Les collectivités locales ont-elles un rôle à jouer en termes de protection des entreprises, de souveraineté et de localisme ? L’exécutif régional breton a répondu oui, lors de la session d’orientation budgétaire du conseil, à Rennes (Ille-et-Vilaine), le 11 décembre 2025, en voulant faire de la commande publique, 300 millions d’euros par an, un levier stratégique pour favoriser l’achat local, dans un plan sur 2026-2028 au petit nom de Spaser, pour Schéma de promotion des achats socialement et écologiquement responsables.

Le conseiller régional en charge de l’achat public, Simon Uzenat, détaille les objectifs :  70 % des contrats doivent être attribués aux très petites, petites et moyennes entreprises ; 70 % devront comporter une clause sociale ; 100 % devront comporter une clause sur l’égalité femmes-hommes ; 100 % devront avoir un critère environnemental ; 65 % des denrées servies dans les cantines seront sous signe de qualité et 40 % issues de l’agriculture bio. 

Pour la droite et l’extrême droite, le Spaser est  un outil technocratique  qui pénaliserait les plus petites entreprises. Quand Stéphane de Sallier Dupin, du groupe Hissons haut la Bretagne, droite, centre et régionalistes, cite Georges Pompidou pour dire  qu’il faut arrêter d’emmerder les Français  avec toujours plus de normes, Gilles Pennelle, du Rassemblement national, estime qu’il s’agit  d’un manifeste idéologique plus qu’un outil de gestion .

Un outil de protection

Des propos qui poussent Simon Uzenat, du groupe Bretagne sociale démocrate, écologiste et régionaliste, à défendre la démarche :  Si c’est cela votre analyse, alors ce ne sont pas les entreprises bretonnes qui seront choisies. Avec la concurrence internationale de plus en plus féroce, c’est un outil de protection de nos entreprises. 

Cette politique liée la commande publique s’inscrit aussi dans une démarche plus large de relocalisation des achats portée par Loïc Hénaff, du même groupe politique. Estimant que  notre économie est beaucoup trop vulnérable et trop dépendante , l’industriel et élu rappelle que  nous consommons ce que les autres produisent .

Le programme Relocalisons.bzh vise ainsi à aider les entreprises et les collectivités à s’approvisionner de préférence en Bretagne, Loire-Atlantique comprise.  Il y a un potentiel de 130 000 emplois et 5,3 milliards d’euros de chiffres d’affaires relocalisables à horizon 2030 et une réduction de 3,9 millions de tonnes de CO2 , détaille-t-il, se félicitant aussi d’avoir le soutient actif et engagé des principales organisations professionnelles (Medef, UIMM, ABEA, Produit en Bretagne, CCI, FFB…).

Une fois n’est pas coutume, l’extrême droite et la droite ont approuvé cette démarche, même si Isabelle Le Callennec, du groupe Hissons haut la Bretagne, droite, centre et régionalistes, prévient que la relocalisation des achats  peut s’avérer plus coûteuse . Un argument que Loïc Hénaff ne nie pas  pour certains produits, mais pas pour tous ».

Et il propose une méthode.  Il faut considérer le coût complet d’un produit en additionnant d’autres coûts que le prix net. Le transport, le dédouanement, le coût de réception, la non-qualité qui nécessite parfois des retours, le taux de change… Cela réduit l’écart , assure l’élu, qui a incontestablement la crédibilité du chef d’entreprise. Quant à la question de laisser la liberté aux entreprises de choisir où elles font leurs achats, Loïc Hénaff veut tempérer.  On ne veut pas forcer mais bousculer les choses.