Elvire P., étudiante, avait l’habitude de garder Paul S. pendant les déplacements de son père à l’étranger. Elle enfermait le petit garçon afin de se rendre disponible pour d’autres baby-sittings.

Le 27 juin dernier, vers 3 heures, Elvire P. a contacté la police pour déplorer la disparition de l’enfant dont elle avait la garde et qu’elle avait laissé seul une «vingtaine de minutes» dans le 20e arrondissement de Paris. Le 4 juillet dernier, la même Elvire P. a été déférée devant un magistrat du parquet, qui l’a convoquée à une audience correctionnelle pour délaissement de mineur de moins de 15 ans. Celle-ci, qui devait avoir lieu ce vendredi 12 décembre, a finalement été renvoyée en octobre 2026.

Le 27 juin, ce ne sont pas vingt minutes mais au minimum quatre heures que cette jeune femme, étudiante à l’Institut Catholique de Paris, est accusée d’avoir passées loin du domicile de Paul, dix ans, un enfant autiste dont elle assurait la garde lors des déplacements de son père à l’étranger. Prévenus par un voisin qui avait entendu des coups et des cris vers 23 heures, les pompiers et les policiers ont découvert dans une chambre fermée à l’aide d’un cadenas et surchauffée ce petit garçon nu, allongé sur un lit couvert de déchets et de déjections. Au sol, une bouteille d’eau vide. Aucun adulte n’était présent dans l’appartement, décrit comme étant, par ailleurs, en bon état.


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L’enfant, qui ne peut s’exprimer, a été transporté à l’hôpital Robert Debré. Il a un temps été confié à l’Aide sociale à l’Enfance (ASE). Son père, Alexandre S., a expliqué aux autorités être séparé et avoir la garde de son fils. La journée, ce dernier allait dans un IME (institut médico-éducatif). Le soir, il était gardé par des baby-sitters qu’Alexandre S. formait à la compréhension de son trouble. Les professionnels et membres de l’entourage décrivent ce père comme «impliqué» et «attentif». Il a été convoqué en stage de responsabilisation parentale, en alternative aux poursuites pour soustraction d’un parent à ses obligations légales (délit faisant encourir la peine de 2 ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende). Elvire P., elle, risque 7 ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende.

L’enquête a démontré que la jeune femme profitait des moments où elle laissait Paul S. seul pour effectuer d’autres missions de baby-sitting. Le délaissement se serait donc produit à plusieurs reprises. Ce vendredi, l’audience a été renvoyée car Me François Stefanaggi, avocat de l’accusée., a obtenu de la cour une expertise psychiatrique de sa cliente. Il assure qu’Elvire P. présente un état de «grande détresse», lequel se manifeste notamment par des troubles alimentaires sévères dont il estime qu’ils auraient pu altérer son jugement. L’évaluation psychiatrique devra être réalisée avant la fin du mois de janvier et la prochaine audience est prévue pour octobre.