal que le président du Sénat, qui nomme trois membres de l’Arcom, intervienne pour faire sanctionner une émission de France Télé », a assené d’entrée le député.
« Est-ce que vous trouvez normal ? »
Le ton est donné. Et les questions s’enchaînent alors à toute vitesse : « Est-ce que vous trouvez normal que la chaîne info de France Télé ait embauché des chroniqueurs de CNews, chaîne dont vous dites vous-même qu’elle est d’extrême droite ? ». Le député ciblant ici la présence de Nathan Devers et Paul Melun, passés par L’heure des pros du présentateur de CNews, Pascal Praud avant de rejoindre le service public.
« Troisièmement, est-ce que vous trouvez normal d’avoir nommé à la tête du plus gros JT de la télévision publique la compagne d’un candidat quasi-déclaré à l’élection présidentielle ? ». Une référence claire et directe à la prise de fonction de Léa Salamé au JT de 20 heures de France 2, alors qu’elle est la compagne de l’eurodéputé Raphaël Glucksmann.
Loin d’en avoir terminé, Aymeric Caron enchaîne avec le cas Patrick Cohen. « Est-ce que vous trouvez normal que Patrick Cohen, dont on connaît désormais le positionnement politique entre PS, Macron, Glucksmann, soit depuis 14 ans le seul éditorialiste de l’émission phare d’access de France Télé ? Et que les téléspectateurs n’entendent chaque soir que son avis ? Est-ce qu’il ne serait pas temps de faire entendre d’autres voix ? », ajoute-t-il, en citant comme exemple des voix de « l’anticapitalisme écologique ».
Le traitement de Gaza au cœur des questions
« Est-ce que vous trouvez normal qu’une autre éditorialiste vedette de France Télé, Nathalie Saint-Cricq, par ailleurs directrice des rédactions nationales de France Télé, affirme sur franceinfo que les musulmans sont antisémites ? », poursuit Aymeric Caron en lien avec de récents propos de Nathalie Saint-Cricq pour lesquels l’Arcom a été saisie.
« Est-ce que vous trouvez normal qu’un autre jour, elle se retrouve sur la scène du Crif avec l’ambassadeur de l’État voyou israélien en train de tutoyer son ami négationniste Raphaël Enthoven − vous savez, c’est l’homme qui prétend qu’il n’y a pas de journalistes à Gaza − tout ça, avant de recevoir ce même Raphaël Enthoven sur son plateau de France Télé, sans indiquer aux téléspectateurs sa relation réelle avec cet invité », enchaîne encore le député de Paris, toujours très incisif. Malgré les excuses de Raphaël Enthoven sur le sujet.
Après une autre critique envers Nathalie Saint-Cricq, le député a attaqué son ultime question. Et non des moindres : « Est-ce que vous trouvez normal que France Télé ait depuis octobre 2023 invisibilisé le calvaire des Palestiniens à Gaza. En le taisant, en le cachant, comme le prouvent plusieurs études. Et qu’elle ait choisi d’adopter le point de vue du gouvernement criminaliste israélien. Est-ce qu’il ne s’agit pas là du plus impardonnable des fiascos de France Télé depuis deux ans ? ».
Cette diatribe remarquée a en partie été condamnée par le président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus, qui a reproché à Aymeric Caron d’avoir « qualifié des intervenants » qui ne se trouvent pas dans cette salle, comme il l’a fait avec Raphaël Enthoven. Et ironie du sort, ses questions adressées à Delphine Ernotte ont toutes été traitées − du bout des lèvres − par le secrétaire général du groupe France Télévisions Christophe Tardieu. De quoi fortement agacé Aymeric Caron.