Publié le
11 déc. 2025 à 18h16
Une double porte blindée, dont chaque battant pèse 200 kg, un sas d’entrée en cours de finalisation et des vitres opaques qui affichent un mystérieux sigle, « TIMG ». Non, le commerce qui s’apprête à ouvrir ses portes dans la rue Camille-Randoing, dans le centre-ville d’Elbeuf (Seine-Maritime), n’a rien d’ordinaire.
« TIMG », pour « This is my gun », c’est le nom que Nicolas Brument a choisi pour l’armurerie où il compte vendre armes, accessoires et munitions à partir de début 2026, après des années d’attente, de démarches et de travaux.
« Un rêve de gosse »
« Je vais enfin faire ce dont je rêve depuis que je suis gosse, ouvrir une armurerie ! » Plein d’enthousiasme, ce grand gaillard de 53 ans a dû attendre de prendre sa retraite de la police nationale pour se lancer. « Pour mes parents, c’était impossible de faire un métier manuel », confie celui qui dit avoir toujours vécu dans l’agglo d’Elbeuf.
Alors il s’est dirigé vers la police, où il a exercé au grade de Major, à Rouen, sans jamais s’éloigner de sa vraie passion.
« Je pratique toutes les disciplines de tir depuis environ 30 ans, sauf la chasse », rembobine Nicolas Brument. Il est notamment un tireur assidu et un membre du bureau de l’association qui occupe le stand de tir, sur les hauteurs d’Elbeuf.
Son CV est solide, mais il a eu de la peine à convaincre. C’est que l’ouverture d’une armurerie, par les temps qui courent, tout le monde n’est pas prêt à l’accompagner.
J’ai essuyé 24 refus d’établissements bancaires. Pour l’installation, il n’y avait que Caudebec et Elbeuf qui étaient d’accord. Toutes les autres mairies contactées ne voulaient pas d’une armurerie.
Nicolas Brument, patron de l’armurerie This is my gun
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Finalement, son choix s’est porté sur Elbeuf. Peut-être un peu grâce à l’opportunité d’y racheter les murs où il s’installe. Peut-être aussi par nostalgie : « Je me souviens, il y a très longtemps, peut-être 35 ans, qu’il y avait trois armureries dans la rue des Martyrs. »
Mais surtout parce que l’emplacement est stratégique. « Il y a trois stands de tir dans un rayon de 10 kilomètres et les concurrents les plus proches sont à Eslettes et à Vernon, donc mon étude de marché m’a confirmé qu’il fallait que je m’installe au sud de la Métropole », indique le futur commerçant.
Armes, munitions et sécurité renforcée
Dans ce grand local dont il peaufine l’aménagement et la décoration, Nicolas Brument compte surtout s’adresser aux passionnés. Les amateurs de tir sportif, comme lui, mais aussi les chasseurs.
Il y aura des armes et des munitions de catégories C et D : pour le tir, la chasse et des armes de défense comme des aérosols et des tasers.
Nicolas Brument
Pour vendre de telles armes, il a fait l’objet de nombreux contrôles et enquêtes, notamment de la part de ses anciens collègues policiers ou de la préfecture. Et il peut déjà s’attendre à de nouveaux contrôles, puisqu’il espère à l’avenir étendre son commerce aux armes de catégorie B, c’est-à-dire des armes de poing et des armes semi-automatiques. « Mais pour ça, il faut déjà être ouvert pendant quelque temps pour obtenir une autorisation préfectorale », poursuit-il.
Si son activité va certainement beaucoup faire réagir, Nicolas Brument assure qu’il respecte toutes les législations et toutes les normes de sécurité : « Il y en a même certaines où on va plus loin que la règle ! »
Par exemple, pour rentrer, les clients devront obligatoirement être identifiables, majeurs ou accompagnés de leur responsable légal, ne pas porter de masque, d’écharpe ou de bonnet… « C’est simple, dans le cas contraire, on n’ouvre pas », promet le gérant.

Pour This is my gun, l’armurerie qu’il va ouvrir à Elbeuf (Seine-Maritime), Nicolas Brument a souhaité une décoration plus moderne que ce qui se fait habituellement dans les armureries. ©Aurélien Delavaud
Et la sécurité du local, dans tout ça ? Là aussi, Nicolas Brument assure qu’il a fait les choses en grand : portes renforcées, système d’alarme… Tout y est ! Et encore, le patron ne dévoile pas toutes ses cartes, au cas où.
Les armes de catégories B, elles, ne seront visibles que par les clients qui auront montré patte blanche, en rentrant leur nom dans un fichier de la préfecture. Ce n’est qu’après cette étape qu’ils pourront rentrer dans une petite salle, derrière une porte blindée, qui fait penser à la salle des coffres d’une banque.
Partager une passion
Dans le reste de la boutique, plutôt que de parler de la sécurité des lieux, le responsable espère que les clients viendront surtout partager leur passion, entre eux ou avec Nicolas et ses deux collaborateurs.
À ses détracteurs potentiels, le patron de This is my gun répond souvent la même chose.
On dévalorise les armes. Pour les gens, c’est sale, c’est dangereux. Mais l’arme, c’est un objet. Si on la pose sur la table, elle ne bouge pas.
Nicolas Brument
Une façon de dire que c’est ce qu’on en fait qui pose problème.
Alors Nicolas Brument préfère se concentrer sur l’aspect positif : « Le visage des gens quand ils reçoivent leur arme. » C’est d’ailleurs dans ce sentiment d’appartenance qu’il est allé puiser pour nommer sa boutique.
« This is my gun, c’est le début d’une prière des Marines. Elle dit »Voici mon arme. Il y en a beaucoup comme elle, mais celle-ci est la mienne. » Je trouve que ça résume bien tout », conclut-il dans un grand sourire.
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