Éteindre un feu de cheminée : agir vite et bien
Un feu de cheminée qui dérape ne pardonne pas. Une mauvaise
manœuvre suffit à transformer un incident en sinistre, parfois en
quelques minutes. En France, plus de 60 000 incendies d’habitation
sont recensés chaque année, avec un pic en hiver. Face à l’urgence,
comment vraiment éteindre un feu de cheminée sans
l’aggraver et protéger sa famille ? Les bons gestes existent, à
condition de connaître le contexte exact de son foyer et de rester
méthodique.
Preuve concrète de l’impact d’un incendie, les Bains de Llo ont
fermé plusieurs semaines après un sinistre qui a réduit en cendres
le sauna et abîmé la charpente du bâtiment principal. « Nous avons
appelé à 6h11 et les pompiers sont arrivés à 6h36 totalement
équipés et ils ont largement contribué à contenir le sinistre avant
de l’éteindre », raconte Jean Louis Jail, cité par Le Parisien.
L’établissement, qui accueille environ 100 000 personnes par an, a
placé dix salariés en chômage technique. Une technique méconnue,
pourtant, fait la différence dans un insert.
Méthode du berlingot de Javel : la plus pratique pour un insert
fermé
Préconisée par des experts comme la société SIMIE et l’assureur
MMA, la méthode du berlingot n’est valable que pour un
insert fermé. Le principe est simple : garder un
berlingot d’eau de Javel près de la cheminée, mais
hors de portée des enfants, et agir dès que les flammes
s’emballent. Dans un foyer confiné, la manœuvre est rapide et
limite les dégâts quand chaque seconde compte.
- Jeter le berlingot entier au cœur du foyer.
- Refermer immédiatement la porte de l’insert pour assurer
l’étanchéité. - Rester à distance et surveiller sans rouvrir.
Pourquoi ça marche ? La chaleur extrême provoque une
vaporisation instantanée de l’eau contenue dans l’emballage. Cette
vapeur en grande quantité chasse l’oxygène et coupe la combustion
par étouffement, l’un des piliers du « triangle du feu ». Dans un
insert fermé, le confinement rend le procédé
efficace et limite l’exposition aux projections. Sans ouverture
précipitée, on évite les reprises de flammes et les brûlures.
Foyer ouvert : les bons gestes et les interdits absolus
Cette méthode est à proscrire sur un foyer
ouvert : le risque de projections de Javel bouillante et
de braises dans la pièce est réel. Ici, on privilégie un
extincteur à poudre ABC. À défaut, du sable, de la
terre ou du papier absorbant très imbibé d’eau jeté sur le foyer
aident à étouffer. Le mot d’ordre reste d’empêcher l’apport
d’oxygène près des flammes, tout en gardant une distance de
sécurité.
Certains réflexes sont transversaux : fermer le
clapet ou le tirage pour limiter l’appel d’air ;
prévenir immédiatement les sapeurs-pompiers au
18/112 ; ne jamais jeter d’eau sur un feu de
cheminée ; ne pas boucher le haut du conduit pour « couper » le
tirage. Ces gestes réduisent le risque de propagation, aident les
secours et évitent de transformer une alerte en incendie
majeur.
Prévention et assurance : que faire
avant et après un feu de cheminée ?
Côté prévention, le ramonage est obligatoire au
moins une fois par an (article L2213-26 du CGCT), parfois deux
selon les règlements locaux. L’absence d’entretien peut entraîner
une amende de 450 €. Les assureurs exigent un
certificat de ramonage délivré par un professionnel ; sans ce
document, l’indemnisation peut être réduite ou refusée. Installer
des détecteurs de fumée DAAF et les tester
régulièrement complète le dispositif de sécurité.
Après extinction apparente, on ne rallume jamais. Seuls les
pompiers peuvent confirmer l’absence de feu couvant dans le
conduit. Une inspection professionnelle s’impose, même si les
dégâts paraissent minimes : la chaleur peut fissurer la maçonnerie
et compromettre l’étanchéité. On fait vérifier le conduit et
l’insert, on déclare le sinistre à son assurance avec les
certificats requis, et l’on attend l’accord d’un spécialiste avant
toute remise en service.