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Incroyable : certains à droite continuent à faire barrage contre l’extrême droite. Vice-présidente de LR, Florence Portelli s’illustre depuis des semaines en s’opposant à la dérive de certains membres de sa famille politique, notamment Wauquiez – qu’elle a soutenu face à Retailleau – et son envie d’organiser une primaire jusqu’à Reconquête. Sur France Info ce jeudi, c’est Sarkozy qui en prend pour son grade, toujours sur le même thème du No pasaran. Concernant le barrage, l’ancien chef de l’Etat a clairement lâché la rampe, que ce soit dans son bouquin où il enterre l’idée de front républicain, où dans le Point ce matin où il explique sans frémir que Jordan Bardella, qu’il a reçu dans son bureau, lui a fait penser «au RPR au temps de Jacques Chirac». Un Chirac qui, selon Florence Portelli, «doit faire des saltos arrière dans sa tombe». «Il avait une constance dans sa vie, c’est d’être farouchement opposé au FN, poursuit-elle. Oser se revendiquer de Chirac pour aller cautionner une capitulation du pays vers l’extrême droite, je trouve ça lamentable. […] Il y a quelques années, il a commencé à tirer contre son propre camp en nous disant qu’il fallait se prosterner devant Macron. Puis maintenant il nous explique qu’il faut se prosterner devant Bardella. Juste, qu’il nous laisse aller vers un autre chemin.» On est donc dans un moment où certains gens de droite sont plus critiques à l’adresse de Sarko que des membres de la macronie.

Quelle ne fut pas notre surprise, à la lecture de Mediapart mercredi, de découvrir que Carla Bruni est intervenue auprès de Darmanin pour obtenir le droit de rendre visite à son prisonnier de mari plusieurs jours d’affilée. Selon le site d’info, «l’ex-première dame a notamment sollicité un parloir exceptionnel pour le samedi 1er novembre, jour de la Toussaint, alors qu’aucun parloir n’est organisé pour les familles pendant les jours fériés dans cette maison d’arrêt». Sarkozy a bénéficié de certaines facilités. Il a notamment eu un parloir avec son épouse le jour même de son incarcération. Bruni entrait dans la prison par «un chemin dissimulé», précisait dès la fin octobre le Figaro, sans passer par la queue et le portique de détection. Autre avantage : sa cellule était adaptée aux personnes à mobilité réduite et était donc bien plus grande que les cellules ordinaires. On a donc été surpris parce que dans son ouvrage, le même Sarkozy affirme n’avoir voulu jouir d’aucun passe-droit. Dès la page 27, il le martèle : «Je précisais même [à Macron] que je n’accepterai “aucun traitement de faveur”, toute modification étant susceptible de provoquer une polémique. Je voulais me conformer strictement à ce qui avait été initialement convenu par les autorités judiciaires.» Mince, il aurait menti ?

Le vote de 18 députés LR en faveur du budget de la Sécu relance le sujet de la guerre plus chaude que froide entre Wauquiez et Bruno Retailleau. Car le patron du parti aurait voulu que ses troupes s’opposent au PLFSS ou, a minima, n’en permettent pas l’adoption. Mais pourquoi les deux hommes n’ont-ils pas accordé leurs positions en amont ? Réponse de Retailleau dans le Figaro : «Nous l’avons fait. Mais je constate qu’il y a eu des négociations de couloir avec le gouvernement.» Voilà pour le chef des députés de droite, à qui le Vendéen reproche de jouer, via les débats budgétaires, «le deuxième tour de l’élection au parti», qu’il avait perdue avec 25 % des voix. Mais l’ex-ministre de l’Intérieur ne tient pas Wauquiez pour seul responsable, ciblant frontalement Lecornu dont il assure qu’il promettait au «socle commun» de ne «pas remettre en cause la réforme des retraites», avant donc de lâcher cette concession : «Tout au long des discussions budgétaires, il a choisi son interlocuteur : Wauquiez. Je comprends maintenant pourquoi…» De son côté, l’ancien président d’Auvergne-Rhône-Alpes s’interroge en privé, selon l’Opinion : «Pourquoi je prends la foudre ? […] Retailleau dit l’inverse de ce qu’il disait hier [sur les budgets Barnier et Bayrou] et tout le monde trouve qu’il est d’une cohérence extraordinaire.»

S’il y a bien un domaine dans lequel la macronie excelle, c’est celui du recasage des ex. Nouvelle illustration de cette capacité spéciale avec la nomination de Clara Chappaz en tant qu’ambassadrice pour le numérique et l’intelligence artificielle. L’ancienne directrice de la mission French Tech est récompensée après avoir été ministre déléguée au Numérique sous Michel Barnier puis François Bayrou. Autre recasage validé au Journal officiel ce matin : Guillaume Vuilletet est nommé «délégué interministériel à la souveraineté agricole des outre-mer». L’ex-député macroniste venu d’EE-LV, battu en 2024, avait déjà trouvé un nouveau point de chute depuis le début de l’année et son arrivée à l’Élysée comme conseiller outre-mer d’Emmanuel Macron.

Est-ce pour cela qu’il jure qu’il ne compte pas revenir dans le jeu politique ? Christophe Castaner n’est pas épargné par les polémiques qui touchent Shein, dont l’ancien ministre de l’Intérieur a été conseiller de décembre 2024 à octobre 2025. Dans l’émission Complément d’enquête sur Shein, qui sera diffusée ce jeudi soir, l’ancienne ministre du Commerce Véronique Louwagie explique comment celui qui préside désormais aux destinées du Grand Port de Marseille l’a approchée pour tenter de «dédiaboliser» la plateforme d’ultra fast fashion asiatique. «Il m’a sollicitée par SMS plusieurs fois, c’était quand même assez insistant», raconte Louwagie dans cette enquête réalisée en partenariat avec le Nouvel Obs. «Il m’indiquait que le président Tang [Donald Tang, président exécutif de Shein, ndlr] venait en France et qu’à cette occasion le président serait très honoré de me rencontrer», raconte encore l’ex-ministre. Elle dit avoir «toujours refusé» ces rencontres, que Shein «utilisait pour se dédiaboliser». «C’est une forme de lobbying, […] pour s’incruster dans le paysage du monde du textile ou du monde du commerce en France», estime-t-elle. Interrogé par Complément d’enquête, Castaner nie ces tentatives.