Les réactions n’ont pas tardé après l’annonce de l’interdiction des trois soirées musicales du Lyon Antifa Fest. Plusieurs députés LFI ont publiquement dénoncé une décision jugée « politique », directement dirigée contre un événement qu’ils décrivent comme culturel et antifasciste. Ces derniers sont ainsi allés jusqu’à mettre en cause l’impartialité de la décision préfectorale. La préfecture a rapidement réagi, réfutant vigoureusement ces accusations et rappellant ses actions contre l’ultradroite comme contre l’ultragauche.

L’un des premiers à réagir a été le lyonnais Raphaël Arnault, député LFI de la 1re circonscription du Vaucluse : « La préfète du Rhône qui a laissé proliférer des locaux néo-nazis durant des années à Lyon a décidé d’interdire un concert (avec des artistes L’Allemand & Da Uzi) dans le cadre d’un festival antifasciste ce week-end. Ils agissent sous les ordres de Génération Identitaire et du RN ? »

Dans la foulée, Gabriel Amard, député LFI de la 6e circonscription du Rhône, a également mis en cause la préfecture. Il accuse la préfète d’une gestion à deux vitesses : « La préfète du Rhône a laissé prospérer des locaux néonazis à Lyon pendant des années. Aujourd’hui, elle interdit un concert du Lyon Antifa Fest, un événement culturel, pacifique, engagé contre le fascisme. Étrange conception de ‘l’ordre public’ : les groupes d’extrême droite gardent pignon sur rue, mais la culture antifasciste est muselée. L’histoire nous l’a appris : quand on ferme les espaces où l’on combat la haine, la haine avance toujours d’un pas. Alors, question simple : au Rhône, qui inspire vraiment ces décisions ? ‘Le fascisme n’arrive jamais d’un coup ; il avance quand on le laisse faire.’— rappel de l’histoire. »

« Fermeté contre tous les groupes radicaux »

La préfecture du Rhône a immédiatement  répondu publiquement à chacun des deux élus. Elle conteste tout laxisme vis-à-vis de l’ultradroite et revendique des actions menées au cours des dernières années : « Vos propos passent volontairement sous silence l’action déterminée des services de l’État contre les groupuscules de l’ultradroite. »

Elle met ainsi en avant la « dissolution des Remparts, de la Traboule et Top sport Rhône et fermeture de leurs locaux dans le Vieux-Lyon en juin 2024 », mais aussi la « dissolution de Lyon populaire en juin 2025 », celle de « Génération identitaire en mars 2021 » ou encore celle du « Bastion social en avril 2019 ». L’autorité insiste également sur « de nombreuses interpellations grâce au travail d’investigation de la police judiciaire qui avait été fortement mobilisée suite à une série d’actions violentes. »

L’Etat fait preuve de fermeté contre tous les groupes radicaux violents qui propagent des messages de haine, qui génèrent des troubles à l’ordre public et commettent des agressions. C’est la raison pour laquelle, les dissolutions de la Jeune Garde et du GALE, des groupuscules d’ultragauche, ont également été prononcées respectivement en juin 2025 et en mars 2022. »

Raphaël Arnault a ensuite répliqué une nouvelle fois, critiquant l’historique des décisions de l’État : »Alors qu’il existait des locaux néo-nazis depuis 2010 avec son lot d’attaques, notamment au couteau : je note qu’il n’y avait donc bien AUCUNE action avant 2019, et qu’il aura donc fallu l’action militante antifasciste […] pour vous contraindre à agir. Nous n’oublierons jamais vos silences durant toutes ces années, voire vos mensonges comme pour l’attaque et les lynchages racistes du lundi 28 juin 2021.
Dorénavant c’est officiel puisque vous soutenez manifestement la dissolution de ces mêmes organisations qui ont permis la chute de ces violences de l’extrême-droite. Et vous justifiez même l’interdiction d’un concert parce qu’“antifasciste”. Ça s’appelle comment l’anti-antifascisme ? »

Dans un dernier mouvement de soutien, Thomas Portes, député LFI de Seine-Saint-Denis, a dénoncé une décision prise sous pression, évoquant « une interdiction faite sur injonction de l’extrême droite. La même préfète du Rhône qui pendant des années a fermé les yeux sur des groupuscules néonazis installés en plein cœur de Lyon. La préfète du Rhône Fabienne Buccio est désormais aux ordres de l’extrême droite. L’état de droit est aujourd’hui gravement remis en cause.« 

Pour rappel, dans son arrêté, la préfecture justifie l’interdiction des trois soirées en évoquant un risque sérieux de troubles à l’ordre public. Elle souligne la présence annoncée de personnalités déjà visées par des interdictions, rappelle des précédents locaux impliquant la mouvance d’ultragauche et mentionne des paroles de certains artistes « appelant à la violence » ou visant explicitement les forces de l’ordre.