Soixante ans après l’adaptation culte de Claude Barma avec Juliette Gréco, Yves Rénier et François Chaumette, Belphégor revient hanter les couloirs du Louvre ! Adaptation libre du roman-feuilleton du même nom d’Arthur Bernède en 1927, Belphégor sera disponible ce jeudi sur HBO Max, avant une diffusion sur M6 en 2026.
De nombreuses scènes de ce thriller psychologique, signé Nils Antoine Sambuc, Thomas Mansuy et Mathieu Leblanc, ont été tournées au Louvre. Dans quelles conditions peut-on tourner dans le plus grand musée du monde ?
Le département des Antiquités orientales à l’honneur
L’adaptation signée par Nils Antoine Sambuc et Thomas Mansuy, met en scène Hafsa Moreau (Shirine Boutella), une brillante restauratrice d’art, récemment engagée au Louvre. Lors d’un vernissage, elle découvre un masque mésopotamien représentant le dieu de l’orage « Baal Phégor », mieux connu sous le nom de « Belphégor ».
« Le Louvre était ravi qu’on s’intéresse au département des antiquités orientales plutôt qu’à l’Egypte ou à d’autres départements très connus du grand public. Ils nous ont ouvert grand les portes. Belphégor nous ramène à la Mésopotamie, et à l’Irak », raconte Aude Albano, directrice de l’activité séries et productrice chez Pathé lors d’une rencontre avec la presse au Festival de la Fiction de La Rochelle en septembre. Étrangement attirée par ce masque, Hafsa se retrouve impliquée dans une série de disparitions inexplicables au musée, dont elle ne garde aucun souvenir.
La mise en scène d’un cambriolage au Louvre
Devenant la principale suspecte dans cette affaire, Hafsa devra échapper à ceux qui la traquent, mais aussi contre ses propres fantômes pour comprendre le lien puissant qui la relie à Belphégor. « On ne peut pas mettre en scène un cambriolage au Louvre en montrant qu’on passe par une fenêtre », expliquait à La Rochelle, Mathieu Leblanc, un des coscénaristes.
Hélas, depuis cette rencontre, la réalité a surpassé la fiction. Les braqueurs du spectaculaire cambriolage au Louvre survenu le 19 octobre 2025 se sont introduits dans le musée en brisant le carreau d’une fenêtre à l’aide d’une disqueuse sans fil.
Un « rêve de scénariste », un cauchemar de réalisateur
Dans cette version, la quête du précieux masque de Belphégor entraîne Hafsa et le personnel du Louvre dans le milieu interlope des riches amateurs d’art et des trafiquants prêts à tout pour s’attribuer des trésors millénaires. « Cette thématique de la restitution, et son versant plus dur du trafic d’antiquités, ne concerne évidemment pas le Louvre dans la vraie vie. Cependant, c’est un vrai problème qui rapporte des milliards et finance la mafia et les terroristes. Sans trop dévoiler, on a réussi à mettre des éléments de ce réel dans une série très fictionnelle », explique Nils Antoine Sambuc.
Et de poursuivre « le Louvre, c’est un rêve de scénariste, c’est un peu un petit cauchemar pour la production et la mise en scène », racontait Nils Antoine Sambuc, cocréateur de la série avec Thomas Mansuy.
Un tournage au Louvre « excitant » mais « compliqué »
« Tourner au Louvre, il faut le prévoir et dire précisément ce qu’on va faire », explique Jérémy Mainguy, le réalisateur.
« Il y a eu un grand échange avec le Louvre qui a duré plusieurs semaines pour savoir ce qu’on pouvait faire. Profiter de ce décor unique, sans dénaturer quoi que ce soit. Tourner au Louvre, c’est excitant, mais ça coûte assez cher et c’est compliqué, parce que ce n’est pas souvent disponible. Le musée est très souvent ouvert. Il faut tourner dans les créneaux de fermeture au public, la nuit et le jour de fermeture en semaine, qui est réservé longtemps en avance . »
Évidemment, quand on tourne au milieu d’œuvres qui valent des millions, on ne peut pas faire n’importe quoi. « Quand on est une équipe de tournage seule avec des moyens techniques, des perches, des caméras, des grues, ce n’est pas le même enjeu. Là, l’accident de perche sur Le Radeau de la Méduse, faut pas que ça arrive, souligne le réalisateur. On peut tourner partout, mais il y a de vrais problèmes techniques d’éclairage, qui font qu’on a sélectionné des endroits où l’on pouvait tourner. »
Des acteurs « hyperprivilégiés »
Du côté des acteurs, place à l’émerveillement. « C’était magique. On avait récupéré des passes la veille pour pouvoir rentrer, tout était très sécurisé. J’étais comme une gamine. On n’avait pas le droit d’aller où l’on voulait, mais de voir la salle des antiquités orientales vide, c’était magique ! », se réjouit Aure Attika, qui campe la directrice du département des Antiquités orientales.
« Le silence du Louvre m’a impressionné. On se sent hyper privilégiés », confie Shirine Boutella. Et d’expliquer : « On n’a pas pu s’approcher de la Joconde parce qu’il y a tout un système d’alarme autour d’elle. »
Vincent Elbaz, qui campe un ancien flic qui travaille à la sécurité du Louvre dans la fiction de HBO et M6, se réjouit d’avoir eu, Les Noces de Cana, haut de plus de 6 mètres et long de près de 10 mètres, soit plus de 70 m², le plus grand tableau du Louvre, pour lui seul. « C’était pas mal », avoue-t-il. Shirine Boutella a hanté les couloirs du Louvre en long et en large. « Le réalisateur m’a fait faire des kilomètres », s’amuse-t-elle.