Une rencontre a été organisée ce mercredi 10 décembre à Buenos Aires, en présence de Romain Nadal, ambassadeur de France en Argentine (tout à droite). Nelson Dusetti, directeur de recherche à l’Inserm et responsable du labo commun au CRCM (deuxième à…
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Frapper plus fort et plus vite. Un laboratoire franco-argentin dédié à la recherche contre le cancer du pancréas vient d’être créé au Centre de recherche en cancérologie de Marseille (CRCM) par l’Inserm, en partenariat avec le CEFYBO de Buenos Aires. Une nouvelle et indispensable étape dans la coopération scientifique internationale pour combattre un fléau mondial. « C’est une priorité car le cancer pancréatique est celui dont l’incidence augmente le plus vite dans le monde et pour lequel les traitements ne sont pas assez efficaces, explique Nelson Dusetti qui pilote le déploiement opérationnel. Avant, il touchait des gens de plus de 50 ans avec un pic à 70 ans et aujourd’hui, nous avons des patients de 40-50 ans. C’est un enjeu de santé publique majeur qui dépasse notre pays. »
En France, on estime à 16 000 le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas chaque année. C’est moins que les cancers du sein, de la prostate ou du colon. « Sauf que l’incidence est presque égale à la mortalité, précise le chercheur qui dirige au CRCM l’équipe « Recherche translationnelle et thérapeutique dans le cancer du pancréas ». Il faut l’étudier pour mieux le comprendre et le vaincre. Mais nous n’avons pas suffisamment de patients pour faire progresser la recherche. Il faut donc ouvrir les frontières. La collaboration internationale est essentielle pour trouver de nouveaux traitements. »
Ce « Joint Lab » (label attribué à des coopérations d’excellence) s’inscrit dans le cadre du Réseau International de Recherche de l’Inserm. Il vise à approfondir la compréhension moléculaire et immunologique de l’adénocarcinome canalaire pancréatique et à développer de nouvelles stratégies thérapeutiques. Le résultat de plus d’une décennie de collaborations entre Marseille et Buenos Aires, initiée par le professeur Juan Iovanna (Inserm, CRCM) et Eduardo Chuluyan (CEFYBO, UBA/CONICET). « L’Argentine est un pays émergeant avec une dynamique scientifique forte, leur laboratoire est spécialisé en immunologie, souligne Nelson Dusetti. L’Institut Paoli-Calmettes est aussi impliqué comme centre de référence pour favoriser l’innovation et la recherche translationnelle. »
Le cadre institutionnel a été posé avant-hier à l’ambassade de France en Argentine. Une formalité qui marque le point de départ de cette collaboration qui va impliquer un grand nombre de chercheurs. Rien qu’à Marseille, ils seront une quarantaine. Avec ce labo commun, deux nouveaux experts ont déjà été accueillis au CRCM, Dr Daniel Grasso et Dr Carla Remolins. « Ici, nous sommes le premier laboratoire au monde à avoir identifié des signatures prédictives du cancer pancréatique, se félicite le biologiste moléculaire. Cela nous permet de prédire la manière dont le patient va réagir au traitement et de personnaliser les soins. »
Cette initiative a pour objectif d’identifier les sous-populations tumorales multi-résistantes pour mieux comprendre les échecs thérapeutiques, de caractériser le profil immunologique associé à la progression tumorale et à l’évasion immunitaire ainsi que de développer des outils d’intelligence artificielle pour prédire la réponse aux traitements et guider les thérapies personnalisées. « Ce travail collaboratif est officiel et structuré pour plus d’efficacité. C’est important et ça donne de l’espoir. »
Une démarche qui peut s’inscrire aussi dans le projet « Fight Cancer », le premier bâtiment entièrement consacré à la recherche sur le cancer du pancréas adossé à un hôpital en France. Ça sera sur le site de l’IPC courant 2026, renforçant la continuité entre la recherche et les soins pour faire de Marseille un centre de référence international dans le domaine.