Les derniers chiffres publiés par l’Office for National Statistics (ONS) montrent que 257 000 citoyens britanniques ont quitté le pays l’année dernière, soit 180 000 de plus que les estimations publiées jusqu’à présent.
La même étude, qui tente d’évaluer les entrées et les sorties du pays selon une méthodologie plus rigoureuse qu’auparavant, montre également que l’émigration a été systématiquement sous-évaluée depuis des années. Au total, 650 000 Britanniques seraient partis entre 2021 et 2024, “soit plusieurs centaines de milliers de plus que ce que l’on pensait”, rapporte The Times.
D’où une immigration nette vers le Royaume-Uni – soit la différence entre le nombre de personnes entrant dans le pays et le nombre de celles qui le quittent – inférieure de 20 % aux estimations précédentes, précise le site de la BBC. “Les chiffres actualisés indiquent que le Royaume-Uni est en voie de retrouver les niveaux de migration nette d’avant le Brexit, soit entre 200 000 et 250 000 personnes par an, à mesure que de nouvelles mesures introduites par le gouvernement travailliste entreront en vigueur.”
En mai, le Premier ministre Keir Starmer a annoncé de nouvelles mesures visant à réduire “significativement” l’immigration nette au cours des quatre prochaines années, rappelle la BBC. Notamment un projet d’interdiction du recrutement d’aides-soignants étrangers, un durcissement des conditions d’obtention des visas de travail et une augmentation des frais pour les employeurs qui recrutent à l’international.
Partir avant les contrôles fiscaux ?
Mais comment expliquer que de plus en plus de ressortissants britanniques partent vivre et travailler à l’étranger ? “Les experts sont perplexes”, indique The Times.
Des médecins et des enseignants britanniques s’installent en Australie et en Nouvelle-Zélande, attirés par des salaires et des conditions de travail plus avantageux. Mais les chiffres les concernant restent très modestes, de l’ordre de quelques milliers seulement, observe le quotidien.
Une perplexité que ne partage pas le quotidien conservateur The Telegraph. La forte augmentation du nombre de ressortissants britanniques quittant le Royaume-Uni “survient dans un contexte de hausse des impôts et de répression contre les résidents non domiciliés”, souligne le journal.
C’est l’année où le Parti travailliste est arrivé au pouvoir que l’émigration nette a battu des records “sur fond de craintes croissantes concernant le projet de réforme fiscale de Rachel Reeve”, la chancelière de l’Échiquier, qui devrait annoncer dans les jours qui viennent d’importantes hausses d’impôts. Les Britanniques ont préféré fuir le pays “avant les contrôles fiscaux”, soutient le journal.
The Telegraph incrimine également la fin du statut fiscal des non domiciliés, vieux de 225 ans, qui permettait à des personnes fortunées vivant en Grande-Bretagne de ne pas payer d’impôts sur leurs revenus perçus à l’étranger. Cette réforme serait directement à l’origine du départ d’au moins 11 300 millionnaires qui vivaient à Londres jusqu’à cette année. Un chiffre qui reste modeste au regard des 257 000 émigrés comptabilisés en 2024, observe pour sa part The Times.
“Nous n’avons que les chiffres publiés par l’ONS. Nous ne disposons pratiquement d’aucune donnée explicative, ce qui rend la situation assez opaque”, concède Ben Brindle, de l’Observatoire des migrations.