D’abord le peuplier, ensuite l’okoumé puis le pin maritime avant le petit dernier, le sapin d’Auvergne : le groupe Thebault transforme désormais ces quatre essences de bois après avoir commencé en 1953, moins de douze mois après une tempête dont les rafales à 180 km/h avaient fait se coucher les arbres sur les voies d’eau du Marais poitevin. Aujourd’hui, Antoine Thebault ne peut que le constater, lui qui a pris les rênes de l’entreprise familiale en 2022 dans la continuité de son grand-père, Jean, puis de son père, Jean-Charles, et de son oncle, Benoit, rejoints plus tard par son autre oncle, Henri-Jean : à l’époque, « nous ne savions pas que nous allions pouvoir raconter cette belle histoire ! » Plus de soixante-dix ans après, le groupe dont le siège social se situe à Magné (Deux-Sèvres) dispose de six usines, notamment une à Sauzé-Vaussais, d’où est originaire la famille, et une autre au Gabon, mais aussi d’une exploitation forestière partagée avec Archimbault à Secondigné-sur-Belle.

L’usine de Magné du groupe Thebault compte 100 salariés, sans compter quinze autres pour le seul siège social au même endroit. L’autre usine deux-sévrienne de l’entreprise est implantée à Sauzé-Vaussais, berceau de la famille.

L’usine de Magné du groupe Thebault compte 100 salariés, sans compter quinze autres pour le seul siège social au même endroit. L’autre usine deux-sévrienne de l’entreprise est implantée à Sauzé-Vaussais, berceau de la famille.
© (Photo NR, Jean-André Boutier)

Leader national et n°5 en Europe dans son domaine, Thebault exporte 70 % de ses 125.000 m3 de panneaux contreplaqués produits chaque année et ce, à travers vingt pays du Vieux continent : arrivent en tête les Pays-Bas, le partenaire historique, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Avec son unité de Haute-Loire mise en service il y a quelques semaines, le taux d’exportation devrait même atteindre 80 %. Sorti de terre après un investissement de 100 millions d’euros, ce site est dédié au LVL, pour Laminated Veneer Lamber, ce qui en fait le premier en Europe du Sud-Ouest : il emploiera 85 salariés quand il tournera à plein régime.

Dès 2026, avec ce matériau d’ingénierie bois destiné aux structures des bâtiments, « nous allons nous étendre en Afrique du Sud, en Australie, aux États-Unis, au Japon et au Moyen Orient », énumère Antoine Thebault. De quoi viser, en 2028, une augmentation du chiffre d’affaires de 70 millions d’euros. D’ici cinq ans, la production annuelle de la seule usine de LVL, ou Lamibois, est censée atteindre 100.000 m3.

« On peut nous considérer comme des kamikazes ! »

« Il s’agit d’un gros projet, on peut nous considérer comme des kamikazes ! », sourit le dirigeant de 46 ans, qui loue l’implication de sa « belle équipe », notamment composée par dix salariés et sept agents pour sa partie commerciale. Car malgré « la terrible instabilité économique et politique qui freine l’activité et l’investissement, nous nous sommes confié une mission dont nous sommes fiers : produire toujours plus en France et industrialiser notre pays pour qu’il retrouve une certaine souveraineté. Parce qu’un pays qui ne produit pas est un pays mort ».

De gauche à droite : Aurélien Guyomar (responsable commercial France), Hervé Richard (directeur commercial), Véronique Clergeaud (référente logistique), Hélène Nivard (assistante commerciale), Antoine Thebault (P-DG), Erika Lambrecht (assistante export), Valérie Lucas (assistante export) et Carine Souvestre (assistante export).

De gauche à droite : Aurélien Guyomar (responsable commercial France), Hervé Richard (directeur commercial), Véronique Clergeaud (référente logistique), Hélène Nivard (assistante commerciale), Antoine Thebault (P-DG), Erika Lambrecht (assistante export), Valérie Lucas (assistante export) et Carine Souvestre (assistante export).
© (Photo NR, Jean-André Boutier)

Depuis les Deux-Sèvres, le groupe Thebault tire son épingle du jeu face à l’Amérique du Sud, une Afrique de l’Ouest où œuvrent Chinois et Indiens, et toute l’Asie. « C’est une concurrence féroce, parfois déloyale voire illégale. On se bat avec nos armes. Nous ne sommes pas les meilleurs parleurs mais, dans les actes, nous prenons des risques tous les jours. Nous faisons ce que nous disons », affirme le chef d’entreprise. Et les projets en cours ne manquent pas, le PDG citant le relooking de ses usines, le renforcement des systèmes de lutte contre les incendies sur ces mêmes sites ou la modernisation des outils de travail : « Nous sommes une entreprise qui va bien jusqu’à aujourd’hui et qui veut décarboner notre monde. Mais tout est toujours fragile. »

Repères

Groupe Thebault

47, rue des Fontenelles, 79460 Magné. 

groupe-thebault.com

> CA 2024 : 100 M€.

> Effectif : 420 salariés, dont 200 dans les Deux-Sèvres, à Magné et à Sauzé-Vaussais.

> Dirigeant : Antoine Thebault, PDG.