Un nouveau bourdonnement est attendu sur les lignes de front ukrainiennes. Compact, fuselé, le drone Bullet, signé General Cherry, de l’ukrainien General Cherry, vient de passer la codification confirmant le modèle qui sera bientôt mis en service, note Defense Express. Une entrée remarquée, dans un paysage où la lutte antiaérienne repose principalement sur des solutions légères, réactives et produites à grande échelle.
Contrairement à certains FPV ukrainiens homemade, le Bullet n’a rien d’un drone improvisé. L’appareil, pensé dès le départ comme un intercepteur, peut atteindre 310 km/h, grimper jusqu’à 6 000 m et engager une cible à plus de 20 km de distance. Des performances qui en font un futur ennemi de taille contre les drones Shahed — utilisés en flot dense et continu par la Russie depuis plusieurs mois pour saturer les défenses ukrainiennes. Agiles et adaptables, ces engins à bas coût ont transformé la guerre en une bataille d’endurance technologique.
Le Bullet : un guidage terminal avancé
L’arrivée du Bullet n’aura pas été un long fleuve tranquille. L’entreprise Wild Hornets, l’un des pionniers des drones intercepteurs nationaux, a ainsi accusé General Cherry de copier ses designs en raison d’une forte ressemblance visuelle entre prototypes. La polémique a pris de l’ampleur à mesure que les deux acteurs se disputaient une place décisive dans un marché naissant mais vital : les premiers drones hautement technologiques ukrainiens.
Ukraine’s Finalized Bullet Anti-Shahed Drone: What Model General Cherry Delivered for Adoptionhttps://t.co/gPDXNBTLo9 pic.twitter.com/TQHOg6PxCW
— DEFENSE EXPRESS (@DEFENSEEXPRESS) December 9, 2025
Дрон-перехоплювач Bullet виробника « Генерал Черешня » кодифікували та допустили до використання. Безпілотнику присвоїли код NATO (NSN). За даними компанії, днями БПЛА з’явиться на маркетплейсах Brave1 Market та DOT-Chain Defence. https://t.co/Tc71k6v8R8
— Оборонка (@Oboronka1) December 8, 2025
General Cherry a fait valoir que son programme reposait sur plusieurs configurations distinctes, testées simultanément par plus de vingt unités opérationnelles. Le modèle finalement retenu — celui qui entre aujourd’hui en service — diffère largement de la précédente version incriminée.
Ce qui distingue réellement le Bullet, cependant, n’est pas son esthétique mais sa logique d’emploi. L’engin s’appuie sur un guidage terminal avancé, combinant logiciel embarqué et solutions aérodynamiques pour ajuster sa trajectoire dans les derniers instants. Ici, pas de charge explosive : le drone détruit physiquement sa cible par impact direct, une méthode brutale mais d’une redoutable efficacité contre les Shahed, dont la cadence de déploiement dépasse désormais plusieurs milliers par mois.
Une tempête de Shahed à contrer
Cette montée en puissance russe pèse lourd. En juin, plus de 5 000 Shahed ont été lancés en Ukraine, dont 728 en une seule nuit, racontait alors Geo. Les systèmes anti-aériens Patriot, rares et hors de prix, ne peuvent suivre ce rythme. Les unités mobiles armées de mitrailleuses antiaériennes, elles, peinent à atteindre des drones qui plongent désormais depuis 3 000 m de hauteur. Le taux d’interception, qui approchait autrefois les 95 %, a chuté à 86 %, laissant trois fois plus d’engins atteindre leurs cibles. C’est dans cette brèche que les nouveaux intercepteurs comme le Bullet doivent s’insérer.
Kiev a donc signé pour des « dizaines de milliers » d’intercepteurs, souvent dérivés de drones FPV modifiés, selon son agence d’acquisition de matériel de défense (The Kyiv Independant). Des appareils conçus pour le sol, réadaptés pour le ciel, jusqu’aux modèles hautement spécialisés comme ceux de Wild Hornets ou de General Cherry. Intégrés dans l’architecture « Clear Sky » (The Kyiv Independant), ces drones constituent aujourd’hui un maillon essentiel d’une défense fragmentée mais agile, capable de saturer l’espace aérien local pour contrer les essaims russes.
Reste la bataille de l’autonomie. Plusieurs entreprises ukrainiennes travaillent à des systèmes de vision dopés à l’intelligence artificielle — comme le module TFL-1 — permettant aux intercepteurs d’atteindre leur cible même en cas de brouillage. Mais ces technologies encore limitées peinent à maîtriser des vols rapides et instables dans un environnement tridimensionnel, et ne fonctionnent pour l’instant que sur des quadricoptères, pas sur les drones à ailes fixes comme le Bullet. L’Ukraine sait qu’il lui faudra des mois de développement pour parvenir à une véritable défense antiaérienne autonome.