La Marseillaise : Comment fonctionne ce nouveau dispositif ?

Eric Renard : Ce sont des pompes à insuline de la taille d’un petit pacemaker (6,5 cm de diamètre et 2,5 cm d’épaisseur) qu’on implante dans la paroi abdominale. Elles sont reliées à un cathéter péritonéal qui délivre l’insuline à l’intérieur du ventre. L’insuline suit donc le même circuit que celle sécrétée par le pancréas. Toutes les 6 semaines, les patients doivent venir à l’hôpital remplir le réservoir de leur pompe d’insuline. Ils disposent d’une télécommande avec laquelle ils vont pouvoir commander la délivrance d’insuline en fonction des glycémies qui leur sont fournies par une petit capteur qu’ils mettent sous la peau.

Quelle était la situation des deux femmes implantées avant l’opération ?

E.R. : Elles étaient traitées avec les anciennes pompes [dont la fabrication a été stoppée, Ndlr.], mais il y en a une dont la pompe ne fonctionnait plus et l’autre dont la pompe allait arriver à échéance, car ces dispositifs ont une durée de vie de 7 ans. Il y avait donc une forme d’urgence à les remplacer. En effet ces patientes souffrent d’un diabète de type 1, qu’on ne peut pas contrôler avec les pompes classiques sous-cutanées portables car leur peau absorbe mal l’insuline. Si bien que ces personnes ont un diabète complètement instable : un coup elles sont en hyperglycémie, un coup en hypo… Parfois il faut même les hospitaliser.

Les patients dans ce cas sont-ils nombreux au CHU
de Montpellier
 ?

E.R. : Actuellement, on a une cinquantaine de patients traités avec ces pompes à insuline implantables. Mais ils avaient l’ancien modèle, qui arrive à échéance. Au cours des mois et des années qui viennent, on leur implantera donc le nouveau système s’il confirme son efficacité.

Cette opération s’inscrit
dans une étude coordonnée conduite également dans d’autres hôpitaux
 ?

E.R. : Oui, les deux implantations réalisées à Montpellier sont les premières d’une série de 20 à 40 qui seront effectuées dans une dizaine de centres hospitaliers français ainsi que dans un centre aux Pays-Bas. Les implantations devraient être faites l’année prochaine et je pense qu’on devrait avoir les résultats de l’étude courant 2027. S’ils sont positifs, cette étude permettra d’obtenir le marquage CE et de commercialiser ces nouvelles pompes.

C’est un dispositif très attendu ? Des patients s’étaient mobilisés suite à l’annonce par Medtronic, en 2017, de l’arrêt de fabrication de la pompe précédente…

E.R. : Comme ce type de diabète représente peu de patients, le fabricant considérait que c’était un petit marché et que ça coûtait très cher pour un nombre limité de patients. Mais il n’avait pas pris en compte que c’était des patients qui dépendaient absolument de ce mode de traitement. Le ministère de la santé a donc réuni les diabétologues concernés et un collectif de patients, et nous avons fait valoir auprès de Medtronic qu’il ne fallait pas abandonner, car sinon ces patients étaient condamnés. Sous cette pression conjointe des malades, des médecins et du ministère, l’entreprise a revu sa position. Elle a fabriqué 175 pompes du précédent modèle pour qu’on tienne le coup dans l’attente de la nouvelle pompe.

L’opération telle qu’elle s’est déroulée à Montpellier permet d’être optimiste ?

E.R. : Oui ! Sur le plan chirurgical il n’y a pas de problème : les patients cicatrisent comme il faut. Et sur le plan des résultats, ils sont bons. Donc a priori on n’a pas de crainte. C’est une très bonne nouvelle pour tous ces patients atteints de diabète de type 1 en attente d’une nouvelle pompe.