Comment te définirais-tu sur le parcours en ce qui concerne les émotions ?
Je suis assez émotif. Et je pense que c’est important de le montrer quand c’est le cas parce que ça contribue à trouver son bon équilibre, ce qui est important avec les émotions. Certains joueurs sont dans l’extrême négativité, comme Tyrrell Hatton, mais ça leur permet aussi de rebasculer très vite sur le coup suivant. Et dans son cas c’est efficace. Mais il n’y a pas de recette magique. Chacun doit trouver sa manière de fonctionner.

Quand une partie de ton jeu se dérègle pendant un tournoi, à quoi te raccroches-tu ?
J’essaie d’abord de tout ralentir : ma marche, mon rythme. Ça me donne une sensation de contrôle. Ensuite, je simplifie tout au maximum. Je ne pense plus à la technique. Je me rappelle aussi que le golf, c’est 18 trous et qu’il peut se passer beaucoup de choses. Ce n’est pas parce que les deux ou trois premiers sont mauvais que tout est fini. Et surtout, je relativise. Même si je rends un 85, le soleil se lèvera quand même le lendemain et la famille sera toujours là. On ne contrôle pas tout surtout dans un sport qui consiste à envoyer une balle à 300 mètres, à 30 mètres de haut et avec du vent, de la pluie ou du froid. On peut bien faire les choses avant le coup mais après… c’est la loi du sport.

Ton ami Martin Couvra a remporté sa première victoire avant toi. Qu’est-ce que tu t’es dit à ce moment-là ?
Je ne l’ai pas jalousé mais je l’ai envié, ce qui fait une grande différence puisque c’est un sentiment plus sain selon moi. J’ai eu envie d’être à sa place, à gagner, à jouer dans des grandes parties… Quand il disputait le Scottish Open avec Morikawa et Hovland, j’étais à ce moment-là aux États-Unis (pour l’ISCO Championship, ndlr) et je me réveillais exprès pour regarder sa partie avant d’aller jouer la mienne. C’est pour illustrer à quel point c’était un moteur pour moi. La chose qui a été la plus dure a été l’écart de dynamique. Car lorsque lui s’est mis à très bien jouer, j’étais dans une période compliquée. Et en même temps, les médias me sollicitaient beaucoup pour parler de lui, en raison de notre proximité. Parce que, au-delà de tout ça, avec Martin ça dépasse largement le cadre du golf : c’est une des personnes les plus proches de mon entourage et, certes, il peut jouer 66 et gagner un tournoi, mais quand on se retrouve dans le même hôtel, on est toujours les deux mêmes potes à jouer à Mario sur la Switch. Au final, on se tire toujours vers le haut. Sans son début de saison, je n’aurais peut-être pas réussi à garder ma carte et peut-être que sans mes promotions sur les circuits, il n’aurait pas eu l’envie d’y arriver aussi. C’est une rivalité saine.