Par
Gabriel Kenedi
Publié le
11 déc. 2025 à 19h55
L’art est-il une mode ? Ou la mode est-elle un art ? Voilà l’épineuse question posée par le musée d’art contemporain toulousain qui crée l’événement en donnant carte blanche à Jean-Charles de Castelbajac.
Une exposition dédiée à un créateur de génie
Chaque visiteur se fera son propre avis, mais une chose est sûre : cette exposition ambitieuse, colorée, passionnante et réjouissante vous donnera du grain à moudre ! Sur le papier, tous les ingrédients semblent réunis pour que cette exposition – qui se tient du 12 décembre 2025 au 23 août 2026 – batte tous les records de visites.
Pourquoi un tel enthousiasme ? Parce que cette rétrospective consacrée à ce créateur de génie pourra parler aussi bien au très grand public qu’aux aficionados du célèbre couturier à la gamme chromatique si reconnaissable.
55 ans de carrière
Aux Abattoirs, l’iconoclaste Jean-Charles de Castelbajac retrace 55 ans de carrière dans une exposition qui s’étale sur 900 m² et qui mêle installations, vêtements, objets de design, dessins ou photographies. Avec une scénographie brillante qui met en lumière l’audace et l’inventivité sans limite de cette icône de la mode… dont on s’aperçoit, à travers cette exposition, qu’il est sans doute encore bien plus que ça !
« Lorsque Lauriane Gricourt (la directrice des Abattoirs, ndlr) m’a dit qu’elle me donnait carte blanche, j’ai eu le sentiment que je pouvais enfin cristalliser mon archipel », se réjouit Jean-Charles de Castelbajac, qui a forgé son art très tôt, dès l’âge de 17 ans («un refuge et une résistance » à la dureté de son enfance, aime-t-il à dire) et qui a su sans cesse se renouveler à travers ses différentes créations et collaborations.
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Des pièces iconiques sont à découvrir, comme ce manteau teddy-bear. (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
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Des pièces iconiques
De cette grande rétrospective, qui propose près de 300 œuvres choisies avec soin par Jean-Charles de Castelbajac himself, on retrouve de nombreuses pièces iconiques (des fameux manteaux teddy-bear jusqu’aux vêtements liturgiques portés dans le cadre de la réouverture de Notre Dame de Paris) mais aussi des facettes moins connues de cet artiste touche-à-tout, un terme qui l’amuse.
« Anticiper, ça veut dire respirer l’air du temps avant les autres. Et moi, j’ai voulu respirer l’air du temps avant les autres, parce que j’aimais ce qui était bizarre, j’aimais ce qui était alternatif, j’aimais ce qui était à contre-courant, j’aimais ce qui était hors norme, j’aimais ce qui était punk, j’aimais ce qui était rock, j’aimais les bidouillages, j’aimais les artistes qui n’étaient pas célébrés, ceux qu’on ne comprenait pas. Car ceux qu’on ne comprend pas, ce sont des artistes qu’on comprendra dans le futur ».
Jean-Charles de Castelbajac
Détournements et collaborations sont d’ailleurs au cœur de sa pratique qui s’inscrit quelque part entre l’art, la mode, la musique, entre l’histoire, le sacré, la pop culture et l’enfance.
« Une vision très singulière de la mode ».
Pour Lauriane Gricourt, cette exposition est là pour « combler un certain manque ».
Elle s’explique : « On connaît souvent le travail de Jean-Charles de Castelbajac à travers une seule dimension, notamment à travers ses pièces iconiques. Mais ce n’est qu’une vision très partielle, d’un travail extrêmement riche, qui est multiple, protéiforme et dont la vision de la mode est très singulière et pionnière. Il a inspiré beaucoup de créateurs sans que cela soit dit ou que cela ne soit su. On voulait montrer cela et mettre en avant sa vision très singulière de la création en général. Cette rétrospective porte un regard inédit sur le travail de Jean-Charles de Castelbajac, qui n’avait jamais été présenté dans un musée d’art contemporain », souligne la directrice du musée, qui entend aussi casser à sa manière les codes et les barrières en proposant pour la première fois « une exposition de mode » aux Abattoirs.
Un voyage initiatique et une volonté de transmission

Jean-Charles de Castelbajac devant ses créations imaginées dans le cadre de la réouverture de Notre Dame de Paris (©Gabriel Kenedi / Actu Toulouse)
Jean-Charles de Castelbajac, un artiste « très poreux aux transformations de la société, aux vibrations du monde », a su aussi se remettre en question au fil des décennies.
On ne dévoilera pas tout – un trésor qui le lie fortement à Toulouse est notamment dévoilé en fin d’exposition – mais à travers un parcours thématique foisonnant et immersif, ponctué d’installations réalisées spécialement pour les Abattoirs, Jean-Charles de Castelbajac propose un voyage presque initiatique dans son univers.
Ce qui est émouvant, aussi et surtout, à travers cette rétrospective Jean-Charles de Castelbajac, c’est aussi cette volonté transmission aux générations futures qui transpire chez le célèbre créateur.
« J’ai voulu transformer les Abattoirs en un château, un endroit immersif, un endroit où on peut s’approprier les murs. Cette exposition est là pour transmettre et dire : ‘regarde ce que j’ai fait, utilise mes techniques, prends ma technique de détournement, impose-la !’».
Il ne reste plus qu’à aller voir !
Du 12 décembre au 23 août 2026. Infos et tarifs sur le site des Abattoirs.
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