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C’est le choc en Ariège : le département fait face à son premier foyer de dermatose nodulaire contagieuse. 208 vaches sont menacées d’abattage, mais la proposition d’un protocole expérimental par les syndicats leur offre un sursis.

C’est une annonce qui a fait l’effet d’une bombe, quelques jours à peine après l’abattage de 83 vaches laitières dans le Doubs : ce mardi 9 décembre, le département de l’Ariège a été confronté à son premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Un nouveau foyer détecté dans un cheptel de deux cent huit vaches blondes d’Aquitaine, au sein du Gaec de Mouriscou, tenu par deux frères, et situé aux Bordes-sur-Arize.

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre au sein de la profession, qui s’est réunie le soir même à la préfecture de l’Ariège. À l’issue de cette réunion de crise, le préfet du département Hervé Brabant, a notamment ordonné « Le dépeuplement total du troupeau infecté, comme l’impose le règlement Européen », a-t-il rappelé.

Les accès de la ferme bloqués par les manifestants

La décision préfectorale a immédiatement suscité de vives réactions, tant du côté des syndicats agricoles, que de nombreux éleveurs non affiliés, venus spontanément devant l’exploitation, dès l’annonce de l’abattage : « Je n’adhère à aucun syndicat. Je suis venu ce soir par solidarité, d’un éleveur à un autre », explique M. Marty, éleveur bovin.

« C’est inadmissible d’abattre autant d’animaux. Et ce protocole qui ne fonctionne pas, on en a la preuve aujourd’hui : la maladie a parcouru 90 kilomètres, et on se demande comment. La vaccination dans un rayon de 50 km autour d’un foyer n’a pas marché non plus. Mentalement, pour l’éleveur touché, je n’ose même pas imaginer. Je ne sais pas comment on peut réagir dans une situation pareille. »

Les départements voisins mobilisés

Devant l’exploitation familiale des Bordes-sur-Arize, tracteurs et engins agricoles barrent les accès depuis près de 48 heures. Un véritable bouclier humain, que les manifestants n’entendent pas lever pour l’instant : « Nous allons nous relayer tout au long de la journée, et demain », explique Sébastien Durand, président de la Coordination rurale de l’Ariège. « Nous sommes déjà près d’une centaine, et l’objectif est de bloquer le chemin, mais nous nous conformerons à la volonté des deux agriculteurs concernés, et nous attendrons leur décision définitive. »

Au fil de la journée de ce mercredi 10 décembre, des éleveurs venus du Tarn, de l’Aveyron ou encore du Gers se sont joints à la troupe.

Une proposition d’un protocole « test  »

Les heures se sont écoulées. Des mots, des regards, mais aussi des actes ont accompagné les deux agriculteurs, et leur famille, dans l’épreuve.

En effet, comme un coup de théâtre, les représentants de la profession ont choisi de jouer leur dernière carte, en formulant une proposition directement adressée à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard : « Ce matin, la chambre d’agriculture a réuni l’ensemble de la profession agricole afin d’exprimer son soutien total aux éleveurs. Elle demande la suspension immédiate du dépeuplement systématique et la mise en place d’un protocole expérimental […]. », a communiqué la chambre d’agriculture de l’Ariège.

Une proposition formulée de manière collégiale, par la Confédération paysanne, le collectif Libre de Cultiver Notre Avenir, la FDSEA, les Ultras 64 et la Coordination rurale : « Comme l’État ne nous écoute pas sur la déclassification de la maladie, nous proposons, en attendant, de placer ce cheptel sous surveillance stricte et d’instaurer un zonage de 5 km autour de l’exploitation », détaille Éloi Nespoulous, président de la Coordination rurale d’Occitanie.

« Nous suggérons entre autres, un protocole dit “tube”, avec des analyses sanguines régulières, permettant d’abattre uniquement les vaches malades ». Les syndicats attendent désormais la réponse de la ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Souveraineté alimentaire, offrant ainsi un sursis aux 208 vaches du Gaec de Mouriscou. Les agriculteurs s’apprêtent à passer ce mercredi soir une nouvelle nuit de soutien.