La dirigeante de l’opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, a promis vendredi un changement politique après avoir quitté le pays en secret pour recevoir le prix Nobel de la paix, alors que les répercussions de la saisie d’un pétrolier par l’administration Trump en début de semaine s’intensifiaient. Cette escalade fait suite à un renforcement militaire américain à grande échelle dans le sud des Caraïbes, alors que le président Donald Trump mène campagne pour renverser le dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, poussant les relations à leur point le plus instable depuis des années. Les effets pourraient se répercuter dans toute la région, avec une forte baisse des exportations de pétrole vénézuélien et le risque de perte d’approvisionnement pour Cuba, déjà en crise et qui peine à alimenter son réseau électrique.

La saisie par les États-Unis du pétrolier Skipper au large des côtes vénézuéliennes mercredi a marqué la première capture américaine d’une cargaison de pétrole vénézuélien depuis l’imposition de sanctions en 2019.

Le navire fait actuellement route vers Houston, où il déchargera sa cargaison sur des navires plus petits, selon Reuters.

L’administration Trump ne reconnaît pas Maduro, au pouvoir depuis 2013, comme le dirigeant légitime du Venezuela. Washington a indiqué que d’autres saisies étaient prévues dans le cadre des efforts visant à étouffer les flux pétroliers sanctionnés, et a ensuite imposé de nouvelles sanctions à trois neveux de l’épouse de Maduro et à six pétroliers qui leur sont liés.

La présence militaire américaine dans les Caraïbes s’est renforcée ces dernières semaines, M. Trump ayant évoqué une éventuelle intervention militaire au Venezuela, sur la base d’accusations selon lesquelles ce pays expédierait des stupéfiants vers les États-Unis. Le gouvernement vénézuélien a démenti ces accusations. À ce jour, plus de 20 frappes militaires américaines ont été menées cette année dans les Caraïbes et le Pacifique contre des navires soupçonnés de transporter de la drogue, faisant près de 90 morts, ce qui a alarmé les défenseurs des droits de l’homme et suscité un débat parmi les parlementaires américains. Alors que de nombreux républicains ont soutenu cette campagne, les démocrates ont remis en question sa légalité et ont demandé plus de transparence, notamment la publication d’une vidéo complète et non éditée des frappes contre un bateau soupçonné de trafic de drogue.

MACHADO DÉFIANT L’INTERDICTION, APPELLE À LA TRANSITION

Mme Machado a défié une interdiction de voyager qui durait depuis dix ans et une période de clandestinité pour se rendre à Oslo jeudi, affirmant qu’elle ramènerait bientôt le prix Nobel de la paix au Venezuela.

Elle a déclaré que Maduro quitterait le pouvoir « qu’il y ait ou non un changement négocié », a promis qu’elle se concentrerait sur une transition pacifique et a remercié Trump pour son « soutien décisif ».

Mme Machado partage l’avis des partisans de la ligne dure aux États-Unis qui accusent M. Maduro d’entretenir des liens avec des réseaux criminels, des allégations que les services de renseignement américains auraient remises en question.

Lorsqu’on lui a demandé lors d’une conférence de presse à Oslo si elle pensait qu’une intervention américaine était nécessaire au Venezuela, Mme Machado a répondu : « Nous demandons au monde entier de nous aider. »

Le Venezuela a condamné la saisie du pétrolier, la qualifiant de « vol flagrant » et de « piraterie internationale », et a déclaré qu’il porterait plainte auprès des instances internationales. Dans le même temps, les parlementaires vénézuéliens ont pris des mesures pour retirer le pays de la Cour pénale internationale, qui enquête actuellement sur des allégations de violations des droits de l’homme dans ce pays d’Amérique du Sud. Ajoutant à la tension, le gouvernement vénézuélien a annoncé vendredi la suspension d’un vol de rapatriement de migrants américains. Un responsable américain a rétorqué que les vols d’expulsion se poursuivraient. (Reportage de l’équipe Reuters, rédaction de Natalia Siniawski ; édition de Daina Beth Solomon et Matthew Lewis)