HANDOUT / AFP
Volodymyr Zelensky a déclaré que Washington continuait de demander d’importantes concessions à l’Ukraine dans les négociations pour mettre fin à la guerre.
Vers un tournant majeur ? Alors que l’administration de Donald Trump a proposé il y a près de trois semaines un plan visant à mettre un terme à la guerre en Ukraine, le président ukrainien a donné de plus amples détails sur les dernières avancées dans les négociations. Et l’Ukraine semble désormais prête à une concession capitale.
Volodymyr Zelensky a assuré aux journalistes, dont ceux de l’AFP, ce jeudi 11 décembre que les États-Unis continuaient de demander d’importantes concessions de la part de Kiev dans les négociations pour mettre fin à la guerre avec la Russie. Y compris le retrait de ses troupes du Donbass. Pas de quoi ravir le président ukrainien, qui a toujours refusé de céder une partie de son territoire à l’agresseur russe.
Selon le chef d’État en guerre depuis bientôt quatre ans, les deux questions essentielles restant à négocier sont donc le contrôle de la région orientale de Donetsk, où se déroule l’essentiel des combats, et le statut de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par Moscou dans le sud de l’Ukraine.
D’après Volodymyr Zelensky, Washington « voit les forces ukrainiennes se retirer » de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent encore et qui serait transformée en « zone économique libre » ou « zone démilitarisée ». En échange, l’armée russe se retirerait des zones sous son contrôle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk, mais se maintiendrait dans celles de Kherson et Zaporijjia. Pour rappel, les régions de Donetsk, contrôlées à plus de 80 % par la Russie, et celle voisine de Lougansk, presque totalement sous son contrôle, sont l’objectif prioritaire du Kremlin en Ukraine.
« Si les troupes d’un camp doivent se retirer et que celles de l’autre camp restent où elles sont, qu’est-ce qui empêchera ces autres troupes, les Russes, d’avancer ? Ou qu’est-ce qui les empêchera de se déguiser en civils et de prendre le contrôle de cette zone économique libre ? Tout cela est très grave », a d’abord avancé Volodymyr Zelensky. « Qui gouvernerait ce territoire, qu’ils (les Américains) appellent déjà zone économique libre ou zone démilitarisée, ils l’ignorent. »
Concession sur le Donbass
Malgré ces doutes, le négociateur ukrainien Mykhaïlo Podoliak a confié au journal Le Monde que l’Ukraine était toutefois prête à accepter une zone démilitarisée dans le Donbass, l’un des points majeurs des négociations menées avec les États-Unis et la Russie. « Une zone démilitarisée devra exister de part et d’autre de la ligne. Il faudra décrire, de manière logique et juridique, si tous les types d’armements doivent être retirés ou uniquement les armes lourdes », indique en ce sens le négociateur ukrainien. « C’est un format naturel de fin de conflit, sachant qu’une partie du territoire restera malheureusement sous occupation de facto de la Russie et qu’une ligne de séparation sera fixée de toute façon. »
« Pour prévenir d’éventuelles violations, des représentants de missions de surveillance et un contingent étranger devront être présents afin de veiller au respect des principes et des accords », ajoute-t-il, estimant qu’il faudra « définir clairement et précisément quels volumes et quelles missions seront confiés aux tiers ».
Il signale aussi que Kiev souhaiterait « idéalement » que les États-Unis participent à cette force de supervision afin d’assurer la « surveillance, le renseignement, le contrôle de l’application des accords, le contrôle de l’absence de mouvements non autorisés de troupes, le contrôle du respect de la ligne de séparation ».
« Discussion constructive et approfondie »
Le dirigeant ukrainien à part ailleurs assuré que dans tous les cas, une « élection » ou un « référendum » sera nécessaire en Ukraine pour trancher sur ces questions territoriales. Mardi, il s’était même dit prêt à organiser une présidentielle si la sécurité du scrutin pouvait être assurée par les États-Unis, avec les Européens.
Quant aux garanties de sécurité promises à l’Ukraine, Volodymyr Zelensky a indiqué avoir eu « une discussion constructive et approfondie avec l’équipe américaine » à ce sujet.
La veille de ces nouvelles annonces, il avait été annoncé que deux responsables ukrainiens avaient confirmé à l’AFP que Kiev avait remis aux États-Unis sa version mise à jour de ce plan, à un moment où le président américain redouble d’impatience face à Kiev et aux Européens. Le président ukrainien a reconfirmé ce jeudi que les États-Unis souhaitaient avant tout conclure un accord « le plus tôt » possible.
À ce stade, la version du plan américain révisée par les Ukrainiens lors de négociations à Genève et en Floride n’a pas été rendue publique. Un texte divisé en quatre parties a également été soumis au Kremlin lors d’un voyage de l’émissaire américain Steve Witkoff à Moscou la semaine dernière.