Dans le Val-d’Oise ou les Yvelines, de plus en plus d’exploitants franciliens se lancent dans la vigne. Dans ce secteur en crise et après des années d’interdiction, les producteurs misent sur les circuits courts et le bio pour subsister.
À Magny-en-Vexin, dans le Val-d’Oise, la famille Philippon cultive des céréales depuis 4 générations. Aujourd’hui, leur production céréalière s’étend sur 180 hectares. En plus, ils ont rajouté depuis 2024 5 hectares de vigne pour se diversifier. Conscients des situations compliquées des viticulteurs du sud de la France qui arrachent des vignes faute de consommateurs, les Philippon assure que » l’idée n’est pas d’aller concurrencer d’autres régions « .
« On a planté que du blanc, on sait que le marché du rouge est un peu compliqué. Nous avons vraiment l’idée de faire du local en bio », développe Ulysse Philippon, exploitant du domaine au nom évocateur « Entre deux grains ». Son but : « pouvoir aller vendre des produits sur Paris ». Depuis leur première récolte en 2024, les Philippon ont produit 10 000 bouteilles et commencent tout juste à vendre en direct aux particuliers. Avec la cuvée 2025, ils espèrent en produire le double.
La viticulture en Île-de-France, un secteur en renaissance
Si les Philippon se sont lancés dans la vigne l’année dernière, d’autres exploitants franciliens la cultivent depuis plusieurs années déjà. C’est le cas d’Adrien Pélissier, il est exploitant du domaine « La Bouche du Roi » depuis 2017. C’est le plus grand domaine viticole d’Île-de-France. 25 hectares de merlot, chardonnay et chenin situés à Davron dans les Yvelines.
Les vignes sont plantées au même endroit que les anciens vignobles du Roi. « Ici, il y a que de petits contenants. On travaille comme dans une manufacture horlogère. Ce sont des vins qui coûtent beaucoup plus cher à produire mais, c’est une approche de niche », détaille Adrien Pélissier qui emploie neuf salariés.
Le domaine « la Bouche du Roi » privilégie les circuits courts pour la distribution de ses vins. © France Télévisions – France 3 Paris Île-de-France
Cette approche : produire des vins en circuits courts « qui vont être consommés dans les restaurants de la capitale avec la promotion des prescripteurs du marché, les sommeliers et les chefs ». Dans de rares cas, certaines bouteilles s’exportent même aux Etats-Unis dans des restaurants étoilés. En Île-de-France, la viticulture est tout juste en train de renaître. .
Après plusieurs siècles de présence dans la région, les vignobles ont presque tous disparus. À la suite de plusieurs années d’interdiction, la vente de vins produits au nord de la Loire n’est autorisée que depuis 2016. Depuis, une vingtaine de professionnels se sont installés dans la région, principalement en Seine-et-Marne.
Reportage de Tania Watine et Wilfried Redonnet