Un air poignant au violon envahit la place de la République, l’émotion étreint l’assemblée réunie en mémoire des victimes de l’attentat du 11 décembre 2018 dans le centre-ville de Strasbourg, qui a coûté la vie à Pascal Verdenne, Anupong Suebsaman, Kamal Naghchband, Antonio Megalizzi et Bartosz Piotr Orent-Niedzielski. Un chapiteau blanc, dressé sur le côté de la place, abrite une centaine de personnes, dont la moitié de familles et proches, ainsi que la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, la sous-préfète Cécile Rackette, et plusieurs personnalités locales.

Un chœur d’une soixantaine de collégiens et d’anciens de l’institution La Providence entonne « Strasbourg mon amour », une chanson hommage, écrite quelques jours après l’attentat par le professeur de musique Stéphane Kuhn et ses élèves, qui résonne à chaque commémoration : « Strasbourg de mon enfance, ce soir ni chants ni danses, il ne reste que le silence… »

Fayçal Marzouq, victime indirecte de l’attentat, prend ensuite la parole pour l’unique intervention du jour : « Ce soir-là, l’horreur a tenté d’étouffer la lumière. […] À celles et ceux qui ont perdu la vie, à ceux qui portent encore les blessures du corps ou du cœur, vous n’êtes pas oubliés. Je salue le courage des forces de l’ordre, des secours, des soignants, les professionnels des associations d’aide aux victimes et des citoyens », prononce-t-il sous le ciel gris.

« Pour ceux qui tombent et ceux qui restent »

Quatre gerbes de fleurs sont déposées au pied de « l’objet mémoriel », la stèle commémorative située sur la place, par les associations SOS France Victimes 67, Des larmes aux sourires, l’Association Victimes Attentats et Life for Nice. Puis les proches déposent à tour de rôle une rose blanche avant d’observer une minute de silence. « Nous la dédions à ceux qui luttent contre le rejet des autres, nous la dédions à Kamal, Bartek, Antonio, Pascal et Anupong et leurs proches. Nous ne vous oublions pas », évoque une élève avant que le chœur n’entonne la chanson « Pour ceux qui tombent et ceux qui restent », création originale elle aussi dédiée aux victimes de l’attentat de Strasbourg.

« C’est très important d’assister à cette cérémonie, j’y reviens chaque année, explique Clarisse Ichrak Marzouq en marge de l’événement. Dès novembre, dès que l’on parle du marché de Noël, je revis tout dans ma tête. » Cette agente de sécurité avait mis à l’abri 65 personnes le soir de l’attentat.