Sur le quai du port, les épaves et l’eau noire qui en ruisselle attisent la curiosité des passants. La pêche a – hélas – encore été bonne. En trois quarts d’heure, 18 trottinettes ont été repêchées dans le Vieux-Port de Marseille, ce jeudi en début d’après-midi. Elles viennent s’ajouter aux plus de 1 500 deux-roues (trottinettes et vélos) déjà sortis de l’eau, depuis 2019, par la Société nautique de la Corniche (SNC). « Nous en sommes à 242 en 2025 », pose Roland Guillier, trésorier de la SNC, avant le début de l’opération.
Sous l’eau, c’est Patrick Roméo, le président du club, qui plonge : tous les mètres, une nouvelle trottinette est remontée à terre. Recouvertes de mollusques, elles sont à peine identifiables. « Elles sont là depuis 2019 au moins« , estime le plongeur. Ce que confirme Octave Labbé, responsable des opérations marseillaises chez Lime, l’un des deux opérateurs à Marseille avec Voi : « Ce sont d’anciens modèles, en effet… »
Lime, Voi, Bird et même Circ : tous les opérateurs sont concernés par la problématique des trottinettes jetées dans l’eau à Marseille. / PHOTO Noa Thevenin
Si vieux que la marque n’existe parfois même plus, comme ces Circ, entreprise rachetée par Bird en 2020, ou justement des Bird, qui n’opère plus dans la cité phocéenne depuis 2023.
Des véhicules empêtrés dans la vase
Comment expliquer que ces trottinettes polluent depuis si longtemps le Vieux-Port alors même que la société nautique du 7e arrondissement indique effectuer des opérations de ramassage une fois par semaine en été et deux fois par mois en hiver ? « Il y a beaucoup de câbles, de cordages, de chaînes, tout est emmêlé avec les trottinettes au milieu, répond Patrick Roméo. Au fond, il y a plusieurs mètres de vase, quand on bouge un peu, tout se trouble et on ne voit plus rien. Et à cet endroit précis, on n’avait plus plongé depuis plusieurs années. »
La SNC effectue des repérages quelques jours avant les opérations. « On surveille les trottinettes qui basculent en veille prolongée, complète le responsable de Lime. Si elles sont géolocalisées dans l’eau, on envoie leurs coordonnées à la société nautique pour qu’elle les repêche. »
Sur le Vieux-Port, des trottinettes ayant passé plus de six ans dans l’eau ont été remontées à la surface par la Société nautique de la Corniche. / PHOTO Noa Thevenin
Certaines trottinettes étaient visibles depuis la surface. Et en moins d’une heure, le zodiaque était plein. « Ensuite, on les nettoie un peu, on les identifie avec le QR code et on prévient les opérateurs pour qu’ils viennent les chercher », poursuit Roland Guillier. Celles qui le peuvent sont remises en service, les autres partent pour le recyclage. Ce sera le cas pour ces 6 Lime, 3 Voi et 9 Bird (dont 2 Circ).
Beaucoup de bonbonnes de gaz hilarant
Si la SNC œuvre entre la Pointe-Rouge et Corbières, « c’est autour du Vieux-Port qu’on en trouve toute l’année et, en été, au Mucem et entre la Fausse-Monnaie et le Prophète« , note le trésorier de l’association défrayée par les deux opérateurs. « Il y en a de moins en moins, les gens font plus attention et ont compris les enjeux environnementaux, nuance Octave Labbé. Actuellement, on en dénombre moins de 10 chaque mois. »
Sous l’eau, les plongeurs trouvent aussi « beaucoup de bonbonnes de protoxyde d’azote », des barrières et des vélos, notamment ceux de la Métropole. « Mais on arrête de les repêcher parce qu’on n’a pas d’accord avec elle et qu’on se retrouve à les stocker », prévient le trésorier. Outre « des bouteilles de vin encore fermées qu’on a bues », les plongeurs sont aussi tombés sur « une moto immergée depuis plus d’un an autour de la capitainerie » ou de la vaisselle en tout genre. La dépollution du Vieux-Port est loin d’être terminée…