Avec Georges-François Leclerc, son prédécesseur, le débat était clos : lui préfet, il n’y aurait pas de halte soins addiction autrement dit de « salle de shoot » à Marseille, lieu réclamé par les milieux associatifs qui suivent les toxicomanes et désormais par certains collectifs d’habitants du centre-ville confrontés au quotidien à la consommation de drogue.

Le discours sur le sujet est moins radical du côté de Jacques Witkowski, qui a pris ses fonctions le 1er décembre dernier. Au lendemain d’une opération très démonstrative de lutte contre le narcotrafic qui a mobilisé 1 500 policiers, le nouveau préfet de Région, interrogé par la presse, ne ferme pas complètement la porte. « Il y a deux approches possibles : une sécuritaire – on ne peut pas consommer de stupéfiants – et une plus pragmatique – les consommateurs sont là, autant en accompagner le plus possible médicalement et socialement ». Et si « intellectuellement », l’ancien officier de gendarmerie qu’il a été penche pour la version répressive, il ne s’oppose pas d’entrée jeu à un projet : « Si l’ARS me démontre l’intérêt sanitaire et si il y a un consensus autour des acteurs… ».

Lors de son précédent poste dans le Bas-Rhin, il a pu observer l’une des seules salles de consommation à moindres risques qui existent en France. « À Strasbourg, cela fonctionnait plutôt pas mal dans un lieu bien accepté (au sein de l’hôpital, Ndlr) par les voisins et sans opposition de la police. Le lieu d’implantation est capital ». « Les salles de Paris et Strasbourg montrent les mêmes résultats qu’ailleurs dans le monde : elles diminuent les pratiques d’injection à risque, le nombre d’injections dans l’espace public, le risque d’overdoses, le risque d’aller aux urgences et la probabilité de commettre des délits », résumait, en 2021, Marie Jauffret-Roustide, sociologue, coordinatrice d’une étude publiée par l’Inserm sur l’activité à titre expérimental des sites de Strasbourg et de Paris.