Les propos de Brigitte Macron, qui a traité de « sales connes » les militantes féministes ayant interrompu le spectacle d’Ary Abittan, suscitent la controverse en France. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #JeSuisUneSaleConne, en soutien aux victimes de violences sexuelles, prend de l’ampleur. Les réactions politiques ont aussitôt suivi.

Dans une vidéo diffusée lundi par le site de l’hebdomadaire Public, on voit la Première dame apporter son soutien à Ary Abittan en coulisses, juste avant son entrée en scène aux folies bergères. « J’ai peur », lui glisse l’humoriste. « S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors », répond Brigitte Macron en riant, avant d’ajouter: « Surtout des bandits masqués. »

« Nous sommes profondément choquées et scandalisées. Les mots utilisés en disent long sur sa vision des choses, le message politique est extrêmement choquant », a réagi une militante de #NousToutes ayant participé à l’action. « C’est un crachat de plus sur les victimes et les associations féministes. »

Pour rappel, l’acteur de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu? » avait été mis en examen en 2021 et soumis à un contrôle judiciaire après des accusations de viol de la part d’une jeune femme de 23 ans. La justice avait finalement prononcé un non-lieu en avril 2024. Une décision confirmée en appel en janvier 2025.

>> Relire : L’acteur et humoriste français Ary Abittan mis en examen pour viol

Soutien de Marion Cotillard et Judith Godrèche

Dans le même élan, de nombreuses personnalités françaises ont utilisé le hashtag #JeSuisUneSaleConne pour afficher leur solidarité avec les associations féministes et les victimes de violences sexuelles et sexistes.

« Moi aussi je suis une sale conne. Et je soutiens tous.tes les autres », a écrit Judith Godrèche. « Je suis une sale conne et fière de l’être », a abondé Marion Cotillard. « On comprend mieux le manque de budget pour les associations », a ironisé Alexandra Lamy.

Un soutien – et une expression commune, « sale conne » – également affiché par les chanteuses Clara Luciani et Angèle. L’écrivaine Camille Kouchner, autrice de la Familia Grande, qui avait brisé le tabou de l’inceste et permis un débat d’ampleur sur le sujet, ainsi que la réalisatrice Andrea Bescond ont également partagé le visuel.

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Attitude « spontanée », dit la porte-parole du gouvernement

L’entourage de l’épouse d’Emmanuel Macron a assuré de son côté qu’il ne fallait « voir dans cet échange qu’une critique de la méthode radicale employée par ceux qui ont perturbé, masqués, le spectacle d’Ary Abittan samedi pour empêcher que l’artiste se produise sur scène ». « Brigitte Macron n’approuve pas cette méthode radicale », a-t-on ajouté de même source.

Ce qui est gravissime, c’est que ces femmes aient tenté d’interrompre la représentation de quelqu’un qui avait bénéficié d’un non-lieu

 Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement

La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a aussi défendu Brigitte Macron, affirmant que la Première dame avait parlé avec « spontanéité » dans un « cadre privé et sur un sujet, encore une fois, sur lequel on ne peut lui faire aucun reproche ».

Interviewée sur France 2, elle a jugé que « ce qui est gravissime », c’est que ces femmes aient tenté d’interrompre la représentation « de quelqu’un qui avait bénéficié d’un non-lieu ». « Qu’est-ce que ça signifie? Ça signifie qu’au fond, la décision de justice n’aurait plus aucune importance », a-t-elle déclaré.

Réactions politiques

Les propos insultants formulés par la Première dame ont également fait réagir la sphère politique, à commencer par l’ancien président français François Hollande. « Même si on peut critiquer la forme, quand il s’agit de femmes qui luttent contre les violences faites aux femmes, on ne prononce pas des mots de cette façon », a-t-il souligné sur RTL.

On a commencé par les droits des femmes ‘grande cause du quinquennat’, ça termine en les insultant

Manon Aubry, eurodéputée LFI

« Ces propos sont gravissimes », « une Première dame ne devrait pas dire ça », a dénoncé de son côté la patronne des écologistes Marine Tondelier sur la chaîne BFMTV.

« On a commencé par les droits des femmes ‘grande cause du quinquennat’, ça termine en les insultant », a fustigé sur X l’eurodéputée LFI Manon Aubry. 

Hélène Krähenbühl