Avant-dernier de Ligue 1 avant son déplacement à Angers ce vendredi (20h45), le FC Nantes s’est résolu cette semaine, comme souvent dans pareille situation, à changer d’entraîneur. La mission maintien devra aussi passer par un mercato hivernal actif après les nombreux échecs de l’été dernier.

Il aura tenu plus longtemps que Miguel Cardoso ou Raymond Domenech. Mais moins que René Girard ou Pierre Aristouy. Dans un club où la consommation d’entraîneurs est une discipline chérie depuis le début de l’ère Kita en 2007, Luis Castro a donc été limogé par le FC Nantes, mercredi, au bout d’une journée lunaire qui l’a vu animer une conférence de presse le midi, assister à un match de Youth League l’après-midi, et apprendre son éviction en début de soirée. Après 15 matchs, et seulement 11 points pris en Ligue 1, les caciques nantais ont décidé qu’il était temps de renvoyer le Portugais, six mois après avoir fait le forcing pour le chiper à Dunkerque. La mission maintien a été confiée à Ahmed Kantari, ancien adjoint… d’Antoine Kombouaré, avec une réaction espérée dès ce vendredi à Angers (20h45), en attendant d’enclencher les grandes manœuvres cet hiver sur le marché des transferts.

Car s’il a fini par payer un début de saison catastrophique sur le plan comptable, et une progression il est vrai peu visible dans le jeu, Luis Castro n’a pas non plus été aidé par un effectif loin d’être à la hauteur, à tel point que certains joueurs n’ont pas hésité ces derniers jours à demander publiquement des renforts, et si possible rapidement. Le constat est là: Nantes, aujourd’hui 17e de Ligue 1 à quatre longueurs du premier non-relégable (Le Havre), a totalement raté son dernier mercato. Dans les grandes largeurs. Dans un contexte d’austérité drastique avec un budget passé de 80 à 50 millions d’euros, les ventes de Nathan Zézé (20 millions d’euros), Moses Simon (7 millions), Douglas Augusto (6,5 millions) ou encore Jean-Charles Castelletto (4 millions d’euros) ont permis aux Kita de renflouer les caisses l’été dernier. Mais tout ce beau monde a été remplacé par des paris, qui se révèlent pour la plupart ratés.

Un défenseur reconverti avant-centre

Mention spéciale pour le Serbe Uros Radakovic. Un défenseur central de 31 ans, arrivé libre après avoir enchaîné les clubs ces dernières années, du Kazakhstan à la Turquie, qui se pose en terrible erreur de casting. Dès la pré-saison, le staff nantais a compris qu’il ne ferait pas l’affaire et l’a placé sur la liste des indésirables sans parvenir à l’exfiltrer. Résultat: 21 minutes au total pour quatre entrées en jeu, à chaque fois ou presque comme… avant-centre pour tenter d’exploiter son 1m94. Autre échec: le Sud-Coréen Hong Hyun-seok. Prêté avec option d’achat par Mayence, ce milieu offensif de 26 ans révélé en Belgique était censé apporter sa touche technique dans un secteur orphelin de la finesse d’un Pedro Chirivella. Mais il a plongé un après-midi de septembre à Nice et n’a plus été revu depuis deux mois, à tel point qu’il pourrait repartir dès janvier. Kantari ne l’a d’ailleurs pas convoqué pour le déplacement au SCO.

Il faudra aussi trouver une solution pour l’attaquant malien Amady Camara (20 ans), prêté par les Autrichiens du Sturm Graz, et qui doit se contenter de miettes, la faute à des entrées rarement convaincantes. Lui aussi recruté sous la forme d’un prêt, la spécialité maison, l’ailier suédois Mayckel Lahdo (22 ans) a pu montrer un peu plus de choses, entre deux passages à l’infirmerie. Mais celui qui appartient à l’AZ Alkmaar ne compte qu’un but et aucune passe décisive en sept matchs joués. Avec ses trois pions inscrits, Youssef El Arabi est lui le meilleur buteur de cette formation nantaise, et l’une des rares satisfactions du dernier mercato. Son retour en Ligue 1, plus d’une décennie après son éclosion à Caen, s’apparente plutôt à un joli coup inattendu, même si le Marocain de 38 ans – complice avec Matthis Abline – est apparu plus en difficulté sur ses dernières sorties, pas aidé par un collectif dépassé à toutes les lignes.

Le mystère Benhattab

Au sein de ce onze en jachère, les supporters peinent encore à comprendre la réelle plus-value de Kwon Hyeok-kyu. Recruté au Celtic, où il ne s’est jamais imposé, cet international sud-coréen de 24 ans n’a manqué que trois matchs de Ligue 1 cette saison, alternant entre un poste de milieu (très, très) défensif et un rôle de troisième axial. Mais ses prestations sont le plus souvent insuffisantes, avec un jeu vers l’avant trop timide et un apport limité à la récupération.

Dans ce domaine, Junior Mwanga (22 ans), prêté par Strasbourg dans la dernière ligne droite du mercato, s’en sort un peu mieux. Mais il lui manque encore constance et régularité pour exploiter un potentiel certain. Le constat pourrait aussi s’appliquer au talentueux Yassine Benhattab (23 ans), frisson de l’été aujourd’hui porté disparu ou presque.

Yassine BENHATTABYassine BENHATTAB © FEP / Icon Sport

Meilleur joueur de National la saison dernière avec Aubagne, virevoltant à la Beaujoire lors de la première journée face au PSG, l’élégant gaucher n’a toujours pas passé le cap, au point d’avoir un temps été écarté du groupe par Luis Castro. Finalement, la meilleure recrue se nomme sans doute Chidozie Awaziem. Et peu auraient misé dessus au vu de ses dernières expériences en MLS. Revenu sur les bords de l’Erdre, sept ans après un premier passage, le roc nigérian (28 ans) s’est imposé comme la valeur sûre de la défense, à l’inverse d’un Nicolas Cozza en grande souffrance à gauche. Prêté pour la troisième fois par Wolfsburg, le latéral de 26 ans a vu un milieu lui passer devant (Louis Leroux), alors que la signature en joker du Lensois Deiver Machado (32 ans) sonne comme une réponse à ses évidentes lacunes.

Avant de prendre la porte, Luis Castro avait fait passer des messages ces derniers jours, pointant les insuffisances de son effectif (« Nous, après les remplacements, nos résultats sont souvent pires qu’avant ») et la nécessité de se remplumer en janvier. En tribunes, via une banderole déployée le week-end dernier contre Lens, les ultras nantais ont aussi ciblé Baptiste Drouet, le responsable du recrutement. Car si la direction nantaise s’en remet à la fameuse « théorie de l’électrochoc » en relançant la lessiveuse à entraîneurs, le maintien passera à coup sûr par un mercato d’hiver enfin pertinent.