L’Agence internationale pour l’intégrité du tennis (ITIA) a frappé un grand coup en confirmant la suspension pour 20 ans du Français Quentin Folliot, reconnu coupable de 27 infractions au Programme anti-corruption du tennis.
La sentence est tombée. Vingt ans d’inéligibilité, 70 000 dollars d’amende, plus de 44.000 dollars de pots-de-vin à rembourser, rarement l’ITIA n’avait prononcé une sanction d’une telle ampleur. L’audience, qui s’est tenue à distance les 20 et 21 octobre 2025, a confirmé l’essentiel des accusations visant Quentin Folliot.
Au total, 27 chefs d’accusation sur 30 ont été retenus, couvrant 10 matchs disputés entre 2022 et 2024. Séries truquées, performances volontairement amoindries, transmission d’informations privilégiées, tentative de corruption envers d’autres joueurs… les griefs dressent le portrait d’un acteur actif et structuré dans un vaste système illicite.
Dans sa décision, la juge indépendante Amani Khalifa n’a pas mâché ses mots, qualifiant le joueur de « vecteur d’un vaste réseau criminel, recrutant activement d’autres joueurs et cherchant à ancrer plus profondément la corruption dans les circuits professionnels ». Une déclaration lourde de sens qui illustre l’ampleur des dérives observées au cœur des tournois mineurs dans le tennis.
Un réseau déjà connu et un rôle central pour Folliot
La sanction s’inscrit dans la continuité d’un dossier déjà bien rempli. Avant Folliot, cinq joueurs avaient été rattrapés par l’ITIA: Jaimee Floyd-Angele, Paul Valsecchi, Luc Fomba, Lucas Bouquet et Enzo Rimoli. Mais jamais l’un d’eux n’avait été désigné comme une pièce maîtresse du dispositif.
Âgé de 26 ans, Folliot, qui avait atteint le 488e rang mondial en 2022 (son meilleur classement), n’était jusqu’ici qu’un joueur de fond de courts, habitué aux tournois ITF. L’enquête a pourtant révélé un rôle bien plus profond qu’un simple exécutant. L’ITIA le décrit comme une figure active, un homme-relais chargé de recruter, d’organiser, et de pérenniser un système de manipulation étendu.
Folliot a nié les 30 chefs d’accusation initiaux, mais les éléments retenus – dont des échanges, des transactions et des incohérences répétées – n’ont laissé aucune place au doute pour l’instance. Trois accusations ont été rejetées, mais surtout en marge, concernant un match de double de janvier 2024.
Une suspension jusqu’en 2044
Suspendu provisoirement depuis le 17 mai 2024, Quentin Folliot devra rester éloigné des courts – jouer, coacher, ou même assister à un événement officiel (ATP, ITF, WTA, Tennis Australia, Fédération Française de Tennis, Wimbledon et USTA) – jusqu’au 16 mai 2044, à condition que toutes les amendes soient réglées. Pour un joueur de 26 ans, la sanction équivaut à une radiation pure et simple des circuits professionnels.
L’affaire Folliot laisse derrière elle un goût amer pour le tennis français et international. Elle révèle surtout une réalité brutale: les circuits secondaires, fragilisés économiquement, restent une cible privilégiée des réseaux criminels. Et malgré les efforts des instances, le combat reste loin d’être terminé.
Maxence Mullié avec Anthony Rech