C’est la fin d’une longue période d’incertitude pour Wiseed. Placée en redressement judiciaire fin octobre, au terme de deux années « très difficiles », la pionnière européenne du crowdfunding, née à Toulouse en 2008, s’en sort « par le haut », selon sa présidente Mathilde Iclanzan. Le tribunal de commerce a tranché ce jeudi en faveur de l’entreprise Advenis, dont l’offre a été retenue parmi les cinq candidats à la reprise.

Il faut dire que le nouvel actionnaire de Wiseed coche « toutes les cases ou presque ». La complémentarité apparaît évidente : d’un côté, l’expertise immobilière reconnue d’Advenis, qui gère ou administre 4 milliards d’euros d’actifs ; de l’autre, le positionnement digital de Wiseed et ses 33 000 investisseurs. « Nous sommes la pièce du puzzle qu’il leur manquait », se réjouit Mathilde Iclanzan.

Même enthousiasme du côté d’Advenis. Pour le groupe de gestion de patrimoine et d’investissement immobilier créé en 1995, coté en bourse, qui compte 300 collaborateurs en France et en Europe, l’acquisition de cette « nouvelle brique digitale » représente un levier de développement stratégique. « D’abord, nous intégrons un canal de distribution supplémentaire, BtoC, en ligne et en direct. Et puis, nous sommes spécialistes des produits de long terme alors que Wiseed, sur le volet immobilier, privilégie la maturité courte. De plus, elle intervient aussi pour des start-up, notamment dans la santé et la transition énergétique », salue Rodolphe Manasterski, directeur général délégué du groupe. « Ensemble, nous pourrons créer de nouveaux produits innovants, pour mieux répondre aux attentes de diversification des investisseurs », résument-ils d’une même voix.

Une transition en deux temps

La reprise s’effectuera progressivement. Durant une période transitoire, « probablement entre six et neuf mois », Wiseed continuera d’opérer avec ses propres agréments PSI [1] et PSFP [2] délivrés par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), avant que l’ensemble des activités ne soit transféré vers une filiale spécialement créée par Advenis, une fois ses propres agréments obtenus. « Ces deux séquences permettent la conformité réglementaire et la continuité opérationnelle », précise le communiqué des deux entreprises.

Mathilde Iclanzan restera directrice générale jusqu’à la fin de la période transitoire. La marque sera également conservée. Et ensuite ? « Nous y réfléchirons. Mais il est clair que Wiseed est un nom très fort, emblématique du secteur, auquel la communauté est extrêmement attachée », indique Rodolphe Manasterski.

Objectif, recruter à nouveau

Dix-huit salariés, sur les vingt-et-un que compte actuellement Wiseed, font partie de la reprise. Pour la plupart d’entre eux, la bascule est d’ailleurs immédiate : « Dès ce vendredi 12 décembre, quinze personnes dont les métiers ne sont pas purement règlementés deviennent collaborateurs Advenis », confirme le directeur, qui tient à rassurer : « Notre objectif est clairement de repartir dans une dynamique de recrutement. Des postes sont déjà identifiés, notamment sur les métiers de la relation client ou encore le développement informatique », ajoute-t-il.

Une histoire tourmentée qui finit bien, grâce, en partie à la mise en œuvre du dispositif de « prepack cession » : cette procédure accélérée, qui aura permis de boucler la procédure en quelques semaines seulement, un élément clé du succès de l’opération. D’autant plus notable que Wiseed avait elle-même sollicitée le tribunal, face au blocage d’un actionnaire minoritaire qui refusait toute ouverture du capital.

Marie-Dominique Lacour

Sur la photo : Mathilde Iclanzan (Wiseed) et Rodolphe Manasterski, (Advenis). Crédit : DR.

Notes

[1] Prestataire de services d’investissement

[2] Prestataire de services de financement participatif