Une sanction qui pourrait «infléchir le cours de la guerre». Le gel des plus de 200 milliards d’euros d’avoirs de la Russie placés en Europe fait partie des mesures que doivent définitivement valider les Vingt-Sept, ce vendredi 12 décembre, à Bruxelles. Au micro de France Info, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a appelé de ses vœux le maintien de la sanction, qui doit selon lui durer «jusqu’à ce que la Russie cesse sa guerre d’agression et verse des réparations à l’Europe».

Au début de la guerre de la Russie en Ukraine, en 2022, ces actifs russes ont été immobilisés pour une durée de six mois, renouvelable tous les six mois, à condition que tous les pays membres de l’Union soient d’accord. «Ce qui suppose que si un pays s’y oppose, la Russie pouvait à tout moment récupérer ses sommes», a développé Jean-Noël Barrot sur France Info, rappelant : «Ce que nous voulons, c’est la sécurité pour l’Europe et les Européens».

Techniquement, les 27 pays de l’UE ont déjà décidé jeudi 11 décembre de pérenniser les sanctions contre Moscou qui servent de base juridique à l’immobilisation des actifs russes, selon la présidence danoise de l’UE. La décision «majeure» doit être confirmée à l’issue d’une procédure écrite et «va sans doute infléchir le cours de cette guerre et accélérer la paix», a estimé le chef de la diplomatie française.

La sanction, si elle est maintenue, permettra d’éviter que «d’autres que les Européens» décident à la place des Européens «du sort de la destination de ces sommes», a également souligné le ministre français, en référence au fait que l’administration américaine de Donald Trump a envisagé d’utiliser ces avoirs pour des investissements qui profiteraient aux entreprises américaines.

Cette immobilisation sans limite de temps permet en effet d’envisager de nouvelles aides pour l’Ukraine, «y compris la constitution d’un paquet de financements […] qui pourrait aboutir à la fin de la semaine prochaine à mettre l’Ukraine à l’abri de toute difficulté pendant au moins deux ans, si toutefois la guerre devait se poursuivre», a également commenté Jean-Noël Barrot.

Le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept se tiendra ensuite à Bruxelles, le 18 décembre, pour discuter de leur plan de financement de l’Ukraine, avec l’utilisation éventuelle des avoirs russes gelés.

Un dialogue jusqu’ici difficilement amorcé : les Européens butent sur l’opposition de la Belgique, qui abrite l’essentiel de ces avoirs de la Banque centrale russe. En l’absence de garanties «très solides» de la part des autres pays de l’UE, le Premier ministre belge, Bart De Wever, a dit refuser que son pays soit le seul à payer «les pots cassés en cas de problème».