Bientôt à l’affiche de Narnia : Le Neveu du magicien, Daniel Craig est revenu sur la fin de ses années James Bond et la liberté acquise depuis.
Il y aurait une thèse (légère hyperbole) à écrire sur les carrières post-James Bond des différentes incarnations de l’espion anglais. Un tel rôle, qu’on le veuille ou non, marque la suite d’une filmographie. Chaque cinéaste à avoir employé Sean Connery après son service au MI6 a forcément pensé à l’image qui lui collait à la peau, les plus habiles s’en sont amusés pour la prendre à contre-pieds (Zardoz de John Boorman) ou la prolonger à leur manière (Rock de Michael Bay).
À l’heure où nous n’avons aucune certitude sur le prochain James Bond, cela fait déjà quatre ans que Mourir peut attendre, la dernière mission du 007 de Daniel Craig est sortie au cinéma. Depuis, le comédien a joué dans trois films et il est engagé sur le tournage de Narnia : Le Neveu du magicien de Greta Gerwig, sur Netflix. De quoi voir se dessiner quelques tendances. L’intéressé est justement revenu sur la question.

La toute dernière image (non, je pleure pas !)TOUT VA POUR LE MIEUX DANS LE MEILLEUR DES BOND
Interviewé par Radio Times magazine, l’acteur, qui incarnera l’oncle Andrew dans Narnia : Le Neveu du magicien, a raconté une certaine relâche post-Bond, comme la possibilité d’enfin oser autre chose :
Je crois que j’ai commencé à m’affranchir des conventions. Je n’hésite plus à accepter des choses qui m’auraient peut-être rendu un peu méfiant auparavant. À l’époque où j’étais en plein tournage de James Bond, le contraste entre ce rôle et un autre pouvait parfois être gênant et je pouvais me censurer. Je travaille plus dur que jamais, mais j’y prends aussi plus de plaisir que jamais. J’ai la chance de faire des choses vraiment intéressantes et variées.
Il est vrai que les différences sont notables. La première, qui saute aux yeux, est son infidélité régulière au grand écran. Les deux derniers À couteaux tirés sont des exclusivités Netflix et il en sera de même pour l’adaptation de C.S. Lewis. La seconde est son incarnation régulière de personnages homosexuels.

Après avoir rendu folles les femmes, Daniel devient chèvre pour ces messieurs
En effet, Daniel Craig, qui a incarné pendant 15 ans le parangon de la virilité hétéro, se plaît désormais à casser cette image. Dans Queer, de Luca Guadagnino, c’est explicite, l’acteur prêtant son corps à des scènes de sexe gay parfois très sensuelles. Mais c’est aussi le cas dans Glass Onion.
Non seulement l’apparition furtive de Hugh Grant en concubin de Benoît Blanc officialise malicieusement l’orientation sexuelle de ce dernier, mais la garde-robe pastel et les poses moins ouvertement testostéronées de Craig sont un contrepoint évident à la masculinité très brute de décoffrage de sa version de l’espion britannique. Il est d’ailleurs à noter que ce changement ne s’est opéré (ou du moins affirmé) chez le fin limier qu’à partir de sa deuxième enquête, c’est-à-dire une fois le costume de James Bond rangé au placard.
« Oui, j’aime les rayures, ça amincit »
Enfin, si l’on remonte un peu plus tôt, dans ce qu’on pourrait appeler la « période de transition hors 007 », avec notamment Logan Lucky et le premier À couteaux tirés on constate un appétit de comédie et d’autodérision qui ne peut que réjouir. Dans le long-métrage de Steven Soderbergh, trop blond, trop tatoué et génialement grotesque, l’acteur s’en donne à cœur joie dans une destruction en règle de ce qui faisait son charme stoïque et toujours impeccable de James Bond.
Dans sa première incarnation de Benoît Blanc, son accent français (ou cajun, on ne sait pas trop) et son air de ne jamais être dans le coup (même si, bien sûr, il a une longueur d’avance sur tout le monde) suscitent le rire, là aussi en embrassant quelque chose de ridicule.

Nouvelle permanente pour Daniel, qui en avait marre d’être le premier à sentir quand il pleut
Tout cela n’était-il qu’une phase ? Dans la bande-annonce de Wake Up Dead Man (c’est évidemment trop maigre pour tirer de réelles conclusions), la troisième version de l’enquêteur semble à la fois moins risible et moins queer que les deux premières. Si seule sa nouvelle coupe, désormais longue, fait office de contre-point bondien, cela dissimulerait mal un retour à la normale. Pour prendre réellement le pouls de cette nouvelle tendance, on attendra Narnia : Le Neveu du magicien, prévu pour 2026, et avant ça le dernier À couteaux tirés le 12 décembre 2025 sur Netflix.